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Le secteur encore en quête d'organisation

Toute tentative d'évaluation de l'action associative au titre de l'année 2010 se heurte à un vide statistique flagrant. Et ce de l'aveu même du ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité.

Le secteur encore en quête d'organisation
En juin 2010, le département de Nouzha Skalli a réalisé, en partenariat avec le Carrefour associatif, une étude sur «L'engagement bénévole et volontaire des jeunes et l'action associative au Maroc».

Cette étude, première de son genre, a constitué un fait marquant de l'année 2010 dans le domaine associatif. En guise d'introduction, le rapport établit le constat «bien qu'occupant une place de plus en plus importante et visible dans l'organisation sociale du pays, le secteur associatif n'a jamais, jusqu'à présent, fait l'objet d'une étude approfondie». Et le rapport de préciser que «les seules études qui ont été réalisées jusqu'à présent sur le secteur associatif sont des travaux parcellaires produits par certains organismes et associations tels que le PNUD, l'Espace associatif ou le Carrefour associatif, ou par des étudiants dans le cadre de recherches universitaires, de thèses ou de mémoires».
Si le nombre total des associations créées jusqu'à 2010 est estimé entre 30.000 et 50.000, celui des personnes engagées dans ces associations reste, lui, totalement inconnu.

Il en va de même pour la typologie des associations existantes et leurs domaines d'action. Seuls les ministères de l'Education, de la Santé et de l'Environnement se sont engagés en 2010 à mener un recensement qui se veut exhaustif de leurs associations partenaires et de leur typologie. Il est grand temps de dresser aussi un répertoire des associations travaillant dans d'autres domaines vitaux.
Répartition…

Faut-il le noter, le tissu associatif est l'un des plus hétérogènes et des plus représentatifs. «Les domaines d'intervention ne peuvent qu'être nombreux dans un pays en pleine construction», indique Anas Elhasnaoui, président de l'Espace associatif qui regroupe plus d'une soixantaine d'associations marocaines actives dans divers domaines socio-économiques et culturels. Par ailleurs, l'état des lieux des associations de la société civile en 2010 reflète une répartition géographique inéquitable entre centre et périphéries, monde urbain et monde rural. De même, une grande disparité est relevée au niveau des objectifs, de la taille et des moyens financiers et humains. Il s'agit d'une donne à double tranchant, d'après le rapport réalisé par le ministère du Développement social. «Si cette disparité est enrichissante, elle peut être aussi une entrave du fait de l'imbrication des différentes logiques qui les sous-tendent», établit le rapport. On relève également une certaine tendance du mouvement associatif à se concentrer dans des domaines spécifiques, et ce au gré des priorités gouvernementales qui changent d'une année à l'autre. «L'année 2010, par exemple, a connu une dynamique particulière des associations de plaidoyers dans les domaines des droits de l'Homme, de la démocratie et de l'égalité.

Cette dynamique s'est manifestée à travers différents rapports, mémorandums et débats publics sur les questions de la torture, de la justice, de l'impunité, de la peine de mort, de la corruption, du sida, de la liberté d'expression, de la participation politique des femmes aux niveaux national et local, de la régionalisation, etc.», fait remarquer Anas Elhasnaoui.

Bénévolat…

Le bénévolat, épine dorsale du mouvement associatif au Maroc, serait-il à bout de souffle ? Le rapport du ministère du Développement social signale, en effet, une «démobilisation» des bénévoles, des jeunes tout particulièrement et une baisse des recrutements de bénévoles qui ne s'est pas démentie en 2010. Absolument, le bénévolat au Maroc ne vit pas son âge d'or. Et pour cause. La démotivation, voire la frustration, commence à s'installer aux rangs des jeunes bénévoles, comme conséquence logique des conditions d'exercice qui ne répondent pas souvent à leurs attentes. Par définition, le bénévolat est un travail non obligatoire, donc non soumis à un contrat de travail, socialement utile, non rémunéré et non intéressé.
Cela sous-entend que le bénévole travaille dans un cadre conventionnel, informel et non régi par la loi. De ce fait, il ne peut se prévaloir ni d'indemnisations, ni de couverture médicale en cas d'accidents ou de maladies survenus au travail. A moins que la capacité financière de l'association ne le permette, ce qui est rarement le cas. Résultat : le bénévole exerce dans un environnement d'insécurité tant sur le plan physique que
financier. De même, son parcours au sein de l'association est assimilable à un parcours du combattant.
L'accompagnement, le suivi et la formation continue des nouveaux recrutés ne font pas toujours partie des réflexes des responsables des associations civiles. Une fois intégré à l'association, le bénévole se trouve livré à lui-même, désorienté et sans appui.

Défis…
Alors qu'on s'apprête à accueillir une nouvelle année, l'avenir s'annonce plein de défis devant le mouvement associatif. «D'abord, il s'agit de préserver le droit d'association, car il constitue un tampon de sécurité contre toute tentative de régression dans le champ des libertés publiques. Ensuite, promouvoir son rôle et sa mission en veillant à son autonomie. En troisième lieu, poursuivre son renforcement institutionnel et sa gouvernance interne. Enfin, enclencher la renaissance du bénévolat et du travail volontariste, tout en développement des partenariats constructifs où les pouvoirs publics sont appelés à apporter leur appui financier, au regard de l'importance du service public rendu par les associations», récapitule Anas Elhasnaoui, président de l'Espace associatif.

L'ultime objectif étant de faire du mouvement associatif une force de pression et de changement effective. Si, de l'affirmation de M. Elhasnaoui, le mouvement associatif est présent quantitativement à travers tout le territoire national, «sa présence en termes d'influence sur les politiques publiques se rétrécit en raison d'une orientation marquée vers les actions de prestations».
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QUESTIONS À : «Nous avons accordé une priorité bien marquée aux personnes en situation de handicap»

Quel bilan faites-vous du partenariat avec le tissu associatif en 2010 ?

Pour le ministère, au titre de 2010, nous avons accordé une priorité bien marquée aux personnes en situation de handicap, avec près de 25 millions de dirhams (34%), et ce pour pallier l'absence d'un mécanisme tel que le Fonds de solidarité pour les personnes handicapées, proposé par le MDSFS à travers le projet de loi pour le renforcement des droits des personnes handicapées.

Quel est le montant des subventions accordées au tissu associatif en 2010 ?

Il faut savoir que le budget alloué au ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, qui a été en 2010 de 610,88 millions de dirhams, est réparti entre le ministère qui ne dispose que d'une administration centrale et de deux établissements sous tutelle présents au niveau territorial. Il s'agit de l'Entraide nationale et de l'Agence de développement social. Ainsi, en 2010, le ministère a alloué 58% de son budget annuel à la première et 14% à la seconde. Les associations de la société civile sont des partenaires du pôle social pour mettre en œuvre des projets et programmes sociaux aux niveaux local et régional, et ce à travers des subventions octroyées directement audites associations. En 2010, le montant de ces subventions a atteint 60, 06 millions de dirhams pour le ministère seul.

Quels sont les principaux défis qui restent à relever en matière de travail associatif ?

L'amélioration des prestations apportées par les associations, leur professionnalisation, le développement de la déontologie et de l'éthique de l'action associative, mais aussi l'amélioration de l'efficacité et de l'efficience de leurs actions sont autant de défis qui nécessitent la convergence des efforts des pouvoirs publics et des acteurs associatifs.
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