Menu
Search
Samedi 20 Avril 2024
S'abonner
close
Samedi 20 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Spécial Marche verte

Quand le danger touche nos enfants...

La protection des mineurs et la lutte contre la pédopornographie électronique pour clôturer le troisième congrès concernant les défis posés par la cybercriminalité.

Quand le danger touche nos enfants...
Mails, ''chats messageries'', vidéos, photos… sont des ''environnements'' où les jeunes internautes risquent de rencontrer des prédateurs sexuels. En effet, l'accès facile à la pornographie figure parmi les principales inquiétudes des parents pour leurs enfants internautes. C'est ce qui a été relevé lors d'une conférence à l'occasion du troisième congrès concernant les défis posés par la cybercriminalité.
Selon Ali El Azzouzi, président du ''Chapitre marocain de l'association internationale de lutte contre la cybercriminalité'' et auteur du livre «La cybercriminalité au Maroc», Internet en tant qu'environnement, à la fois appartenant à tout le monde et n'appartenant à personne, apporte une sécurité inédite aux réseaux pédophiles. En effet, grâce à la diffusion des technologies assurant l'anonymat, notamment le chiffrement des courriels et l'utilisation du proxy (serveur informatique qui a pour fonction de relayer des requêtes entre un poste client et un serveur), il est devenu extrêmement difficile de surveiller les activités des réseaux pédophiles.

La prolifération des contenus pédophiles sur Internet est telle qu'en 2006, le nombre des sites contenant des images ou des vidéos de pornographie juvénile a dépassé 3000 sites Web selon Internet Watch Fondation. Bien que ce chiffre ait baissé en 2008 de 10%, les réseaux pédophiles continuent toujours à faire d'Internet une véritable zone de non-droit. Un véritable abri où s'échangent par centaines de milliers et en toute impunité les supports multimédias pédophiles. Sans oublier qu'avec le développement du haut débit, l'échange d'images pédophiles se transforme en échange de séquences vidéo. Le «cam to cam» est devenu un véritable phénomène de société. Un pédophile peut donc approcher ses futures victimes en toute quiétude, caché derrière son écran.

Le Maroc «visé»
«Le Maroc ne fait heureusement pas partie des pays les plus touchés par la cybercriminalité bien qu'il soit visé. Mais le véritable problème dans notre pays est qu'à ce jour, il n'y a pas de loi qui juge les cybercriminels, notamment contre la pédopornographie en ligne. Il n'y a pas de texte juridique pour incriminer ce genre de comportement ni de législation à ce propos», souligne El Azzouzi. «Par manque de surveillance et vu que ce sujet est classé tabou au Maroc, malheureusement, plusieurs cas de pédopornographes «passifs» ont passé à l'acte.
Et ce à cause du tourisme sexuel et à la pauvreté dans le pays», poursuit-il. Selon un chiffre désormais largement diffusé, un mineur sur cinq a été confronté à des avances sexuelles sur Internet. Le Maroc n'échappe pas à ce phénomène. Il est de plus en plus visé par les réseaux pédophiles. En effet, selon les résultats d'une enquête réalisée par Center for Media Freedom in the Middle East and North Africa (CMF-MENA) auprès de 106 enfants de la ville de Casablanca, plus des deux tiers de ces derniers interviewés auraient reçu des offres de voyages, des cadeaux ou des propositions de mariages via Internet de la part d'inconnus. Que ce soit du point de vue juridique ou du point de vue organisationnel et institutionnel, le Maroc a encore un bon bout de chemin à faire. Il existe plusieurs cas de pédopornographies en ligne mais la société civile est toujours « aux abonnés absents ».

Il n'y a pas d'associations habilement lucratives spécialisées dans le domaine de la pornographie infantile en ligne. Il n'y a pas de sensibilisation non plus.
Des campagnes de promotion et d'éducation à ce propos n'existent pas dans les écoles et les lycées. Alors que cela peut jouer un rôle important dans la sensibilisation des enjeux de la pornographie en ligne. Les parents non plus ne jouent pas bien leurs rôles à ce propos, toujours cachés derrière notre fameux «Hchouma». Les enfants aussi n'osent pas en parler et ne se rendent pas compte du danger qu'ils courent.

Le cybercafé est une chaîne extrêmement importante dans le domaine de la cybercriminalité. «J'aurai tellement souhaité pouvoir avoir des zones complètement dédiées aux enfants dans les cybercafés qui soient équipées par des ordinateurs personnalisés par des filtres, donc des précautions qui vont être d'une grande utilité. Dans le même contexte, je me réjouis d'avoir tout récemment entendu dire qu'''Inwi à'' travers son offre Internet a mis un programme de filtrage parental. J'espère que les autres opérateurs suivront l'exemple parce que nous avons besoin de ce genre d'action pour pouvoir mieux lutter contre la pédopornographie en ligne», affirme El Azzouzi.

Législation française

Contrairement au Maroc, en France, il existe une législation à propos de la cybercriminalité, notamment pour lutter contre la pédopornographie en ligne. Il y a donc des textes juridiques qui incriminent ce genre de comportement. «A l'Internet, nous pouvons distinguer trois types d'infractions principales qui protègent spécifiquement les mineurs. Tout d'abord, l'exposition du mineur à des messages choquants comme par exemple le fait de lui montrer des images violentes pornographiques; dans ce cas, il est victime en les regardant», souligne Philippe Bonfils, agrégé des Facultés de droit et avocat au Barreau de Marseille. Et d'ajouter: «La deuxième infraction qui est encore plus grave est lorsqu'une personne majeure fait participer un mineur à des scènes pornographiques et qui le photographie ou le filme pour ensuite faire la diffusion des images sur Internet. Enfin, la troisième infraction, c'est le fait de faire des propositions sexuelles à un mineur de moins de quinze ans par le biais de l'ordinateur». Ces infractions deviennent plus graves si après le “chat'', il y a une rencontre entre le majeur et le mineur. Dans ce cas, nous ne sommes pas loin de l'agression sexuelle.
Lisez nos e-Papers