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A chacun sa fête

A chacun sa fête
A l'occasion de l'Aïd Al Adha, jeunes et adultes se transforment en aiguiseurs de couteaux, vendeurs de fourrages, "grilleurs" de têtes de moutons, transporteurs de bêtes ou vendeurs de charbon. Tout ce beau monde pullule partout, surtout à côté des souks. Beaucoup de petits métiers prospèrent, avant, durant et après le jour de l'Aïd el Kébir. Il suffit de se procurer de la matière première, après avoir repérer un endroit propice. A Hay Hassani, un quartier populaire de Casablanca, Youssef et son ami ont acheté une grande quantité de fourrages deux semaines avant l'Aïd. Juste devant la maison de Youssef, les deux jeunes étalent leur marchandise et attendent les clients. «Comme à l'accoutumée, je commence mes préparatifs plusieurs jours avant le jour de la fête», annonce Youssef.

De son côté, Tarik s'attend à une semaine trop chargée. En compagnie de ses amis, il s'active à aiguiser les ustensiles et les outils qui vont servir à égorger et à découper le mouton: machettes, couteaux, coutelas, scies ou hachoirs. «Chaque année, je sors mon matériel devant la maison familiale et je m'exerce à rendre les couteaux et les lames plus pratique pour découper la bête», dit-il. La grande file devant nos "aiguiseurs" annonce le compte à rebours. «Je préfère rester à côté de chez moi pour avoir accès à l'électricité, nécessaire pour faire tourner ma machine», ajoute Tarik. Et qui tient à préciser: «Je ne suis pas comme ceux qui profitent de l'occasion et se transforment en aiguiseurs juste pour gagner de l'argent sans le mériter». A noter que nombreux sont ceux qui dans le quartier de Tarik se transforment en aiguiseurs sans grand succès. «Ils ne sont pas des concurrents pour moi», se vante-t-il. A la vue des gens munis de coutelas, machettes et haches, l'on se croirait dans un film western. A propos de ses revenus, Tarik s'est contenté de dire "chi Baraka".

De son côté, Tawfik se transforme en boucher, une pratique très courante le jour de l'Aïd. Tout seul ou accompagné d'un apprenti boucher, il arrive à "se faire" beaucoup d'argent. «Il faut juste avoir les outils nécessaires. Egorger et dépecer un mouton n'est pas difficile», assure-t-il. Et de préciser qu'une ou deux personnes doivent l'aider à immobiliser l'animal. «Une assistance est nécessaire si la bête à cornes est d'une grande taille".

Ceux qui ne trouvent pas de capital pour monter un petit commerce, peuvent travailler en tant que transporteur. Munis d'une poussette, ils proposent de transporter le mouton moyennant une somme qui varient entre 10 et 20 DH.
Par ailleurs, à l'approche de l'Aïd, la vigilance doit être accrue. Pour cause, les voyous, les agresseurs, et les pickpockets s'invitent en horde aux souks. Les vols se multiplient et le taux des agressions augmente pendant cette période. En effet, ceux qui recourent à tous les moyens pour acheter le mouton de l'Aïd sont légion. A titre d'exemple, un homme a été agressé récemment en plein jour à souk Ifrikia à Casablanca. Deux malfrats ont pris son argent et l'ont blessé à la main.

A noter que cette scène n'est pas unique. Les victimes d'agression sont nombreuses. «Rien qu'en l'espace d'une demi-journée, nous avons reçu plusieurs réclamations», témoigne un agent de la police de Casablanca. Les campagnes ne sont pas épargnées. Plusieurs fermiers assurent avoir été victimes de bandes de voleurs. Ces derniers viennent souvent la nuit et s'accaparent tout le bétail. Les villageois montent la garde en permanence.

‘Chennakas' grands bénéficiaires

Malgré l'abondance du cheptel et l'excellente saison agricole, les prix ont flambé. Cependant, la situation aux souks et marchés des moutons n'a pas changé d'un iota. Les spéculateurs et les intermédiaires qui font main basse sur le marché sont comme d'habitude les grands bénéficiaires. La fête constitue pour eux une mine d'or et une occasion pour tirer de grands profits en gonflant les prix, à la grande amertume du consommateur. Une pratique considérée comme un manque à gagner à la fois pour les éleveurs vendeurs et les consommateurs.

Les autorités et le ministère de l'Agriculture sont appelés à se manifester les années prochaines afin de réguler le marché des moutons pour éviter la flambée des prix. Et surtout pour que l'opération de vente fasse profiter directement les éleveurs et les agriculteurs et favorise de près le développement rural.
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