Menu
Search
Jeudi 28 Mars 2024
S'abonner
close
Accueil next Fête du Trône 2006

Maroc-France : comment faire plus et mieux ?

Le Maroc a commémoré récemment le cinquantenaire de son indépendance, un événement hautement symbolique où les rapports avec la France sont naturellement présents, tant les liens qui nous unissent n'ont cessé de se renforcer et de se consolider.

No Image
Quoi donc de plus naturel, que responsables politiques et opérateurs économiques des deux pays puissent se retrouver une nouvelle fois pour marquer la solidité de ces liens et jeter en même temps un regard prospectif, à la fois réaliste et ambitieux sur l'avenir ?

La France comme le Maroc, ont connu depuis la fin des années 50 des mutations profondes. Les changements opérés de part et d'autre sont multiformes. On ne peut parler de nos relations aujourd'hui dans les termes des années 60,70 ou 80. Nous nous devons de renouveler nos perceptions du présent aussi bien que la vision de nos destins respectifs.

C'est ainsi que nous pourrons ensemble, opérer non seulement les classiques compromis sur des enjeux ayant changé de nature, mais un véritable «dépassement» qui nous ferait entrevoir des horizons renouvelés. Ainsi pour parler du bilan du cinquantenaire, devons-nous évoquer les défis d'aujourd'hui. Quels sont-ils ?
Le Maroc est résolument engagé dans une dynamique de progrès et d'ouverture, fondée sur des choix irréversibles pour la modernité, la démocratie et le développement durable et solidaire.

En témoignent l'ancrage constitutionnel aux valeurs universelles des droits de l'Homme et au principe de la liberté d'entreprise, les réformes de fond comme le code de la famille, le code de la nationalité, la loi sur les partis politiques ou le cadre réglementaire régissant l'environnement des affaires. En témoignent aussi, l'ouverture de notre économie, la libéralisation et la démonopolisation, leviers de développement et de croissance dont les accords avec l'Europe, les Etats-Unis, la Turquie et les pays arabes constituent les instruments.
La dynamique du développement durable et solidaire se décline à travers la volonté de résorber les déficits sociaux et à travers l'INDH qui est aujourd'hui le socle autour duquel tout le pays est mobilisé. Le Maroc est conscient à la fois de ses limites mais aussi de ses atouts.

Le taux d'analphabétisme est une plaie mais la charte nationale pour l'éducation et la formation est en marche. L'informel envahit le paysage mais l'alternative des filets sociaux et des formes adaptées de création de revenus est en progrès avec les micro entreprises, le micro crédit, la fiscalité adaptée. Le chômage, celui des diplômés en premier, renforce encore plus la pression, mais de nouvelles formes de résorption par l'entrepreneuriat et par des stratégies sectorielles indiquent des progrès encourageants.

Le Maroc fait face à de nombreux défis comme les pays en transition .Il existe une réelle volonté clairement exprimée et assumée d'aller de l'avant et dans cet esprit, notre ambition est claire : positionner le Maroc comme plateforme attractive d'investissement, de production et d'exportation ; telle est notre direction stratégique autour de laquelle toutes les énergies sont mobilisées. Celles-ci se déclinent en trois axes majeurs :
-transformer la proximité géographique en atout logistique : infrastructures routières, autoroutières, communication et télécommunications, ports et aéroports avancent à pas de géant pour ancrer le Maroc dans le réseau transeuropéen et transméditerranéen ;
-développer des stratégies de développement sectoriel volontaristes et ciblées, structurées autour de pôles de croissance, le tourisme avec le plan Azur et l'industrie avec le programme Emergence sont à même d'exercer des effets attractifs vis-à-vis de l'investissement national et étranger ;
-encourager la constitution de champions nationaux en mesure de jouer le rôle de locomotives dans la stratégie d'ancrage mondial du Maroc, parallèlement à la restructuration du tissu productif national en termes de renforcement des capacités concurrentielles et de constitution de relais productifs performants.

La France est pour nous, la partenaire naturelle pour gagner ce challenge. Nous avons besoin pour cela, d'une France forte. Avec un marché qui représente le tiers de nos exportations et près de la moitié des IDE, nous avons intérêt à voir notre partenaire de référence se renforcer.

La perspective est de faire du partenariat franco-marocain un modèle exemplaire dans les rapports Nord-Sud. Le risque d'érosion que la globalisation représente pour des relations économiques et commerciales ancrées depuis plus d'un siècle, nous impose aujourd'hui plus de créativité et d'imagination dans l'approche du partenariat. La France comme l'UE sont appelées à arbitrer entre les flux croissants en provenance d'Asie et la consolidation des assises d'un espace euro-méditerranéen intégré.
Le choix est donc à faire entre des coûts de restructuration dont il est difficile de mesurer l'ampleur et les impacts ici et ailleurs, et l'effort qu'exige la reconstruction d'un espace pouvant constituer un contrepoids salvateur pour préserver les équilibres géostratégiques ainsi que les facteurs de stabilité de toute la région.

La France, soucieuse de maintenir son avancée économique, a engagé une politique nouvelle, celle des pôles de compétitivité. Cette politique associe à l'initiative industrielle celle des centres de recherche et de formation dans le cadre d'une vision de développement territorial. Le Maroc dans le même souci, est parti de l'identification des secteurs porteurs, pour renforcer d'un coté ses positions concurrentielles et bâtir de l'autre, des pôles économiques à ancrage régional.
Ces politiques présentent au moins deux points communs qui peuvent être à la base d'un partenariat rénové. Le premier est d'inciter les entreprises à opter pour des productions à forte valeur ajoutée et de tirer vers le haut les économies des régions, en appuyant la valorisation du potentiel local sur la mobilisation des ressources naturelles, cognitives et l'innovation .Le second est la construction d'un partenariat reliant entre elles les entreprises et les institutions de formation et de recherche.

Huit secteurs constituent les leviers prioritaires de croissance pour le Maroc : le tourisme, l'offshoring, l'automobile, l'électronique, l'agroalimentaire, la transformation des produits de la mer, le textile et l'artisanat.
Autant de secteurs où la France comme le Maroc, sont menacés par la concurrence asiatique, mais où la combinaison des savoir-faire et des avancées technologiques de l'un et des coûts compétitifs de l'autre, peut constituer une voie de dépassement de la contrainte concurrentielle au bénéfice des deux pays .
La relocalisation en lieu et place d'une délocalisation pure et dure, voilà la perspective stratégique à laquelle nous croyons.

La PME française est au cœur de cette problématique. Pourquoi donc ne pas articuler nos deux politiques dans une optique de complémentarité des pôles de compétitivité territoriale de la France et du Maroc ? Un partenariat renforcé entre entreprises et régions françaises et marocaines aura assurément pour effet d'ouvrir tout l'éventail des activités possibles, greffées autour de chaque pôle et de préserver de la sorte les activités menacées de délocalisation, autant que les opportunités de croissance et d'emploi pour les deux pays.
C'est dans cette perspective que nos deux gouvernements ont mis en place un groupe d'impulsion économique piloté par Mrs Fourtou et Bakkoury qui a pour mission d'identifier et de proposer des pistes concrètes et des voies d'action en vue de traduire cette volonté dans les faits .

C'est dans ce même état d'esprit, qu'il convient de repenser toute la problématique partenariale pour le développement. Le drame de l'immigration clandestine vient chaque jour en rappeler l'acuité et l'urgence.
Lisez nos e-Papers