Menu
Search
Jeudi 18 Avril 2024
S'abonner
close
Jeudi 18 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Spécial Marche verte

Grève annoncée les 10 et 11 septembre

Le commerce des viandes rouges sera de nouveau paralysé à Casablanca. En effet, l'Association des grossistes des viandes rouges à Casablanca, réunie en assemblée générale extraordinaire mardi dernier, a décidé d'observer une grève de 48 heures les 10 et 11 septembre prochain.

Grève annoncée les 10 et 11 septembre
«En parallèle, nous allons organiser deux sit-in. Le premier aura lieu le 10 septembre devant la wilaya alors que le deuxième sera organisé le lendemain devant le tribunal de première instance de Casa-Anfa», affirme Mohamed Dahbi, chargé du dossier de l'abattage clandestin au sein de l'Union générale des entreprises et des professions. Cette grève coïncidera avec Ramadan où la viande est très consommée.
La décision de l'association vient en réaction à une affaire qui remonte à quelques jours.

Flash-back
Le mercredi 20 août quelque part au quartier Hay Hassani à Casablanca, la brigade de lutte contre l'abattage clandestin de Casablanca est attaquée lors d'une ronde de contrôle. L'auteur, arrêté après par la police, a blessé un agent et a saccagé le véhicule de la brigade. Le hic est que l'agresseur a été relâché quelques heures seulement après son arrestation. Selon Mohamed Dahbi, l'auteur du forfait a, à la stupéfaction des professionnels, repris son activité comme boucher à Hay Hassani. L'affaire a donc pris une tournure qui ne semble pas plaire aux professionnels du métier. Ces derniers menacent d'observer une grève pour protester contre cette situation. «Les membres de l'Association des grossistes des viandes rouges à Casablanca ont pris cette décision pour protester. Les autorités doivent montrer plus de fermeté face à ces bouchers qui font fi de la loi», affirme M. Dahbi. Et d'ajouter :

«Les taxes payées par les chevillards aux autorités s'élèvent annuellement à plus de 300 millions de dirhams alors qu'ils font face à une concurrence déloyale depuis des années». Pourtant, on a cru, quelques mois auparavant, voir le bout du tunnel se rapprocher dans cette affaire. En effet, depuis trois mois, une brigade de contrôle spéciale mène régulièrement des rondes dans certains quartiers où le commerce des viandes issues de l'abattage clandestin est pratiqué à grande échelle. Les responsables affirment que les éléments de la brigade saisissent chaque jour près de 160 kg de viande avariée. Les grossistes assurent, eux, que les quantités saisies ne représentent qu'une partie infime de la
production quotidienne de l'abattage clandestin.

Une ville comme Casablanca consomme en moyenne près de 80.000 tonnes de viande rouge par an. Les abattoirs de Casablanca, censés couvrir tous les besoins de la métropole, ne produisent que 20% de la demande. Le reste est assuré par l'abattage clandestin. «La capacité de production des abattoirs dépassent les 80.000 tonnes par an mais certains grossistes préfèrent abattre leurs bêtes dans des tueries dans la périphérie de Casablanca pour échapper au contrôle», explique M. Dahbi.

Actuellement, les abattoirs sont gérés par la société turque Unuër qui a remporté l'appel d'offres, et ce pour les dix prochaines années. Les responsables turcs auraient exigé un contrôle plus rigoureux pour limiter l'abattage clandestin. Seulement 150 à 200 bouchers détaillants à Casablanca s'approvisionneraient en viandes dans les abattoirs. Le marché noir reste très prospère et le manque à gagner de la société délégatrice serait énorme. Le prix du kilo de la viande dans le marché noir ne dépasse généralement pas les 60 DH. Il s'agit donc d'une marchandise bon marché qui trouve facilement preneurs.

Trafic organisé
Bouskoura, Sbit, Médiouna, Had-Swallem, autant de souks qui approvisionnent la cité blanche en matière de viandes rouges. La marchandise est ensuite acheminée vers Hay Hassani ou Derb Ghallef pour ne citer que ces deux quartiers. Le commerce dans ces lieux ne date pas d'aujourd'hui. Car selon certains bouchers, l'activité à Zaouia, à Derb Ghallef, remonte aux années trente du siècle dernier.
Des vendeurs ont transmis ce métier à leurs fils et petits-fils qui sont toujours en place, perpétuant cette activité. Une distinction est faite entre deux types d'abattage. D'abord l'abattage forain dans les souks et puis l'abattage clandestin dans les maisons. Si le premier type est difficile à contrôler puisqu'il est pratiqué depuis des années, le second demeure très difficile à en limiter l'ampleur par les services vétérinaires.

Les actions entreprises par les autorités concernées se limitent à des descentes occasionnelles. La campagne ou «El Hamla» ne se produit que durant certaines périodes de l'année comme le mois du Ramadan. Si un boucher est pris en flagrant délit, les autorités procèdent à la saisie de la viande.
Il écope également d'une amende et quelques jours de fermeture de son magasin. Ces pénalités paraissent malgré tout très peu dissuasives par rapport aux risques encourus par les consommateurs. De nombreuses maladies peuvent, en effet, être provoquées par ces viandes, notamment la tuberculose.

Paradoxalement, les points de vente devenus célèbres attirent de nombreux clients même parmi les restaurateurs. Le succès de ce commerce peut être expliqué par l'absence totale d'une sensibilisation des consommateurs qui devraient montrer plus d'exigence avant tout acte d'achat. Un changement des comportements du consommateur est plus qu'impératif pour éviter tous les risques. Après tous, le client reste roi !
-------------------------------------------

Manque de moyens

Aux abattoirs de Casablanca, l'équipe de contrôle est formée par un seul vétérinaire et quelques techniciens dans le domaine. L'équipe “accuse un manque de moyens humains et matériels'' pour s'acquitter convenablement de sa mission de contrôle. La loi prévoit, en effet, 2 vétérinaires et 24 techniciens pour les structures comme les abattoirs de Casablanca, mais les dispositions de cette loi ne sont pas respectées.

Cela se répercute, bien évidemment, sur le travail d'inspection. Un autre problème est à signaler: le personnel du service vétérinaire des abattoirs de Casablanca doit non seulement contrôler la viande à l'intérieur de ces abattoirs mais inspecter également les marchés et les boucheries de la ville.
Lisez nos e-Papers