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Des employés non payés depuis 11 mois

L'avenue Mohammed V est parmi les lieux les plus fréquentés de Rabat. Chaque jour, ce sont des milliers d'habitants de la capitale ou des touristes qui traversent cette grande artère de la ville. Toujours sur cette voie, en allant vers la mosquée «Sounna», les flâneurs peuvent effectuer leur promenade sans jamais être inquiétés.

Des employés non payés depuis 11 mois
Sécurité et propreté règnent sur les lieux grâce au dévouement d'une dizaine de gardiens qui veillent jour et nuit sur les lieux.
Ces agents de protection des espaces publics, qui comptent parmi les 35 employés recrutés par l'arrondissement de Hassan à Rabat, dans le cadre des chantiers de la promotion, n'ont pas été payés depuis octobre 2007. «Nous avons toujours été payés en retard. Des fois, cela durait trois, quatre, voire sept mois. Pour cette fois-ci, notre attente dure 11 mois. Il faut dire que depuis octobre dernier, nous n'avons rien reçu, sauf à l'approche d'Aïd Al Adha en décembre dernier, où nous avons eu 600 DH.

Depuis cette date, aucune nouvelle ne nous a été donnée sur le versement de nos salaires», témoigne un salarié, père de famille.
«Dernièrement, des responsables nous ont demandé d'aller chercher du travail ailleurs en attendant que la paie arrive, mais nous ne pouvons pas le faire de peur d'abandon de poste», ajoute-t-il. Criblés de dettes, la majorité de ces salariés trouvent beaucoup de difficultés à joindre les deux bouts du mois. Certains parmi eux n'arrivent même pas à payer leurs loyers. «A l'approche de la rentrée scolaire ainsi que du Ramadan, nous ne savons plus où donner de la tête.Nous avons frappé à toutes les portes mais, à force de s'endetter, personne ne peut nous avancer de l'argent. Chose tout à fait compréhensible», reconnaît ce salarié.

Pis encore, lorsqu'il arrive que ces travailleurs touchent leur paie, celle-ci ne dépasse pas les 1.200 DH, soit une somme loin du SMIG (Salaire minimum interprofessionnel garanti), qui s'élève, selon le Code du travail, à environ 1.800 DH. Certains racontent que leurs responsables leur présentent, en revanche, une carte où il faut cocher 24 jours, alors qu'ils disent travailler tout le mois, y compris les week-ends et les jours fériés.

Quant aux congés, aucun d'entre eux n'en bénéficie (repos hebdomadaires et congés annuels), alors que certains parmi eux sont en service depuis quatre ans.
Qu'est-ce qui justifie cette situation loin de respecter la législation du travail ? Pour certains, l'aberration que vit cette catégorie de travailleurs s'explique par le fait que leur statut d'employés ne figure nulle part, pour la simple raison que ces agents ont été recrutés dans le cadre de la promotion pour des chantiers, dont l'objectif principal est la lutte contre la précarité.

« Ce sont simplement des saisonniers auxquels la ville fait recours pour des opérations ponctuelles. Pour ce fait, ils ont été recrutés dans le cadre de la promotion pour réaliser des chantiers tels que le désherbage, l'assainissement, le chargement et le déchargement des barricades, le gardiennage et autres. Ce sont eux qui surveillent, par exemple, les statues exposées actuellement sur la Place Mohammed V», indique un responsable qui préfère garder l'anonymat.

Et de reconnaître : «Ces agents, qui constituent une équipe rôdée, sont très utiles à la ville et je ne comprends pas pourquoi ils ne sont pas payés à temps».
En effet, notre interlocuteur affirme ne pas savoir la date de paiement de ce personnel. «Il faut chercher cette information chez d'autres responsables», répond-il. Et c'est ce que nous avons fait. Mais
nous sommes restés sur notre faim. Sans donner de date précise, les autres responsables contactés nous ont confirmé que ces agents seraient probablement payés avant le mois de Ramadan.
«Nous allons payer prochainement tous ces employés. Cela devra intervenir probablement avant le mois de Ramadan», indique Mohamed Regraga, secrétaire général àla wilaya de Rabat-Salé.
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Ce que prévoit le code du travail

Le nouveau code du travail considère comme salariée toute personne qui s'est engagée à exercer son activité professionnelle sous la direction d'un ou plusieurs employeurs moyennant rémunération, quels que soient sa nature et son mode de paiement. Il considère également comme employeur, toute personne physique ou morale, privée ou publique, qui loue les services d'une ou plusieurs personnes physiques (art. 6).

Par ailleurs, il doit être accordé obligatoirement aux salariés un repos hebdomadaire d'au moins 24 heures allant de minuit à minuit (art. 205). Lorsque le contrat de travail est à durée déterminée, le salarié doit avoir bénéficié de la totalité de son congé annuel payé avant la date d'expiration dudit contrat (art. 233).

Enfin, pour ce qui est du salaire minimum légal, il ne peut être inférieur aux montants fixés par voie réglementaire pour les activités agricoles et non agricoles après avis des organisations professionnelles des employeurs et des organisations syndicales des salariés les plus représentatives (art. 356).
Toujours selon le code du travail, «est nul de plein droit tout accord individuel ou collectif tendant à abaisser le salaire au-dessous du salaire minimum légal» (art. 360).
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