Menu
Search
Vendredi 19 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 19 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Fête du Trône 2006

«Nous nous félicitons de l'annonce de l'ouverture de la ligne aérienne régulière entre Moscou et Casablanca»

«Nous nous félicitons de l'annonce de l'ouverture de la ligne aérienne régulière entre Moscou et Casablanca»
Ph. SAOURI
LE MATIN : Plusieurs accords économiques relatifs au tourisme, aux investissements et aux échanges commerciaux lient le Maroc et la Russie. Comment comptez-vous renforcer la coopération bilatérale tant politique qu'économique et culturelle ?

BORIS BOLOTINE :
Il faut d'abord souligner que les relations entre le Maroc et la Russie ne datent pas d'aujourd'hui. Les deux pays ont pu développer durant des années une forte coopération bilatérale. Ainsi, à l'instar des différents accords de partenariat déjà signés, d'autres conventions relatives à différents domaines sont en cours de finalisation. Ces accords ont pour objectif de renforcer les liens de coopération existants et consolider cette volonté politique partagé sur les questions de l'actualité internationale et régionale.
Au niveau économique, les échanges entre les deux pays ont été davantage renforcés au cours des dernières années. Le Maroc est devenu pour la Russie l'un des plus importants partenaires commerciaux en Afrique. Pour sa part, la Russie a pu exporter au Maroc différents produits pétroliers et chimiques. Ces échanges restent relativement importants, mais nous estimons qu'ils peuvent être renforcés d'où la nécessité de multiplier les rencontres diplomatiques, économiques et au niveau des hommes d'affaires. Pour mieux utiliser le potentiel existant il est important de s'appuyer aussi sur les possibilités de la Commission intergouvernementale mixte sur la coopération économique, scientifique et technique qui doit en principe se réunir à Moscou au juin prochain.
En matière d'investissement, nous avons pu constater avec satisfaction l'installation de premiers investisseurs russes au Maroc. A mon avis, il y a de bonnes perspectives dans le domaine de l'énergie, de l'hydraulique et d'autres.

Qu'en est il du tourisme et de la culture ?

Au niveau du tourisme, la destination du Maroc reste malheureusement peu connu des touristes russes. Cela est dû à l'absence d'une ligne aérienne directe et au manque de communication autour du tourisme marocain. Nous pensons que cette situation sera appelée à changer grâce à la mise en place dès la fin de cette année d'une ligne régulière entre Moscou et Casablanca. Nous nous félicitons de l'ouverture de cette ligne aérienne régulière. Cette initiative favorisera l'installation de plus en plus d'opérateurs touristiques marocains en Russie dont l'activité permettra de promouvoir le tourisme vers le Maroc. Il reste de signaler que 16.000 touristes russes ont pu visiter le Maroc en 2009.
En ce qui concerne le domaine culturel, il existe des échanges assez actifs entre les deux pays. Les artistes russes prennent de plus en plus part aux festivals organisés au niveau national. Nous cherchons en effet à développer davantage la présence culturelle russe au Maroc. Dans ce sens, une délégation russe a visité le Maroc dernièrement pour signer un programme des échanges. Ce programme a pour objectif de renforcer les échanges culturels dans le cadre du partage des expériences à travers une participation plus importante des artistes russes aux événements organisés au niveau national et régional.

Quel rôle joue le Conseil d'affaires maroco-russe dans la promotion des échanges économiques entre les deux pays ?

Le conseil joue un rôle important dans la promotion des échanges économiques. Mais la crise mondiale a eu pour conséquence la baisse des activités de cette instance. Actuellement, des efforts sont consentis pour élire un nouveau coprésident russe pour ce conseil afin de donner une nouvelle impulsion aux échanges économiques entre les deux pays. Rappelons que l'objectif principal de cette entité est de créer un espace de rencontre entre les investisseurs russes et leurs homologues marocains afin de stimuler les investissements russes au Maroc.

La Russie a été confronté à l'instar des autres pays du monde aux retombées de la crise mondiale, quels sont les dispositifs pris par le gouvernement russe pour réduire les effets de cette crise ?

Afin de réduire les effets de la crise financière sur l'économie nationale le gouvernement russe a débloqué des fonds spéciaux (de réserve) qui ont été déployé à stabiliser le marché financier russe et contrecarrer les chocs extérieurs. Toutefois, malgré ces dispositions, l'économie russe a été très affectée par cette crise. En effet, l'année 2009 a été marquée par une baisse importante du PIB. Toutefois, les mesures préventives ont permis de sauvegarder l'équilibre du système bancaire et d'éviter le pire scénario.

Comment la Russie, conçoit-elle les conséquences de cette crise sur le plan des relations internationales futures ?

Au niveau international, cette crise a démontré les limites du système global de gouvernance, de finance et d'économie instauré depuis la deuxième guerre mondiale et dominé par certains pays. Elle a également dévoilé l'échec de quelques modèles libéraux de développement économique. En effet, ce système n'est plus adéquat avec la réalité du monde et mérite d'être revu en prenant en compte les changements enregistrés au niveau de l'économie internationale. Nous avons assisté dernièrement à la création du groupe de vingt qui s'est assigné pour mission l'élaboration de solutions pour les problèmes économiques et financiers mondiales. Nous estimons toutefois, que l'élaboration de nouveaux mécanismes financiers devra se faire sous l'égide de l'ONU en impliquant les pays en voie de développement au processus de décision.
Cette crise a également montré l'importance du rôle que doit jouer l'Etat dans la garantie d'un équilibre financier au sein de chaque pays. A mon avis, l'éclatement de cette crise mondiale a dévoilée les limites des comportements et des modes de consommation et de vie actuellement adoptés et a souligné l'importance d'adopter de nouvelles attitudes pour mieux préserver la nature et sauvegarder la planète pour les futures générations.

La Russie, comment voit-elle des perspectives de la question du Sahara ?

La position de la Russie à l'égard de la question du Sahara est claire, objective et impartiale. La solution ne peut être que politique et doit être trouvée sous l'égide de l'ONU sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité. Pour être durable et définitive, cette solution doit être mutuellement acceptable pour les parties. Nous nous félicitons des rencontres informelles tenues récemment et nous souhaitons que le dialogue continue car c'est lui seul qui est à même d'aider à s'entendre. C'est pourquoi, nous jugeons important la poursuite des pourparlers sous l'égide du Secrétaire Général de l'ONU pour parvenir à la solution, ce qui a été confirmé, notamment, par la résolution 1871 du Conseil de Sécurité.
Peut-on connaître les dispositions du nouvel accord de désarmement nucléaire qui sera signé au futur par la Russie et les Etats-Unis dans le cadre des efforts consentis pour limiter le désarmement nucléaire ?
Il faudra signaler d'abord que le désarmement nucléaire est une question à laquelle les présidents des deux pays attachent une importance particulière. La Russie est engagée dans le processus du désarmement nucléaire. Notre pays participe aussi à tous les forums et conférences internationales relatifs à ce sujet. Je pense que nous avons franchis des étapes importantes en matière de limitation de ce désarmement. L'accord qui sera signé par les présidents de la Russie D.Medvedev et des Etats-Unis B.Obama, prévoit la réduction drastique des armes nucléaires, notamment du nombre des ogives et des vecteurs nucléaires.

Dans ce cas, quelle est la position de la Russie des activités nucléaires qu'entreprend actuellement l'Iran ? Et qu'en est du projet de la Centrale Bouchehr ?

Comme je l'ai déjà mentionné, la Russie figure parmi les pays engagés dans la lutte contre la prolifération des armes nucléaires. Ainsi notre pays travaille d'une manière étroite avec les Etats-Unis et d'autres partenaires pour renforcer le régime de non prolifération d'armes nucléaire. Le but est de répondre aussi aux préoccupations de la communauté internationale en ce qui concerne les activités nucléaires de l'Iran et d'assurer une entière coopération de l'Iran avec l'Agence internationale de l'énergie atomique.
En ce qui concerne la construction de la nouvelle centrale Bouchehr. D'après les informations dont nous disposons, la mise en place de cette station nucléaire est prévue pour cette année. Cette centrale est placée sous les garanties complètes de l'Agence internationale de l'énergie atomique et est un facteur important de la présence de l'Agence en Iran.

Pensez vous que l'Iran se trouve dans son droit de développer de l'énergie nucléaire ?

Nous pensons que l'Iran a le plein droit de développer des activités nucléaires pacifiques. La communauté internationale ne conteste pas ce droit. D'autre part, il existe un certain nombre de questions posées par l'Agence internationale de l'énergie atomique auxquelles l'Iran n'a pas apporté jusqu'à maintenant toutes les réponses. C'est ce flou qui entoure toujours les activités de l'Iran qui augmente justement les préoccupations internationales. La Russie œuvre en collaboration avec ses partenaires notamment le groupe de six pour assurer une pleine coopération de l'Iran avec l'agence.

La question des sanctions est plus que jamais d'actualité. La Russie est-elle pour ou contre l'adoption de nouvelles sanctions contre l'Iran ?

Cette question est certes d'actualité. Mais j'estime qu'à ce stade, cette option ne se pose pas encore au niveau du conseil de sécurité. La Russie reste toutefois prudente quant à l'utilisation en général, des sanctions et quant à leur efficacité. Je pense que les sanctions restent le dernier recours après avoir épuisé toutes les pistes de négociations avec l'Iran. Et si c'est le cas elles doivent être adoptées de manière intelligente afin qu'elles n'aient pas de mauvaises répercutions sur le peuple.

Comment évaluez-vous la position de l'Iran par rapport aux différentes interventions de la communauté internationale en ce qui concerne le dossier du nucléaire ?

On sait que l'Iran adopte une position plutôt négative ces derniers temps. C'est pourquoi nous proposons de continuer les négociations et les efforts diplomatiques pour inciter le gouvernement iranien à coopérer davantage avec l'Agence internationale de l'énergie atomique et réagir d'une manière plus positive aux initiatives de la communauté internationale.

Au Proche Orient, la Russie fait partie des membres du Quartette chargé de trouver une solution juste et équitable au conflit israélo-palestinien. Quelle a été justement la nouvelle proposition russe à l'occasion de la tenue de la conférence de Moscou pour le règlement du conflit proche oriental ?

La Russie a toujours attaché une grande importance au règlement du conflit israélo-palestinien. Notre pays travaille avec d'autres partenaires dans le quartette pour favoriser la résolution de la question palestinienne à travers la création d'un Etat palestinien indépendant.
Dans ce sens, il convient de rappeler les résultats de la dernière réunion à Moscou qui s'est tenue par le quartette le 19 du mois de mars dernier et à laquelle ont pris part plusieurs hauts responsables notamment la ministre des affaires étrangère russe, la secrétaire d'Etat américain, le secrétaire général de l'ONU et les représentants de l'Union européenne. Le quartette a salué au cours de cette réunion les différentes actions engagées pour la relance des pourparlers indirects entre Israël et la Palestine dans le but de reprendre les négociations directes entre les deux parties. Une action qui sera de nature à régler les problèmes relatifs au statut définitif. Le quartette a également salué l'initiative de paix arabe.
En ce qui concerne la question de la mise en place de nouvelles colonies, le quartette a appelé Israël à geler toute activité de colonisation, y compris toute nouvelle construction des logements à Jérusalem Est et la croissance naturelle de ces localités. Il a par ailleurs confirmé que l'action d'annexer Jérusalem Est à Israël n'est pas reconnue par la communauté internationale. Le quartette a souligné aussi à l'issue de cette réunion que le statut d' Al Qods doit être défini dans le cadre d'un statut permanent auquel les deux parties doivent parvenir par voie de négociations directes.
Le principe de la convocation de la Conférence de Moscou sur le Proche Orient est soutenu par le communauté internationale, y compris dans la résolution du Conseil de Sécurité et les documents du quartette et par les parties régionales. On est d'accord de convoquer cette conférence dans le contexte de la relance des négociations directes entre les palestiniens et israéliens.

Les relations de l'Union européenne avec la Russie n'étaient pas toujours excellentes. Quel est le moyen, d'après vous, pour rapprocher les peuples de l'Union européenne et de la Fédération de Russie ?

Je pense qu'il y a eu des difficultés liées aux questions financières et économiques. Il y a eu également des frictions et des malentendus liés à la crise en Caucase en août 2008 suite à l'agression de la Géorgie contre l'Ossétie du Sud. A cette époque, plusieurs de nos partenaires européens ont eu des réactions plutôt émotionnelles face à ce qui s'est passé. Il semble que cette phase a été surmontée parce qu'on a mieux compris ce qui s'est passé durant cette période. L'année dernière, l'Union Européenne a chargé une commission indépendante de réaliser un rapport sur ce qui s'est vraiment passé en Caucase et les conclusions de ce rapport ont montré qui a commencé cette agression. Nous considérons que l'Union Européenne est l'un des principaux partenaires de la Russie au niveau international et ce du point de vue économique et politique. Nous souhaitons d'ailleurs renforcer cette coopération davantage et la pousser vers un stade le plus avancé, y compris d'abolir des visas. Actuellement des discussions sont menées en vue d'élaborer un nouveau traité de base avec l'UE. Lors du dernier sommet Russie-UE on a lancé aussi l'idée de l'Initiative du partenariat pour la modernisation.
Lisez nos e-Papers