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Les MRE, un gisement précieux pour le Maroc

Le Comité national d'organisation (CNO), présidé par le Haut Commissaire au Plan en collaboration avec les agences des Nations unies organise actuellement une exposition itinérante à travers le pays dont le but est de sensibiliser un large public, en général, les jeunes et les femmes en particulier, aux grandes problématiques de la population au Maroc et dans le monde.

Les MRE, un gisement précieux pour le Maroc
Ces différents colloques prennent place dans le cadre d'une première en Afrique, la tenue du 26e Congrès International de la Population prévu à Marrakech, du 27 septembre au 2 octobre 2009 qui mobilisera pour le moins 2 500 chercheurs de renommée internationale venus apporter leur éclairage sur des questions devenues cruciales en raison de la mondialisation. C'est autour de la question de la mobilisation des compétences MRE dans la contribution au développement économique et social du Maroc que s'est ouverte, vendredi, au Théâtre national Mohammed V à Rabat, la troisième journée de ce colloque. Comment le savoir-faire et l'expertise des Marocains du monde peuvent-ils être mis à contribution afin de soutenir les efforts socioéconomiques du pays et constituer une force économique ? Telle est la question à laquelle s'est employée à répondre, Ghita Zouggari, chargée de mission auprès du ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'Etranger (MCCMRE). « La diaspora marocaine représente 3.300.000 d'individus dont 70% concentrés dans l'Union européenne, notamment en France, puis en Belgique, aux Pays-Bas, en Espagne mais aussi au Canada», déclare-t-elle, ajoutant que cette communauté a connu des mutations profondes depuis les années 60 et qu'elle n'apparaît plus comme monolithe mais plutôt multiforme, éclectique, avec cette singularité qu'elle comporte autant de femmes que d'hommes ayant des parcours professionnels sensiblement différents de ceux des premières générations.».

Une communauté, en somme, avec laquelle il faut compter car elle représente un véritable vivier dans le domaine de l'économie du savoir.
Cette communauté comporte en effet une importante catégorie titulaire de formations universitaires de haut niveau, de médecins, de biologistes, de scientifiques, d'informaticiens qui ne reviennent pas dans leur pays d'origine mais qui tissent des liens avec celui-ci au travers d'associations de développement locales. La visibilité de cette communauté se fait plus prégnante à l'étranger dans les secteurs clé de l'économie et de la politique où elle occupe davantage de postes à responsabilité. Elle offre donc à ce titre des opportunités d'investissements et de transfert d'expertises et permet le renforcement de la coopération bilatérale et multilatérale en matière de développement, entre le Maroc et les pays de résidence de ces compétences et des organisations internationales et peut constituer pour le moins de puissants relais de la diplomatie parallèle à l'extérieur. Si le Maroc veut tirer partie de cette manne, il doit s'imposer une nouvelle approche stratégique. « Il faudrait que les autorités et toutes les instances nationales concernées rénovent leur vision de cette composante de la société marocaine. Elles doivent prendre en charge ses spécificités, ses préoccupations et les problématiques de cette communauté et concilier l'enracinement de celle-ci dans les pays d'accueil sans la déraciner de son pays d'origine, autrement dit renforcer les liens avec le pays tout en réussissant l'intégration», fait remarquer Ghita Zouggari.

Un site www.fincome.ma, Forum International des Compétences Marocaines à l'Étranger, avait donc été élaboré, en 2007, afin de mobiliser des compétences des MRE en faveur de l'économie nationale et créer les mécanismes d'accompagnement susceptibles « de renforcer l'articulation entre migration et territoire » selon les propres termes de Ghita Zouggari. Initialement Fincome devait constituer une banque de données et de réseaux de compétences marocaines résidant dans les divers pays du monde, fournir l'expertise, le conseil et l'assistance technique nécessaires à l'appui aux secteurs et acteurs de développement du Maroc et promouvoir la synergie entre les compétences locales et celles des Marocains résidant à l'étranger. Constat d'échec pour ce site qui n'a pas eu les effets escomptés en l'absence d'un plan de communication d'accompagnement, d'actions de promotion auprès des cibles prioritaires et le manque de prise en compte de la dimension internationale de la stratégie relative à l'évolution de la population migrante et de ses exigences. A l'ordre du jour, une refonte de ce site avec l'élaboration d'une charte qui prévoit en premier lieu d'améliorer le contenu et les services proposés, de renforcer la communication sur le plan général et de revoir la coordination et le réseau des partenaires INDH, ANAPEC... Il s'agit également de valoriser l'image des compétences marocaines résidant à l'étranger auprès des nationaux.

« Dans le cadre de la stratégie globale une seconde étude a été menée pour doter le MCCMRE d'un ensemble de données analysées sur le potentiel humain des MRE en vue d'identifier des mécanismes efficaces et concrets pour encourager et faciliter le lien et le transfert de compétences des MRE au Maroc. Il apparaît que plusieurs secteurs d'activité souffrent d'un manque de compétences criant qui pourraient être investis par les MRE ». En effet, d'après l'étude, plusieurs secteurs d'activités pourraient constituer des niches pour les MRE ainsi l'agriculture qui pèche par un manque de qualifications dans le domaine de la distribution, le secteur de l'offshoring, un des piliers de la nouvelle économie marocaine qui manque d'ingénieurs informatiques ayant la double compétence commerciale et technique, des chefs de plateaux, qui pour la plupart sont déjà des enfants de migrants nés en Europe. Le secteur de l'automobile et du tourisme sont aussi des créneaux porteurs pour les MRE. Le premier requiert des qualifications détenues par les ouvriers qualifiés ayant travaillé dans les unités industrielles françaises dont l'apport peut s'avérer précieux. Dans le secteur touristique, les MRE sont susceptibles de constituer des relais de commercialisation pour des produits de tourisme de niches qui sont fort demandés dans ces pays auprès d'une clientèle jeune. A cet égard, la population marocaine de l'étranger constitue un véritable gisement de référence. Son apport au Maroc donnerait à n'en pas douter un second souffle à la nouvelle génération de l'expertise marocaine.
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Recommandations

Toute tentative de mobilisation des compétences marocaines expatriées ne peut aboutir si elle ne s'appuie pas sur le renforcement de la coordination entre l'ensemble des institutions marocaines en charge des questions liées aux Marocains Résidant à l'Etranger, à savoir le ministère chargé de la Communauté Marocaine Résidant à l'Etranger, la Fondation Hassan II pour les Marocains Résidant à l'Etranger, le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger et le ministère des Affaires Etrangères. Cela suppose aussi une meilleure coordination entre ces institutions et les institutions marocaines concernées par les transferts de savoir tel que le ministère de l'Enseignement Supérieur, le Centre National de Recherche Scientifique et Technique et ceux impliqués dans les domaines de l'emploi tel que l'Agence nationale de promotion de l'emploi des compétences (l'ANAPEC) et les acteurs influents dans l'emploi au Maroc tels que le patronat particulièrement la Confédération Générale des Entreprises (CGEM). On l'aura compris, rien ne se fera sans la convergence et sans la synergie.
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