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Recul israélien, menace contre la paix

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Le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, entame depuis hier une tournée en Europe pour expliquer la nouvelle position israélienne sur la création d'un Etat palestinien indépendant. Cette position a-t-elle jamais évolué d'abord pour que l'on puisse juger si oui ou non elle a changé ? L'arrivée au pouvoir le 9 février dernier de Benjamin Netanyahu, flanqué du leader de l'extrême droite qu'est son chef de la diplomatie, pouvait-elle augurer d'un changement d'attitude en ce qui concerne les Palestiniens ? Usant du «bâton et de la carotte», le nouveau premier ministre n'avait-il pas annoncé sa volonté de dialoguer avec «des» Palestiniens, nous disons «des» palestiniens et non «les» palestiniens ? En même temps, n'avait-il pas annoncé la création du plus grand village de colonisation en Cisjordanie, mettant à mal l'optimisme que certains, notamment l'administration de Barack Obama, avaient cru promptement afficher ?
Avigdor Lieberman a déclaré il y a un mois que son pays « n'était pas tenu par les anciennes promesses d'œuvrer à la création d'un Etat palestinien ». Son premier ministre, et personne d'autre, ne semble le contredire.

Il campe sur sa position de spectateur qui acquiesce et approuve. Du coup, la question palestinienne, clé de voûte de la paix, est renvoyée aux calendes grecques. Le 18 mai prochain, les responsables israéliens seront reçus à la Maison-Blanche et l'on peut d'ores et déjà préjuger du résultat : le projet d'un Etat palestinien ne sera pas pour autant retenu comme il se doit, autrement dit comme la conférence d'Annapolis, réunie en novembre 2007, l'avait plus ou moins formulé. Le chef de la diplomatie israélienne se rend successivement à Rome, à Paris et à Prague. Il tiendra le même langage de duplicité, ici et là, et la raideur traditionnelle au sujet de la Palestine ne pourra que se renforcer parce qu'elle procède d'une irascible haine à l'égard du peuple palestinien. Nous voilà revenus à la case de départ, à cette époque irréductible où le Jeune palestinien était tout simplement assimilé au terroriste. Or, le langage d'Avigdor Lieberman ne fait nullement dans la dentelle, il va au-delà de celui d'une Golda Meïr ou d'un Mennahem Begin, pourtant réputés intransigeants.

Le ministre des Affaires étrangères, tout à sa balourdise, incarne la droite la plus extrême, nationaliste et raciale, celle que nous appelons fasciste. C'est d'autant plus paradoxal que la communauté juive, du temps de la Seconde Guerre mondiale, avait été la victime désignée du racisme et de l'exclusion fascistes et nazis.

La question palestinienne est une question centrale dans l'échiquier du Proche-Orient. Ses répercussions sur le plan international ne laissent aucun Etat indifférent. L'Union européenne, les Etats-Unis, la Russie et la Chine ne peuvent pas ne pas s'en dérober au prétexte qu'elle ne constitue pas – pour le moment – une « urgence » politique. Elle pendra au nez, comme l'on dit, de tous les gouvernements. Et les pays arabes, divisés et déchirés, ne sont pas moins responsables de par leur immobilisme, voire leur désintérêt manifeste. Les populations civiles de Gaza n'ont pas fini de panser leurs blessures, résultat de l'agression de l'ancienne coalition gouvernementale, elles n'ont pas encore fini de reconstruire leurs maisons détruites que déjà l'anathème du nouveau gouvernement israélien leur tombe dessus. « Pas de paix et pas de territoire » ! C'est ainsi que l'on peut et doive résumer l'attitude, teintée d'un rare cynisme, que les nouveaux dirigeants d'Israël expriment.

Sauf miracle survenu in extremis, et l'on ne voit guère d'où il pourrait provenir, la question palestinienne ne sera pas donc la préoccupation première et encore moins essentielle de la diplomatie internationale. Du moins dans l'immédiat. Elle est jetée aux orties abyssales, mais elle nous pend sur la tête comme l'épée de Damoclès. Si l'Union européenne, les grandes puissances et, surtout, les pays arabes ne cordonnaient pas leurs efforts pour la remettre sur les rails, s'ils ne relançaient pas la fameuse « feuille de route » - seul cadre imposé et cautionné à l'échelle internationale -, c'en serait fini des espoirs de règlement et donc de paix. On oserait croire que l'administration américaine, comme Mme Hilary Clinton l'a affirmé il y a un mois lors de sa visite en Israël, ferait pression sur le gouvernement de Tel-Aviv pour le conduire à accepter la réalité que sans Etat palestinien indépendant, voisin et reconnu dans ses frontières internationales, il ne saurait y avoir de paix.

La nouvelle diplomatie israélienne, conduite par l'extrémiste de droite qui n'a jamais porté dans son cœur le peuple palestinien, soutenu par une coalition élue dans le mépris de ce peuple, devrait être rappelée à l'ordre et connaître ses limites, si la communauté internationale réaffirmait ses engagements au sujet de la création d'un Etat palestinien que même un George Bush et une Condoleezza Rice ont pourtant envisagé.
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