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La métropole toujours sans électricité

Suite aux intempéries, plusieurs quartiers de la métropole se sont retrouvés dans l'obscurité. La panne, qui ne semble pas près de se résorber, a touché les appartements, les sociétés, les banques et les cafés...

La métropole toujours sans électricité
Face à la panne électrique, la population fait feu de tout bois.
Cette fois-ci après la pluie, le beau temps est loin de revenir. Hormis les inondations, les routes impraticables, les moyens de transport affectés… les précipitations exceptionnelles qui ont eu lieu la nuit du lundi au mardi derniers ont entraîné une véritable catastrophe : une panne d'électricité dans plusieurs quartiers de la métropole. Une seule nuit de pluie a été capable de perturber le service de distribution avec une interruption sur près de 800 postes selon Lydec. Cette dernière affirme avoir rétabli 475 postes sur les 800 impactés, mardi dernier vers 19h. Les plus chanceux se sont vu rétablir l'électricité au bout d'un seul jour. Alors que les moins vernis d'entre eux, ont dû passer plusieurs journées dans l'obscurité. D'après Lydec, il s'agit en grande partie de 153 postes qui sont hors service dont 80 sont au sous-sol et inondés.

Ils concernent les quartiers Mâarif, Bourgogne, Palmiers, Cil, Californie et Aïn Harrouda. Lors d'une conférence donnée jeudi dernier, Mohamed Sajid, le président du Conseil de la ville de Casablanca a confirmé que tous les postes de distribution impactés seront rétablis le jour même à midi. Pourtant, certains quartiers souffraient toujours de la coupure du courant hier vendredi en se demandant à quand la fin ? Lydec quant à elle, a confirmé le vendredi 3 décembre que les 15 postes de distribution encore en panne et qui se situent au centre de la ville et Californie ont été rétablis et qu'il n'en restait plus que trois auxquels s'ajoutent 9 nouveaux postes impactés qui viennent d'être détectés.

Frustration générale
Panneaux de signalisation et feux de circulation éteints, les plus grands boulevards de la ville ont été plongés dans le noir, les voitures désorientées… Bref des images impressionnantes qui s'ajoutent à celles des inondations. «En passant par le boulevard Zerktouni, j'ai eu du mal à en croire mes yeux. Au-delà de la préfecture de police, c'était le noir total. Pareil au boulevard Mohammed V et sur le chemin de la côte. Cinéma, restaurants et autres étaient tous fermés. Une obscurité qui fait peur », lance Fatima-Zahra et d'ajouter que les feux de signalisation devenus hors service ont perturbé toute la circulation. Pour ceux qui avaient encore un doute, ils sont désormais sûrs que l'électricité est vitale notamment pour une mégapole comme Casablanca. Il a suffi d'une panne de quelques jours pour que la population en voit de toutes les couleurs. «Une panne normalement ne doit pas dépasser quelques heures au grand maximum. Mais quatre jours c'est un peu trop.

Ce n'est pas logique ce qui nous arrive. Nous avons des enfants qui vont à l'école et qui ont des devoirs à faire. Nous avons des personnes malades et nous aussi en tant que citoyens nous ne pouvons pas supporter cette situation», fustige Abderrahim. Et d'ajouter «Je voudrais savoir ce que font les sociétés responsables ? En été, j'étais en voyage en famille et quand je suis rentré chez moi, j'ai été surpris par une coupure d'électricité pour un retard de paiement qui était indépendant de ma volonté et maintenant lorsque nous les appelons, ils nous mettent sur le répondeur». Colère et frustration règnent parmi la population touchée. En 2010, Casablanca, une des plus grandes villes du continent africain, prend des allures de moyen-âge.

Ces derniers jours les bougies se vendent comme des petits pains. «Je n'aurais jamais cru passer trois jours dans ma vie rien qu'avec des bougies. Cette coupure d'électricité est la véritable catastrophe. La pluie c'est naturel et ce n'est qu'un faux alibi qu'utilisent les responsables. Comment font les pays où il pleut 6 ou 9 mois par an pour résister alors ? », affirme Karim furieusement. Durant ces dernières longues journées, les gens ont non seulement vécu dans l'obscurité mais cette coupure de courant a causé plus de dégâts. «Je commence à sentir une très mauvaise odeur qui provient du réfrigérateur. Les aliments et surtout la viande d'Al Aid commencent à pourrir. Mes enfants sont très déprimés. Ils ne peuvent plus supporter la situation et moi aussi d'ailleurs. Ni télé, ni ordinateur… c'est insupportable », confie Fatiha d'un air triste. Les citoyens sont mal à l'aise, leur mode de vie a changé complètement. Une véritable crise à laquelle personne ne s'attendait. «C'est grave ce qui nous arrive. Il fait froid et nous n'avons pas de l'eau chaude pour nous laver.

Nous n'avons plus accès au chauffage. Je n'ai plus beaucoup d'argent liquide sur moi et les banques d'à côté sont toutes fermées aussi, même les guichets ne marchent pas , c'est une véritable calamité», raconte Mustapha, un entrepreneur. «D'habitude, je travaille beaucoup avec mon portable, je suis maintenant obligé d'aller chercher des cafés qui ne souffrent pas de cette coupure d'électricité pour pouvoir le recharger. Sans parler de ma société qui est également touchée par cette catastrophe », poursuit-il. En effet, plusieurs secteurs du travail ont été touchés.

Des dégâts importants
Des banques fermées durant plus de 48 heures, des magasins fermés à 17h, un congé forcé pour ceux qui ont des rideaux électriques et le plus drôle, des cafés qui servent les consommations avec une bougie. Et oui ! Casablanca se met au romantisme, panne d'électricité oblige. Avis du consommateur «No comment ! Frustrant mais trop marrant». Du côté du marché de Badr, plusieurs vendeurs de fruits et légumes n'ont pas ouvert leurs locaux. D'autres ont choisi de travailler en utilisant des bougies ou des lampes à gaz. Les plus touchés restent les bouchers qui ont dû jeter une grande quantité de viande. Mis à part deux qui ont transportés toute la viande qu'ils avaient dans les réfrigérateurs dans leurs maisons et ne ramènent que des petites quantités. Sociétés, magasins, restaurants, commerçants… ont donc eu des dégâts matériels importants. Certains ont même préféré sacrifier «un peu d'argent» pour inciter les techniciens qui étaient fatigués tout en les suppliant pour continuer leur travail. Si certains ont choisi la solution de la facilité en donnant de l'argent, d'autres cherchent des alliés pour protester en masse sur ce qui est arrivé ou même poursuivre les responsables en justice.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres

«La nuit du mardi dernier, j'ai dû faire le tour de Casablanca pour pouvoir trouver un seul bureau de tabac ouvert et acheter des cigarettes», lance Zouhair. Vu que plusieurs commerçants ont fermé à cause de la panne d'électricité, certains marchands ambulants ont bien su comment profiter de l'occasion. Pas de pain ? Pas de panique, ils s'en occupent. «Nous avions ramené une montagne de petits pains ronds, dans l'espace d'une demi heure tout a été vendu, quel bonheur !», raconte Youssef un jeune marchand ambulant. Son ami Mehdi qui a remarqué l'acharnement des gens sur l'achat de torches, de piles et de bougies a décidé de se mettre à la vente de bougies «J'ai pu gagner 500 dirhams rien qu'en une seule après-midi, c'est génial», affirme-t-il. Les voleurs se frottent aussi bien les mains. Une de vols a été remarquée ces deux derniers jours dans les quartiers souffrant de la coupure d'électricité.
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