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Il y a un an, Lehman entraînait le secteur financier dans sa chute

Il y a un an, Lehman entraînait le secteur financier dans sa chute
La faillite de Lehman Brothers a aussi exposé les défauts du système de régulation et de surveillance bancaire américain
Il y a un an, la prestigieuse banque d'investissement américaine Lehman Brothers provoquait l'effondrement du système financier mondial, laissant le secteur pétrifié sous la mainmise de l'Etat. Le président américain Barack Obama doit prononcer lundi un discours décrit comme "majeur" par la Maison Blanche sur la crise financière, un an jour pour jour après la chute de l'établissement vieux de 158 ans, et dix jours avant le sommet du G20.

L'appétit démesuré de la finance américaine ces dernières années pour des placements adossés à des créances immobilières à risques, au rendement potentiellement faramineux, a débouché sur la débâcle du secteur une fois le marché immobilier effondré et un recours en urgence à des nationalisations.
Lehman Brothers a été acculée à la faillite après avoir été "lâchée" par les autorités américaines, réticentes à intervenir dans le système bancaire après le précédent Bear Stearns: cette autre banque d'affaires avait au printemps été sauvée de la faillite via un rachat par JPMorgan piloté par Washington.
Au petit matin du lundi 15 septembre 2008, la vénérable banque d'affaires prend le monde par surprise en annonçant son dépôt de bilan après un week-end d'ultimes tractations au sommet avec Timothy Geithner, alors patron de la Réserve fédérale de New York, les principaux banquiers de la place, les patrons du Trésor et le régulateur boursier SEC.

L'annonce provoque une onde de choc sur l'ampleur de la crise financière. "C'est peu dire que le pessimisme avait touché tout le monde", raconte Hugh Johnson, analyste chez Johnson Illington Advisors. "Le sentiment était que la crise financière n'avait pas de solution et que nous nous dirigions vers une seconde Grande Dépression", comme celle de 1929. "Mais après avoir laissé tomber Lehman, les pouvoirs publics n'ont plus fait la même erreur", souligne Cary Leahey, économiste chez Decision Economics. Ainsi, le lendemain du dépôt de bilan de Lehman, AIG, numéro un mondial de l'assurance, était nationalisé afin de protéger son réseau tentaculaire de plus de 100.000 clients institutionnels dans le monde.

Des dizaines de milliards étaient injectés dans le groupe, qui engloutira au total 180 milliards de deniers publics.
Quelques jours plus tard,
les deux dernières banques d'affaires américaines, Goldman Sachs et Morgan Stanley, renonçaient à leur statut pour adopter celui de simple
holding bancaire afin de pouvoir accéder aux financements publics.
Dans la foulée, la grande banque généraliste Washington Mutual était à son tour avalée par JPMorgan Chase, qui devait émerger comme l'un des principaux gagnants de la consolidation éclair du secteur.

Ce dernier rachat a fait un grand perdant : Citigroup, qui après avoir dominé le secteur bancaire mondial pendant une décennie, va connaître des recapitalisations successives par l'Etat, lequel va aussi garantir 300 milliards de dollars de ses actifs toxiques en échange d'une majorité de contrôle de 36%.

La faillite de Lehman Brothers a aussi exposé les défauts du système de régulation et de surveillance bancaire américain, qui reste toujours lacunaire un an plus tard malgré le projet de réforme voulu par le gouvernement de Barack Obama. Et depuis Lehman, plus de cent banques américaines ont mis la clef sous la porte.

Une aubaine pour les banques d'Asie

Kenichi Watanabe n'était PDG de Nomura que depuis cinq mois quand Lehman Brothers s'effondra, lui offrant l'occasion inespérée de récupérer des pans entiers de la vénérable banque de Wall Street.
La reprise par la maison de courtage japonaise des actifs de Lehman Brothers en Asie, en Europe et au Moyen-Orient transforma Nomura en un groupe d'envergure mondiale. Elle frappa aussi les esprits au Japon, où les banques, à peine sorties d'une grave crise, étaient réputées allergiques au risque.

A quelques heures d'intervalle, la première banque japonaise Mitsubishi UFJ Financial Group annonçait l'achat d'une importante part du capital de son homologue américaine en difficulté Morgan Stanley.
Depuis, la troisième banque nippone Sumitomo Mitsui Financial Group s'est emparée de la filiale de courtage au Japon du géant américain Citigroup, concluant une série de transactions qui ont modifié l'équilibre du pouvoir dans le secteur mondial de la finance.
"L'Asie a eu de la chance de ne pas détenir beaucoup de créances toxiques du genre «subprime», et de ne pas avoir hébergé beaucoup de bulles spéculatives au moment de l'éclatement de la crise du crédit", commente Peter Tebbutt, analyste du secteur bancaire chez Fitch Ratings à Hong Kong.
N'empêche que les banques asiatiques ne sont pourtant pas sorties indemnes de la crise.

Mitsubishi UFJ a perdu plus de deux milliards d'euros lors de l'exercice 2008-2009 clos fin mars, et sa concurrente Mizuho Financial Group plus de 4,5 milliards. Plombée par l'achat pour deux milliards d'euros des activités de Lehman, Nomura a pour sa part subi une perte annuelle record de 5,55 milliards d'euros, mais est revenue dans le vert au premier trimestre 2009-2010.
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