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L'échange réciproque des savoirs

Khadija apprend à Fatima la pâtisserie qui réciproquement initie Kenza à la couture.

L'échange réciproque des savoirs
Celle-ci aide Souad à se perfectionner dans la décoration qui à son tour va donner des cours de base de l'informatique à Said. C'est ce qu'on appelle un «Réseau d'échanges réciproques de savoirs» (RERS). Un système animé par des bénévoles qui mettent en relation offreurs et demandeurs de savoirs et qui aident les membres à prendre conscience de leurs propres potentialités. Ce mode social alternatif est régi par deux principes. Primo, chacun sait quelque chose qui peut être utile à d'autres. Secundo, tous les savoirs sont égaux. Dans ce réseau solidaire, la gratuité est la règle. Il n'y a donc ni circulation de monnaie, ni échanges de services.

Créé en 1970 en France, ce système s'est étendu dans l'Hexagone pour gagner après, plusieurs pays francophones : Belgique, Canada, etc.
C'est cette méthode à peu près qu'a essayée d'expérimenter l'association «Al Maraâ El Ouaiya» (La femme avertie) à Rabat, qui dans le cadre de l'initiative nationale de développement humain (INDH), œuvre pour l'insertion des femmes en difficultés. Mais avant d'arriver à ce stade, cette association mène en premier lieu un travail de recrutement des candidats, dans la Médina (ancienne ville), pour essayer de faire sortir ces femmes de chez elles en leur proposant des excursions. Certaines parmi elles n'ont jamais quitté leur foyer. C'est une catégorie de population difficile à mobiliser et à convaincre, il faut utiliser tous les moyens de séduction. « Une fois acquises à notre cause, certaines femmes considèrent que le fait de venir à l'association est une partie de plaisir et commencent après à s'absenter.

D'autres, quand elles viennent, c'est pour demander de l'argent. Mais nous leur répondons que le fait d'être là et ce qu'elles vont apprendre n'ont pas de prix. Nous leur faisons comprendre qu'elles ont une chance et qu'il faut la saisir pour s'en sortir. Il est vrai qu'il est difficile de mobiliser ce public en difficulté. Cette population a beaucoup de problèmes et il faut la motiver par des mesures incitatives. Nous pratiquons avec ces femmes le système donnant-donnant. Pour celles qui sont assidues, nous leur proposons des excursions, telles que des voyages à Moulay Yacoub pour les plus méritantes», explique Fadila Alaoui, présidente de cette association. Vient ensuite l'étape de l'alphabétisation avec notamment la sensibilisation de ces femmes en difficulté au nouveau Code de la famille. Pour les motiver davantage, l'association a conclu un partenariat avec l'Entraide nationale qui leur fournit un diplôme après leur formation. «Après les voyages, on propose aux femmes des cours d'alphabétisation surtout les après-midi pour passer ensuite à une formation génératrice de revenus pour leur garantir leur indépendance.

Quand on leur octroie un diplôme, elles se fixent un objectif. Cet apprentissage se fait dans le cadre de l'échange réciproque des savoirs. Nous constatons qu'elles ont une préférence pour la pâtisserie et la couture», indique Mme Alaoui qui ajoute que cela n'a pas empêché une des leurs à se lancer dans la fabrication et la vente de paniers ornés de plusieurs motifs.
Continuant sur sa lancée et toujours dans le cadre de l'INDH, cette association féminine passe à la vitesse supérieure en faisant la demande de six machines à coudre. Mais en attendant que tout ce matériel arrive, l'association a exposé dernièrement tous les produits réalisés par ces femmes : tenues traditionnelles, draps brodés, luminaires, verres décorés, articles de décor, etc.
Autres actions menées par «Al Maraâ El Ouaiya», l'organisation d'atelier de peinture pour les enfants handicapés physiques et mentaux ou l'accueil d'élèves du conservatoire de musique qui n'ont pas les moyens d'acheter un piano pour faire leurs exercices sur cet instrument.

Tout ce travail est réalisé avec des petits moyens. L'association reçoit une aide annuelle de 5000 DH et manque de local pour son siège. Il est vrai que les Maisons des jeunes sont mises à leur disposition, mais l'accès à ces structures culturelles devient difficile à certaines pour la simple raison qu'il y règne du favoritisme selon des témoignages.
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Rencontre internationale

Le site du Mouvement International des Réseaux d'Echanges Réciproques de Savoirs (MIRERS) situe la naissance du premier réseau d'échanges réciproques de savoirs (RERS), en 1971 à Évry (France) et parle de 600 réseaux dans l'Hexagone et d'une centaine dans le monde.
Ce système alternatif a pour objectif de mettre en relation des personnes qui veulent acquérir des savoirs avec celles qui proposent de les transmettre. Le principe est simple: l'échange de savoir s'effectue sur le mode de la réciprocité ouverte. Toute offre suppose une demande et toute demande est accompagnée d'une offre à plus ou moins long terme.

La mise en relation entre les personnes selon les possibilités de chacune (jours, heures, lieux), se fait grâce à un animateur et ces échanges sont individuels ou collectifs, dans le cadre de la création d'une association. Ainsi pour promouvoir ce mode social alternatif et dans le cadre de l'Année Européenne du Dialogue Interculturel aux Rencontres Internationales, le MRERS, organise, les 27, 28, 29, 30 novembre 2008 toujours à Evry, une rencontre internationale sur le thème : «En quoi la réciprocité contribue-t-elle à construire un monde solidaire ?».
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