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Davantage de victimes en été

C'est une véritable "guerre maroco-marocaine" à laquelle se livrent les conducteurs sur les routes.

Davantage de victimes en été
Même si ces propos peuvent paraître exagérés mais il s'agit bel et bien d'une réalité confirmée par les statistiques annuelles sur le nombre des morts et des blessés. C'est une guerre qui fait d'ailleurs autant de victimes sinon plus de victimes que les conflits armés. En 2008 par exemple, les accidents de la route ont fait selon le ministère de l'Equipement et du Transport 4.162 morts, soit à peu près le double du nombre des victimes civiles de la guerre en Afghanistan estimé par la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA) à 2.118 morts durant la même année. Les voitures, camions et autres véhicules deviennent ainsi plus dangereux dans notre pays que les armes, les bombes et autres obus dans les points chauds du globe. Face à cette situation qu'on ne cesse de qualifier d'alarmante, ni les plans d'urgence du ministère de tutelle ni les campagnes de sensibilisation n'ont réussi à atténuer les dégats humains et économiques des accidents. Pire encore, le nombre des victimes ne cessent d'augmenter notamment durant les vacances. En début de la semaine dernière, 9 personnes sont mortes dans trois accidents (ce chiffre ne représente bien sûr que la partie émergente de l'iceberg, le reste n'étant pas médiatisé).

Le premier avait provoqué cinq tués et deux blessées graves lundi dernier sur la route nationale n°8 reliant Marrakech à Agadir via Chichaoua. A l'origine de ce drame, un dépassement défectueux effectué par le conducteur d'un camion qui a touché une voiture légère. Le deuxième accident, qui a coûté la vie à deux personnes, est survenu sur la route nationale reliant Midelt à Timahdite après l'entrée en collision d'un camion avec une voiture légère. Selon les autorités locales, les deux victimes sont des fonctionnaires qui se rendaient pour une mission à Timahdite. Le dernier accident, qui a également provoqué deux morts, a eu lieu entre Kénitra et Mehdia lorsque les deux victimes, un homme et une femme sur une moto, ont été percutées par une voiture. L'accident serait dû, selon les autorités, à un croisement défectueux et à l'excès de vitesse.

Hécatombe
Ainsi, il ne passe pas une semaine sans qu'une douzaine de personnes tombe au «combat» sur les routes. Les bilans sur le nombre des victimes communiqués par les services compétents confirment ce constat. Ainsi, durant la semaine du 10 au 16 août courant, douze personnes ont été tuées et 1.328 autres blessées, dont 81 grièvement, dans 982 accidents de la circulation survenus en périmètre urbain. Selon la formule "magique et invariable" de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), ces accidents sont principalement dus au défaut de maîtrise des véhicules et à l'inadvertance des piétons, à la circulation sur la voie de gauche et en sens interdit, au non-respect du code de la route, des feux de signalisation, du stop et à la conduite en état d'ivresse. En effet, ce sont là les principales causes qui se répètent jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, année après année. Pourtant, des campagnes de communication sont régulièrement organisées pour sensibiliser les citoyens.

Ces actions sont pilotées par le Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC). Ce dernier avait annoncé à l'issue de sa 51e assemblée générale en mai dernier des mesures spéciales pour la période des vacances. Certes, il est encore tôt pour évaluer les résultats de cette campagne toujours en cours, mais il n'en demeure pas moins que l'impact des mesures adoptées demeure limité. En témoigne le nombre des accidents survenues sur les routes marocaines cet été. Même les spots télé produits par le CNPAC, mettant en scène des conducteurs cagoulés assimilés par les réalisateurs à des tueurs sur les routes, ont tout juste marqué les esprits sans pour autant changer les comportements. Pour l'histoire, ces spots qui avaient suscité moult réactions pour leurs scènes agressives ont été récompensés par le jury au festival international du film de sécurité routière à Paris en octobre 2008. Aussi, l'implication de stars de cinéma n'a pas suffi.

Cela ne veut aucunement dire que la sensibilisation ne sert à rien mais la lutte contre les accidents de la route est un problème bien plus complexe nécessitant une approche bien plus globale incluant certainement la sensibilisation mais également et surtout l'amélioration des infrastructures routières, le renouvellement du parc de véhicules circulant et le renforcement des lois et règlements. Concernant le volet législatif, le projet du nouveau code de la route a buté sur une opposition farouche de la part des professionnels des transports. Quelques mois auparavant, ces derniers ont observé une grève provoquant d'énormes pertes pour l'économie nationale. Les responsables n'ont eu d'autre choix que de reporter l'examen du projet du code de la route par la chambre des conseillers au parlement à une date qui n'a pas été précisée.

Mais le statut quo instauré avec le report de l'examen de la loi au parlement peut-il justifier la hausse des accidents de la circulation? Plus loin encore, l'actuel code de la route est-il respecté et appliqué à tous les niveaux? La violation des dispositions du code constitue sans nul doute la principale cause dans la situation actuelle mais il existe également d'autres facteurs. Malheureusement, à défaut de trouver les solutions adéquates, l'hécatombe continuera…
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Bilan lourd

En 2008, les accidents de la circulation routière ont connu une hausse significative de presque 10%, passant de 58.924 en 2007 à 64.715 au cours de l'année passée. A l'échelle régionale, la région de Tanger-Tétouan (-39 tués, soit -12,34%) et la région de l'Oriental (-6 tués, soit - 1,76%), ont été les seules à enregistrer des baisses au niveau des victimes de la circulation. Les 14 autres régions du pays ont toutes connues des augmentations du nombre de tués. C'est la région de Souss-Massa-Draa qui a enregistré la plus forte hausse avec 101 morts supplémentaires par rapport au bilan de 2007, soit une croissance de 30%. Une constatation paradoxale ressorte du bilan. Bien que les villes accaparent le plus grand nombre des accidents, ces dernières causent moins de victimes par rapport aux accidents en rase compagne. En agglomération, les accidents ont atteint le nombre de 46.160, représentant ainsi 71,3% du nombre total des accidents survenus en 2008. Le nombre de tués en agglomération a atteint 1.227 victimes. En rase campagne, quelque 18.555 accidents ont eu lieu, représentant ainsi 28,67% du nombre total des accidents en 2008.
Le nombre des tués a augmenté également atteignant 2.935 victimes.
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