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Les priorités du nouvel ambassadeur allemand au Maroc

Deux missions économiques allemandes, composées d'hommes d'affaires allemands, effectueront, du 3 au 6 novembre et du 16 au 19 décembre, une visite au Maroc.

Les priorités du nouvel ambassadeur allemand au Maroc
Ulf-Dieter Klemm
Les relations maroco-allemandes sont séculaires et très bonnes. Pour les renforcer davantage, le nouvel ambassadeur de la République Fédérale d'Allemagne dans le Royaume du Maroc, Ulf-Dieter Klemm, a déjà établi ses priorités: la politique, l'économie, la coopération culturelle et l'aide au développement. Dans un entretien accordé au «Matin», le diplomate germanique a insisté sur le fait que depuis que le Maroc a tissé des relations diplomatiques exemplaires dès l'année 1956, les deux pays mènent, à intervalles réguliers de deux années, des négociations intergouvernementales, pour se concerter sur les stratégies à suivre et les programmes et les projets à financer. D'ailleurs, le Royaume figure parmi les pays partenaires essentiels dans le cadre de la coopération allemande en matière de développement. L'Allemagne a alloué au Maroc, depuis 1960, l'équivalent de 1,7 milliard d'euros. A noter que les dernières négociations ont été achevées à Bonn au mois de juillet dernier par la conclusion de plusieurs accords couvrant la période 2008-2009 et totalisant un montant de 98,5 millions d'euros que l'Allemagne a alloué au Maroc. Cette somme sera affectée aux axes prioritaires de la coopération, à savoir: la gestion des ressources en eau, l'environnement et le changement climatique, ainsi que le développement économique durable. Les énergies renouvelables et l'efficience énergétique joueront un rôle plus éminent au sein de cette coopération.

Cet intérêt de plus en plus important sera une nouvelle fois manifesté lors de la visite qu'effectueront au Maroc, du 3 au 6 novembre et du 16 au 19 décembre, deux missions économiques, composées d'hommes d'affaires allemands. Ces derniers viendront s'informer sur les opportunités d'investissement dans les secteurs des ports, des transports, de la construction, de la sécurité, de l'immobilier, de l'automobile et du textile, ainsi que sur les énergies renouvelables, la microélectronique et les nouvelles technologies.

Sur le plan politique, Ulf-Dieter Klemm a qualifié d'une «bonne approche», l'initiative du Maroc d'accorder un statut d'autonomie à la région du Sahara. «En Europe, nous avons une riche expérience en matière d'autonomie pour résoudre les problèmes qui paraissaient difficiles, surtout en Allemagne avec l'expérience des états fédéraux qui disposent d'une très grande autonomie culturelle ou encore dans la région du Tyrol du sud, en Italie, où une minorité de langue allemande dispose d'une grande liberté d'initiative», a-t-il expliqué.

Interview • Ulf-Dieter Klemm, ambassadeur de la République Fédérale d'Allemagne au Maroc

Le Matin : Vous venez de remettre à S.M. le Roi Mohammed VI vos lettres de créance en tant qu'ambassadeur de la République fédérale d'Allemagne dans le Royaume du Maroc. Quelle est votre première impression suite à l'audience royale ?

ULF-DIETER KLEMM :
Je dirais que c'était une cérémonie très digne et grandiose. Cérémonie qui remonte à une vieille tradition de la monarchie chérifienne. J'ai aussi beaucoup apprécié la musique andalouse jouée par la garde royale.

Comment comptez-vous renforcer les relations bilatérales qualifiées de positives et riches en potentiel?

Effectivement, nos relations bilatérales sont séculaires et très bonnes. Il ne faut pas oublier qu'il y a cent ans, l'Allemagne avait déjà eu, dans le temps, un consulat à Tanger. C'est pour vous dire que le Maroc et l'Allemagne ont toujours entretenu, et ceci depuis de longues années, des rapports étroits et fructueux. Aujourd'hui, plus de 100.000 Marocains vivent en Allemagne dont une bonne partie détient un passeport allemand. S'agissant de la coopération économique et au développement, l'Allemagne a alloué au Royaume du Maroc, depuis 1960, l'équivalent de 1,7 milliard d'euros. En ce qui me concerne, j'ai déjà établi mes priorités pour renforcer ces relations: la politique, l'économie, la coopération culturelle et l'aide au développement.Nous avons toujours soutenu le Maroc et nous continuons à le faire. Nous espérons que les négociations aboutissent sous la présidence française. Au sein de l'UE, nous appuyons entièrement le Maroc parce que nous pensons que c'est la voie naturelle pour que le Royaume renforce sa coopération étroite avec l'Europe, coopération déjà définie par l'accord d'association qui prévoit l'établissement d'une zone de libre échange à l'horizon 2012.

Comment l'Allemagne peut-elle soutenir la demande du Maroc de bénéficier d'un statut avancé à l'UE ?
Une mission économique allemande, composée d'une quinzaine d'hommes d'affaires allemands, effectuera, du 3 au 6 novembre prochain, une visite au Maroc. Voulez-vous nous donner un aperçu sur le programme de cette visite ?

Il s'agit d'une mission préparée par la chambre de commerce et d'industrie arabo-allemande. Mon homologue marocain, M. Rachad Bouhlal, a organisé une rencontre d'information à Berlin destinée à faire connaître aux hommes d'affaires allemands le potentiel et les atouts du marché marocain ainsi que les grands chantiers lancés dans le Royaume. C'est un voyage qui sera effectué par des représentants de PME allemandes opérant dans les secteurs des infrastructures, de la gestion de l'eau et de l'économie des déchets. Le programme établi pour ce voyage de prise de contact prévoit, entre autres, l'organisation à Rabat d'une table ronde avec la fédération des chambres de commerce et d'industrie et une visite du Centre régional d'investissement.Les voyages d'affaires sont, bien sûr, un créneau pour tisser des relations de partenariat entre les sociétés marocaines et allemandes.
Un autre voyage est prévu pour le mois de décembre. Il s'agit d'un voyage organisé par le ministère fédéral de l'économie et des technologies, du 16 au 19 décembre. A cette occasion, les participants s'informeront sur les secteurs des ports, des transports, de la construction, de la sécurité, de l'immobilier, de l'automobile et du textile, ainsi que sur les énergies renouvelables, la microélectronique et les nouvelles technologies. Cela montre l'intérêt que portent nos deux pays pour le développement économique. Nous sommes conscients que beaucoup de choses évoluent dans le bon sens au Maroc et qu'il existe des opportunités d'investissements et commerciales à saisir.

Actuellement plus de 80 sociétés sont implantées au Maroc et les Allemands constituent le 3e marché touristique sur le plan des visiteurs. Ne pensez-vous pas qu'on peut faire mieux ?

S'agissant des touristes allemands qui visitent le Maroc, leur nombre a malheureusement régressé. Votre pays a beaucoup plus de choses à offrir que les plages et le soleil. Les villes historiques constituent un patrimoine culturel d'une très grande richesse. Une belle occasion pour faire connaître cette richesse culturelle s'offre à l'ITB, la foire internationale du tourisme, organisée chaque année à Berlin.

Quelles sont les priorités de votre gouvernement dans le domaine de la coopération économique et technique ?

Les négociations intergouvernementales de coopération maroco-allemandes 2008 ont été achevées à Bonn au mois de juillet dernier, quelques semaines avant mon arrivée au Maroc. Ces accords couvrent la période 2008-2009 et totalisent un montant de 98,5 millions d'euros que la République fédérale d'Allemagne a alloué au Royaume du Maroc. Cette somme sera affectée aux axes prioritaires de la coopération, à savoir : la gestion des ressources en eau, l'environnement et le changement climatique, ainsi que le développement économique durable. Les énergies renouvelables et l'efficience énergétique joueront un rôle plus éminent au sein de cette coopération. Dans ce cadre, il existe une harmonisation entre notre coopération technique et financière.

La Banque allemande de Développement (KfW) contribue très activement au refinancement des organismes de microcrédits JAIDA. Où en est cette participation ?

Dans le cadre de la coopération allemande et avec d'autres bailleurs de fonds, la KfW a participé à la création et au financement du Fonds Marocain de financement de la micro finance (JAIDA). Le soutien allemand à ce secteur a comporté, outre la participation au capital de cette société, le financement des études préliminaires ainsi que l'assistance technique tant pour sa bonne gouvernance que pour la mise à niveau des associations.

Quelque 100.000 Marocains, dont plusieurs étudiants, sont en Allemagne. Comment est perçue la présence des Marocains dans la société allemande ?

La communauté marocaine en Allemagne se trouve très bien intégrée dans la société allemande. J'y vois un facteur éminent pour la coopération entre nos deux pays. Mon homologue, M. Rachad Bouhlal, fait un travail remarquable pour l'intégration de la communauté marocaine, en soutenant par exemple l'organisation à Offenbach, dans les environs de Francfort, d'une foire annuelle pour faire connaître la culture, l'économie et les traditions marocaines.

Comment évaluez-vous les relations culturelles maroco-allemandes ?

Elles sont bonnes, mais je crois qu'on peut faire mieux. Nous avons, bien entendu, l'Institut Goethe qui accomplit un excellent travail. Je crois qu'on peut travailler dans le sens de la diversité culturelle et de la décentralisation. Les Allemands doivent découvrir le Maroc et les Marocains l'Allemagne. Il y a tout un monde à découvrir de part et d'autre.

Quel regard portez-vous sur l'issue de la question du Sahara, sachant que Berlin a toujours salué l'initiative du Maroc pour la négociation d'un statut d'autonomie ?

La question du Sahara est malheureusement une affaire gelée. Mais, je pense qu'il n'y a pas d'autre alternative que de trouver un accord juste et équitable, négocié sous l'égide des Nations Unies. L'initiative du Maroc consistant à proposer un statut d'autonomie de la région du Sahara est une bonne approche. En Europe, nous avons une riche expérience en matière d'autonomie pour résoudre les problèmes qui paraissaient difficiles, surtout en Allemagne avec l'expérience des états fédéraux qui disposent d'une très grande autonomie culturelle ou encore dans la région du Tyrol du sud, en Italie, où une minorité de langue allemande dispose d'une grande liberté d'initiative. Pour le Sahara, nous souhaitons qu'une solution soit trouvée dans les plus brefs délais, afin que les relations entre les pays voisins puissent se normaliser.
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