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Le sport national, notre miroir

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Le message que Sa Majesté le Roi a adressé vendredi aux participants aux Assises nationales du sport, ouvertes à Skhirat et réunissant les responsables toutes tendances confondues du secteur, est un plaidoyer pro domo sans précédent. Or, et c'est l'une de ses forces, il s'articule sur une critique méthodologique d'une rare rigueur. D'emblée, le Souverain met le doigt sur la plaie avec un langage sans concession, sans complaisance non plus.

Le Souverain, didactique et réaliste, annonce d'emblée que la promotion du sport marocain reste l'objectif suprême, à condition de «dépasser les dysfonctionnements qui le pénalisent». C'est àl'énoncé de leur répertoire que le Souverain s'est employé avec minutie et pertinence. «Ces assises, précise-t-il, se tiennent dans une conjoncture marquée par une sourde inquiétude qu'ont suscitée chez l'opinion publique nationale les vicissitudes et les fluctuations que connaissent les sports nationaux en général et qui se traduisent par des résultats aussi maigres que décevants». Le constat est là ! Il tombe comme un couperet de la bouche même du chef de l'Etat dont on sait l'attachement au développement de cette activité et à l'épanouissement de ses hommes et de ses femmes.

Mais l'analyse ne s'arrête pas à ce constat, si attristant soit-il, elle est corroborée par les exemples concrets que Sa Majesté le Roi énumère : «Nonobstant, ajoute-t-il, la multitude des défaillances qui y ont conduit, la situation inquiétante que connaît notre sport national est imputable à des carences majeures qui exigent une révision du mode de gouvernance en vigueur actuellement dans la gestion des fédérations et des clubs». Et de mettre de nouveau à l'index cette fois-ci directement et magistralement le «modèle d'organisation de la pratique sportive dans notre pays , modèle qui repose sur une multitude d'acteurs, souvent non coordonnés, fonctionnant sur un schéma de type associatif et essentiellement selon les règles du volontariat et de l'amateurisme».

D'une implacable profondeur, la critique méthodique royale ne laisse aucun aspect au hasard, c'est un scalpel qui passe les différentes dimensions à la fois du secteur et de ses faiblesses. Le Souverain, non content de se limiter à ce niveau de l'analyse critique, continue ainsi : «Ce qui est encore plus triste et plus fâcheux, c'est que dans la gestion des fédérations et des clubs, les responsabilités ne sont pas toujours plus claires, pas plus que ne sont satisfaits les impératifs de transparence, d'efficacité et de démocratie».

Ce n'est pas seulement mettre le doigt sur la plaie, c'est la remuer, parce que le sport national ne cesse de donner l'image de l'incohérence et, au-delà, notamment vis-à-vis de l'opinion publique et au niveau international, d'une véritable incurie. Sa Majesté le Roi ne passe nullement par quatre chemins pour passer au crible la gabegie du sport national. Il en appelle à une restructuration rapide, accompagnée de mesures institutionnelles, juridiques, financières et humaines.
La critique nécessaire, méthodologique et sereine qu'il opère s'appuie sur un constat navrant.

Mais elle dégage aussi un souffle d'espérance, parce que le message royal, peu commun soit-il en ce qu'il pointe les problématiques avec une discrète et froide colère, est aussi une feuille de route.
L'appel contre la «dégringolade» du sport s'accompagne de recommandations et d'instructions qui ne ménagent ni les moyens à mettre en œuvre ni les susceptibilités personnelles. Pédagogique aussi, il est aujourd'hui l'appel pour une mobilisation nationale de toutes et de tous pour un secteur qui est notre miroir.
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