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Le nouveau visage de Marrakech

Marrakech, ville presque millénaire, capitale durant la période des trois Dynasties (Al Mohade, Almoravide et Sâadienne), a connu, à travers l'Histoire, le haut et le bas dans tous les domaines depuis la création de sa médina en 1060 et la ville nouvelle de Guéliz dès l'avènement du protectorat français en 1912. Aujourd'hui, la ville aux multiples cités est livrée à elle-même.

Le nouveau visage de Marrakech
On y relève toutes les irrégularités qu'on peut imaginer. Ces irrégularités ont complètement changé la physionomie d'une ville paisible.

Stagnation ou décadence ?
La décadence date des années 80. A ce moment-là, le président du conseil municipal habitait Rabat, travaillait à Casablanca. Il consacrait le temps qu'il lui restait aux courriers de Marrakech, dont il était le député. Marrakech a retrouvé ses jours meilleurs après le découpage administratif du 1 janvier 1991 pour se retrouver avec trois préfectures et trois municipalités : la Médina, la Ménara et Sidi Youssef et deux provinces : Al Haouz et Chichaoua. Si les deux provinces ont gardé leur entité, les trois préfectures avec leurs municipalités furent regroupées en une seule unité administrative en 2001.

Ainsi, un seul gouverneur gérait les problèmes de près d'un million et demi d'habitants en plus des affaires de la coordination de la wilaya, et ce, malgré l'édification des structures administratives de base, notamment les sièges des préfectures et des municipalités ainsi que les sièges de certains services régionaux. Quel gâchis et quel effort en vain. Les autres départements ont connu le même sort, notamment les services de la police avec un effectif réduit, face aux multiples problèmes surtout après l'extension de la ville, l'urbanisation des douars, c'est-à-dire l'incorporation dans le périmètre urbain de près de 300 douars dépourvus de toute infrastructure de base. Ce regroupement hasardeux a été effectué à la demande de certains partis politiques lors du colloque des collectivités tenu à Casablanca, pour garder l'unité de la ville. Toutefois, le regroupement n'a rien donné de positif sur tous les plans. C'est le début d'une décadence assurée.

La ville a connu, depuis l'année 2004, le lancement de grands projets touristiques et immobiliers, ce qui a rendu la vie des Marrakchis plus difficile, sur le plan de la circulation, du travail et surtout pour l'accès à la propriété d'un logement. Les prix immobiliers ont été multipliés par dix voire plus. Près de 2000 autorisation de construction d'immeubles sont données, c'est-à-dire près de 2000 chantiers sont ouverts sur les avenues et rues et surtout dans les quartiers résidentiels où les villas sont remplacées par des immeubles R + 5 de 25 à 40 appartements voire plus.

L'exode rural a encore pris de l'ampleur ce qui a donné lieu à l'extension des douars qui se trouvent autour ou à l'intérieur de la ville, sans infrastructure aucune, et la transformation des anciennes maisons de certains quartiers en habitat multiple avec cinq à vingt familles par maison.

Les cas de Hay Salam, Kbour Chou, Bab Aylane.

Il est vrai qu'un grand effort a été entrepris par l'administration pour résoudre certains problèmes de ces quartiers bidonville, mais les constructions sauvages et l'usurpation des terrains collectifs, habous, domaniaux et même privés ont enregistré des chiffres records, ce qui a donné lieu à des litiges interminables devant toutes les instances judiciaires sans qu'ils soient résolus.
Cette situation a causé, également, la croissance des agressions et délits de tout genre, d'où l'insécurité dans plusieurs quartiers.

Certes, le taux de criminalité à Marrakech est moins important que dans certaines villes du Royaume, mais sa croissance est inquiétante pour une ville jadis paisible et avec moins de problèmes, même si elle est parmi les cités pauvres du Royaume.

Le désintéressement des élus
Mais ce qui inquiète le citoyen marrakechi en général, c'est bien le désintéressement du corps élu depuis quelques années. Nos élus ne donnent aucune importance aux problèmes quotidiens des habitants, tels que le ramassage des ordures même s'il est concédé à deux sociétés, sans contrôle aucun. L'état lamentable des trottoirs qui décourage les piétons à la marche, en sus de son occupation par les cafés, restaurants et autres commerces, l'état indescriptible des rues qui sont chahutées de tranchées laissées soit par les travaux d'adduction d'eau ou de téléphone, les nids de poules et les dos d'âne qui sont faits non pas par l'administration, mais par les habitants sans autorisation, les pistes cyclables impraticables, ce qui pousse les cyclistes et motoristes à rouler sur la chaussée à côté des automobiles et gros engins, la suppression des pistes cyclables sur certaines artères, les espaces dits «verts» devenus des dépôts de gravats et d'ordures, la peinture extérieure des bâtiments et maisons devenues multicolores : de rougeâtres comme il est prévu aux textes pour devenir marron foncé ou clairs, ou roses ou gris, ou encore jaunes ou blancs, sans oublier le bleu, le vert ou le noir pour se distinguer des autres bâtiments, et ce, devant le mutisme total des responsables municipaux. L'élagage des arbres d'alignement des avenues et rues n'est plus effectué depuis plusieurs années, ce qui a entraîné des dizaines d'accidents causant des dégâts humains et matériels. Les arbres tombés par le manque d'entretien ou arrachés par un tiers ne sont jamais remplacés et les auteurs de l'abattage de ces arbustes presque centenaires n'ont été jamais réprimés. C'est, d'ailleurs, l'une des raisons qui poussé les électeurs à voter le changement lors du dernier scrutin du 12 juillet dernier.

Ce désordre architectural et de couleur a été entamé par la municipalité de Marrakech qui a choisi la couleur jaune clair pour le bâtiment du théâtre dont la construction ne verra jamais la fin, alors que les travaux pour l'édification de cet ensemble de murs et de piliers ont commencé en 1981

Les techniciens municipaux qui, en principe, doivent veiller sur les textes de loi, respecter les plans et la couleur extérieure des bâtiments ne prêtent, malheureusement, aucune attention à ces irrégularités ou anomalies soit par ignorance, soit par arrangement au détriment de la ville et de son esthétique. L'occupation du domaine public est devenue une chose courante dans toutes les rues et avenues, et même dans les quartiers résidentiels. Il sera superflu de citer un quartier ou une avenue, car toute la ville est infectée par ce phénomène.
Les zones non edificandie sont transformées en zones constructibles ; les préaux réservés aux piétons sont, désormais, incorporés aux magasins et commerces; les sous-sol des immeubles prévus pour les parkings sont transformés en boulangerie, pressing, night-club, salle de jeu, restaurant, super marché, dépôts de marchandises ou utilisés pour d'autres commerces qui sont autorisés ou non par la municipalité. Les sous-sol de certains immeubles réalisés par l'ERACT comme parkings sont abandonnés parce qu'ils ne sont pas achetés par les acquéreurs des appartements, ou inaccessibles en raison de la mauvaise réalisation de la pente menant au parking, c'est bien le cas de l'opération Al Warda sur l'avenue Allal El Fassi, laissant ainsi des centaines de voitures jonchées sur l'avenue et dans les rues avoisinantes, ce qui donne l'occasion aux malfaiteurs d'élargir leur champ d'activité laissant derrière eux des victimes, mais aussi du travail de plus à la police dont l'effectif actuel ne peut pas résoudre les problèmes de deux millions habitants dans un périmètre de près de 15000 km2.

La cessation des espaces verts par la municipalité à des tiers pour y construire des commerces est devenue une chose courante depuis 1992 (Jardin El Harti, Jardin Egret, avenue Allal El Fassi,…) pour ne citer que ces trois cas que tous les citoyens déplorent énergiquement.

Il est vrai que cette opération de cessation du domaine municipal prévue pour des espaces verts, a été entamée aux années 80 (Daoudiate, l'hivernage, l'avenue de France, Bab Doukkala, avenue de Safi, Sidi Youssef ben Ali,…)

Cette situation est due, certainement, à l'absence du schéma directeur. C'est d'ailleurs, l'une des rares villes qui ne possède pas de schéma directeur. Est-ce un choix ou une anomalie ? La situation profite très bien aux responsables pour en décider ce qu'ils veulent sans contrainte.

Des terrains municipaux cédés aux tiers aux années 70 à 80 DH le mètre carré, pour construire des projets hôteliers et qui valent actuellement entre 12 et 20.000 DH sont toujours non exploités, c'est-à-dire abandonnés.

12 millions de dirhams pour la circulation
«Circuler normalement à Marrakech, sans perdre son sang-froid, relève du défi, quasiment de l'impossible», confie un visiteur de la ville en parlant de la circulation à Marrakech. Et, pourtant 12 millions de dirhams dont 8 millions du ministère de l'Intérieur et 4 millions du conseil municipal de Marrakech sont déboursés à une société suisse pour réaliser une étude sur la circulation dans la ville rouge. A l'issue de cette étude, la municipalité a entamé l'exécution des recommandations dont notamment la création du rond point de la Liberté où il n'y a plus de priorité à droite. Résultat : des embouteillages quasi-permanents sur les huit voies où on constate l'arrêt et la bousculade des dizaines de voitures sur les huit sens.

Ajouter à ce «rond point», l'emplacement des sens interdits à tort et à travers rendant la circulation impossible sur l'avenue Mohammed V avec une fil de 20 à 50 voitures et autres engins roulants derrière chaque feu de signalisation. La majorité de ces sens interdits n'est pas respectée par les vélomotoristes, cyclistes et même des voitures, car il est insensé de circuler sur une rue et de se heurter avec un sens interdit. Avant cette étude, la circulation à Marrakech était fluide et sans problème aucun. Aujourd'hui, c'est une tâche des plus laborieuses, stressantes et des plus délicates. On a donc «acheté» cette situation pour 12 millions de dirhams pour faire subir le citoyen marrakechi et les visiteurs la dure épreuve des improvisions imposées par le conseil communal à cette ville. Celle-ci n'a nullement besoin d'une étude qui n'a donné que des embouteillages issus des interdits insensés et irréfléchis. Le nouveau Conseil communal sera-t-il capable de résoudre ces problèmes qu'il a hérités de son prédécesseur et redonner à Marrakech l'image qui est la sienne d'une ville propre et sécurisé, une ville où la circulation est fluide et sans détour ni problème ?
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Une obscurité totale

Dernièrement et depuis la veille du mois sacré de Ramadan et à ce jour, un phénomène inquiète les citoyens. Il s'agit de l'éclairage public qui fait défaut. Des rues, voire des quartiers, sont plongés dans l'obscurité totale. Est-ce une panne technique irréparable ou un simple boycottage ? Aucune réponse aux interrogations des habitants faites directement ou par l'intermédiaire des autorités locales, ce qui a poussé certains citoyens à penser qu'il s'agit d'une mesure municipale pour diminuer la circulation des gens la nuit et donner l'occasion aux malfaiteurs d'opérer sans être vus.
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Inobservation des lois

Marrakech est devenue célèbre en tant que fief du non-respect des lois. On y relève une quarantaine de publications étrangères sans autorisation aucune défiant ainsi le code de la presse sans aucun souci, notamment l'article 28 qui stipule : "Aucun journal ou écrit périodique (étrangers) ne peut être créé, publié ou imprimé sans qu'un décret d'autorisation ne soit au préalable intervenu sur demande écrite faite dans les formes prévue à l'article 5…". Malheureusement, il existe des publication sans la moindre indication dont le n° du dépôt légal, l'adresse, le nom du directeur, l'adresse de l'imprimerie. La diffusion de ces publications, contrairement aux textes de loi, est faite par leurs propriétaires qui n'ont aucune autorisation.

C'est à Marrakech qu'on relève l'inobservation flagrante du code de la route : stationnements interdits, stationnement en deuxième position, stationnement sur les trottoirs, sur les espaces verts, devant les garages…, l'occupation de la chaussée par les chantiers de construction ou par des voitures et engins abandonnés.
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