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La moralisation à l'épreuve

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Ce qui caractérise aujourd'hui notre vie politique s'apparente à un simple questionnement : comment conformer l'exigence démocratique avec la croissance et l'amélioration des conditions de vie des citoyens? Questionnement à double détente, puisqu'il faut d'abord définir ce qu'est le champ politique, ensuite ce que devrait être la croissance, enfin concevoir une péréquation entre les deux. Ce qui caractérise le champ politique du Maroc, à vrai dire, c'est l'obsession figée sur le cap des élections communales du 12 juin prochain, considérées comme un tournant majeur parce qu'il remodèlera la carte politique municipale. Or, il semble difficile d'imaginer de nos jours comment cette dernière sera reconstituée, quelle configuration prendra-t-elle et surtout quels seront les hommes et les femmes qui la composeront ?

Enlisée dans un faux débat, la campagne électorale dissimule plusieurs autres réalités politiques et sociales. Elle est comme l'immense iceberg dont on ne perçoit immédiatement que la dimension visible et émergée. C'est l'arbre qui cache la forêt, profonde et compliquée. Ce qui semble évident, a priori, c'est un prévisible désintérêt de l'opinion aux convulsions qui déchirent les partis politiques et la curiosité horrifiée des frasques des leaders politiques. Le maire de Fès a finalement fini par retirer sa candidature, sous pression, dit-il. En attendant qu'il la remette, pourquoi pas sous pression.

Dans cette ambiance de folles rumeurs, le ministère de l'Intérieur s'apprêterait, selon certains organes, – encore que vérifiée auprès de lui, l'information a été démentie – à promulguer une circulaire pour éradiquer, à tout le moins réduire le phénomène rampant de la transhumance. Il semblerait faire des heureux d'un côté et soulever une tempête de protestations chez d'autres qui tablaient sur les razzias de candidats dans les camps adverses pour faire le plein d'adhérents et de voix. Pas moins de 80 membres du PAM auraient d'ores et déjà déposé leur démission, ou leur menace de démission sur le bureau du secrétaire général de ce même parti, en protestation contre l'éventuelle décision du ministre de l'Intérieur.

En principe, la transhumance, ces promenades impunies, tolérées jusqu'ici, vont connaître leur fin avec la réglementation en préparation qui interdira à tout élu aux dernières élections législatives sous une certaine étiquette de se représenter aujourd'hui sous une autre.

De sorte que la scène politique ne devienne pas une sorte d'arène ou un cirque, abritant, justifiant surtout les caprices velléitaires des uns et des autres. Comment faire la part des choses, séparer le bon grain de l'ivraie comme l'on dit ? Comment éviter de tomber dans de grossières manipulations ? Ce qui nous est dit, c'est que le ministre de l'Intérieur n'a pas de projet de circulaire contre la transhumance. Ce que nous devinons aussi, ipso facto, c'est qu'il n'est pas moins préoccupé par cette problématique, ravivée depuis quelques mois, notamment depuis l'émergence tonitruante du PAM sur la scène politique. Ce que l'on sait, sur la foi de témoignage de responsables de celui-ci, ce sont quatre-vingt de ses élus au parlement qui menacent de geler leurs activités.

On en est là ! D'un côté, une administration qui s'efforce de moraliser les mœurs et les comportements et, de l'autre, un champ politique ravagé par ses contradictions, miné par ses résistances et de plus en plus chamboulé. Faudrait-il donc se résoudre à cette situation qui s'apparente à une terrible débandade ? Les élections communales, on l'a dit, doivent être le test suprême de la maturité politique, parce qu'elles n'ambitionnent rien moins que d'apporter une réponse aux attentes des citoyens. Une réponse qui ne peut faire l'objet d'aucune instrumentalisation et de nul dévoiement.

Malheureusement, le test tournerait à la mascarade si les conditions du scrutin, autrement dit tout l'arsenal réglementaire que le gouvernemental a mis en œuvre – révision des listes, mode du scrutin, code électoral et promotion de la femme – venait à être contourné pour ne pas dire subrepticement détruit par des boutefeux politiques qui paradent et exploitent la liberté publique au nom d'intérêts privés et sordides. Jamais en effet scrutin communal n'a été politisé de cette façon et avec une telle appétence. Jamais non plus, enjeu économique et social n'a été réduit à sa plus simple expression.

Nous entrons de plus en plus dans un cycle où la scène politique, le terrain d'affrontement, se transformerait à coup sûr en champ de bataille, parce le désir de gagner l'emporterait sur la manière de gagner, parce que la fin justifierait aux yeux de certains les moyens. Et l'on a vu comment certains candidats ou prétendants recourraient à tous les moyens, l'argent, la délation et la corruption pour arriver à leurs fins. Seraient-ils à ce point au-dessus de la loi ?
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