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La réforme sacrifiée sur l'autel de la Caisse marocaine des retraites

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C'est à partir de 2012 que la Caisse marocaine des retraites (CMR) sera dans le rouge. Dès cette date, les déficits actuels apparaîtront et l'épuisement total des réserves est annoncé pour 2019. C'est dire combien la situation est embarrassante pour le gouvernement qui tente de sauver les meubles, sans encore tomber sur la bonne formule.

La tentative de passer la réforme sous l'aile du projet de Loi de finances 2011 n'ayant pas aboutie, l'équipe El Fassi chercherait d'autres voies pour rattraper le train en marche. Des syndicalistes parlent d'un éventuel décret du Premier ministre pour la réforme de la CMR, qui pourrait être concocté entre membres du gouvernement. Hors de question, répliquent les syndicats qui veulent que toute réflexion sur n'importe quelle réforme des systèmes de retraite doive absolument inclure tous les partenaires membres de la commission technique. Celle-ci regroupe, outre les représentants du gouvernement, les centrales syndicales, la CGEM et les quatre caisses de retraite. Contacté, Larbi Habchi de la FDT, membre de ladite commission, exprime son désaccord avec la méthodologie adoptée par le gouvernement pour renflouer les caisses, principalement la CMR.

«Nous demandons à ce que la commission nationale se réunisse pour discuter ouvertement de la situation», ajoute-t-il. Pour lui, le débat sur un décret du Premier ministre date de septembre dernier, soit bien avant l'évocation de la loi de Finances. Laquelle éventualité a essuyé le niet catégorique des syndicats pour lesquels «la réforme des régimes n'est pas une question purement technique, mais aussi sociétale, politique et même culturelle». Mohamed Hakech, représentant de l'UMT à la commission technique, pousse le raisonnement encore plus loin en expliquant qu'il n'y a pas de crise des systèmes de retraite au Maroc, contrairement à ce que le gouvernement veut faire croire. Pour lui, il ne faut pas sacrifier l'ensemble des régimes sur l'autel de la CMR qui relève de la responsabilité de l'Etat. Justement, si la panne de la CMR s'annonce à l'horizon 2012, celle de la CNSS n'est prévue qu'en 2027, le RCAR pour 2021, tandis que la CIMR se trouve carrément en dehors de ce schéma de crise. Plus encore, la CMR ne représente que 18% des cotisants, presque 600.000 personnes sur 3,4 millions qui profitent d'un régime de retraite.

Dépassionnons le débat sur la réforme, semble vouloir dire Hakech qui refuse que la réflexion continue d'emprunter la voie d'une approche paramétrique. «Nous avons l'impression que le gouvernement privilégie les orientations de la Banque mondiale au détriment des préconisations du BIT et des exemples de pays où la réforme a été plus humaine comme le Portugal», affirme-t-il. Pour Habchi comme pour Hakech, l'Etat doit assumer ses responsabilités vis-à-vis de la CMR étant donné qu'il est le principal responsable de son déficit actuel. En effet, pendant quarante ans, entre 1956 et 1996, il n'a jamais versé à la Caisse sa part patronale. Il s'est rattrapé en relevant les taux de cotisations salariales et patronales en 2003 et 2006, et en versant 11 MMDH d'arriérés. L'Etat a également versé 7,5 MMDH pour combler le manque à gagner induit par l'opération du départ volontaire. Mais cela n'a pas été suffisant pour remettre le train sur les rails.
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