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«La fondation a une approche humaine et vivante»

Grand chercheur et intellectuel, Dr Abdelhak Azzouzi est le nouveau directeur de la Fondation Esprit de Fès.

«La fondation a une approche humaine et vivante»
LE MATIN : La fondation «Esprit de Fès», dont vous êtes le nouveau directeur, a organisé la 6e édition du festival Jazz in Riads, quelles étaient les retombées de cet évènement ?

Abdelhak Azzouzi :
A l'image du Royaume, la ville de Fès, haut lieu du rayonnement scientifique et spirituel, première ville arabe et musulmane, est le creuset dans lequel diverses composantes culturelles amazighe, arabo-islamique, juive, andalouse, afro-sahraouie, se croisent. La 6e édition de Fès Jazz in Riad Festival a incarné l'histoire de la ville de Fès riche de sa pluralité qui a su résister aux vertiges de l'exclusion culturelle et de la rupture spirituelle. Elle est la preuve éloquente de l'identité plurielle de notre pays et de son engagement acharné dans le chantier de l'ouverture sur l'autre, la découverte des cultures musicales, spirituelles et philosophiques. Le programme de cette année était riche, divers et innovant. Cet événement, labellisé «DjangodOr -Trophées Internationaux du jazz » est une garantie de prestige et de qualité qui a enthousiasmé le public venu nombreux du Maroc et de l'étranger. Ce partenariat est une première dans l'histoire du Fès Jazz in Riad Festival. Trois jours durant, la ville de Fès a réuni les amoureux du jazz autour de concerts d'artistes de renommée internationale, tels David Reinhardt, Rhoda Scott, Don Billiez, Tangora, Kader Fahem Hispanica Jazz Trio ou encore Zéphyrologie.

Vous avez pris vos fonctions au sein de la fondation à partir du mois de juillet. Que représente la fondation Esprit de Fès pour vous ?

La Fondation Esprit de Fès incarne de nombreuses ambitions pour moi. Elle a toujours porté le message de la paix, à partir plus précisément de l'histoire millénaire de la ville de Fès, du Royaume du Maroc. La Fondation Esprit de Fès a une approche humaine, vivante parce que pragmatique, réflexive et inventive. Elle part du principe que l'homme, la civilisation, la culture doivent surmonter la sommation de l'ignorance, de la dénégation, de l'enfermement.

Vous avez d'autres activités en plus de celles effectuées au sein de la fondation. Parlez-nous-en un peu ?

Je préside la Fondation Ecole de l'espoir (qui assure le réaménagement et la réhabilitation d'une centaine d'écoles dans la région de Fès-Boulemane et j'espère que ce travail sera généralisé au niveau du Royaume), de même que le Centre marocain interdisciplinaire des études stratégiques et internationales. Je suis en charge de la mise en œuvre technique et intellectuelle de la Future Bibliothèque de Fès (une des plus grandes bibliothèques du monde arabo-musulman). Je préside également les deux Forums de Fès sur l'Union pour la Méditerranée et sur l'Alliance des civilisations et la diversité culturelle, en plus de mes nobles fonctions d'universitaire. Mais à voir de près, toutes ces fonctions ont avec la Fondation Esprit de Fès une matrice conceptuelle, une communauté de sens et un aspect affinitaire. Tout le travail que je fais depuis que j'ai terminé mes études en France est de contribuer au développement économique, social, culturel de la ville de Fès (la future université euro-méditerranéenne de Fès par exemple), promouvoir l'image de cette ville en tant que destination culturelle et spirituelle sur les plans national et international, construire une culture du respect mutuel, tisser des liens entre les mondes, bâtir une société internationale plus harmonieuse.

Qui dit nouvelle direction, dit nouvelle politique. Quelles sont donc vos nouvelles décisions et les nouveaux changements que vous souhaitez apporter à la Fondation et à ses différents évènements ?

Les objectifs nobles de la Fondation Esprit de Fès, son objet même, ses programmes, ses actions, ses partenaires, ses aspirations, ses ambitions font que nous devons en faire un modèle du genre. Je crois qu'il s'agit d'un véritable acte de responsabilité, de maturité et de dévouement à la bonne cause. Je ferai en sorte à travers les activités de la Fondation connues de tout le monde et d'autres projets qui vont voir le jour, de décloisonner les idées, les pensées, les talents, faisant de Fès, du Maroc un carrefour de rencontres des hommes et de femmes de tout horizon. La belle circulation des langues, des champs, des expériences et des sons, a montré que le dialogue était possible et qu'il fallait lutter contre «le choc des civilisations» et les enfermements identitaires. La Fondation de Fès nous a permis de comprendre que le dialogue des cultures n'exclut pas d'être soi-même. Si le Marocain ne reste pas Marocain, si le Congolais ne reste pas Congolais, si le Chinois ne reste pas Chinois, qu'aurions-nous à échanger ? Dans la perspective d'une convergence entre le moi et l'autre - un poète dira : «je est un autre» - et comme le Festival de Fès le concrétise, il faut trouver refuge dans l'altérité, la reconnaissance de la diversité culturelle, la sauvegarde des valeurs communes : par elles seulement, en nous dérobant à la catégorisation, nous sortons de l'enfermement, de la haine, de l'abstraction et nous accédons à l'ouvert, au concret de la raison d'être des humains sur terre, à la vie du cœur autant que de l'esprit. C'est une noble mission que je vais entreprendre.

Quelles sont vos attentes par rapport à l'année culturelle 2010 au niveau de la Fondation ?

La Fondation a été à l'origine de grandes innovations originales comme la rencontre de tijanienne, la valorisation des maisons d'hôtes et toutes les retombées positives sur la ville de Fès, en tant qu'une grande enceinte propulseur du tourisme spirituel et intellectuel tout en travaillant en étroite synergie avec des agences comme l'ADER. Elle contribue donc au développement social et culturel de la ville de Fès, pour en faire une destination culturelle et spirituelle prestigieuse.
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