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«Dans mon travail, j'ai été inspirée de la philosophie de l'INDH»

Fadela Amara est intervenue, lundi, lors de la troisième séance du premier Forum international du développement humain, tenu du 1er au 2 novembre à Agadir, présidée par Mohamed Berrada, ancien argentier du Royaume et consacrée aux rôles que peuvent jouer les régions dans la lutte contre la pauvreté et la précarité.

«Dans mon travail, j'ai été inspirée  de la philosophie de l'INDH»
Fadela Amara.
LE MATIN : Dans votre intervention, vous avez défendu le rôle joué par la société civile dans la lutte contre la pauvreté et l'exclusion. Quels rôles peuvent jouer la ville et la région ?

FADELA AMARA :
Mon intervention s'est portée en réalité sur la politique de la ville. En général, est-ce que c'est un bel instrument pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale? Et à l'intérieur de mon propos, il s'agit également de dire que la société civile peut être aussi un instrument de lutte contre la pauvreté à travers l'engagement et une dynamique qui rencontreraient à la fois une volonté politique pour ensuite établir une rencontre avec la société civile. Au fait, l'accent est mis sur cette transformation dynamique que connaissent à la fois la ville et la région.

Que pensez-vous de l'expérience marocaine de l'INDH présentée dans le cadre de ce Forum ?

Je vais être claire. Avant de devenir ministre, j'ai salué cette initiative en tant que responsable et actrice de la société civile. L'initiative est extrêmement importante puisqu'elle est avant-gardiste. Il s'agit d'un vaste projet méthodologique qui cible des objectifs bien précis et qui rassemble l'ensemble des acteurs de la société sur la lutte contre la pauvreté et l'exclusion. Je suis donc très intéressée par ce projet qui vise à faire entrer des hommes et des femmes dans un processus d'autonomie et d'émancipation. Ce projet crée le sentiment d'appartenance territoriale et d'appartenance à la nation. Il aide l'humanité à se projeter dans l'avenir. Dans le cadre de l'INDH, il y a un volet qui m'intéresse beaucoup. Il s'agit de la démocratie participative qui permet aux habitants d'une ville, même s'ils sont en situation de pauvreté, de se considérer comme des citoyens à part entière et de prendre part à la transformation en tant qu'acteurs de cette transformation.

Qu'en est-il de l'expérience française dans ce domaine ?

A mon arrivée au gouvernement, je vous avoue que je me suis inspirée de la mise en place de la philosophie de l'INDH qui a produit à la fois une dynamique et une participation des citoyens à la gestion de leurs affaires locales. Ambitieuse et novatrice, l'INDH se décline en quatre dimensions : des valeurs, une démarche, des actions et des modalités. Il s'agit d'une action centrée sur l'Homme, au service de la dignité de tous et de chacun. Une action élaborée dans un esprit d'écoute et de confiance en l'avenir. Une action fondée sur la participation des bénéficiaires et des acteurs de développement local, en synergie et en partenariat. Et enfin, une action ciblée, efficace, contractualisée, transparente, évaluée, appelée à devenir une référence de bonne gouvernance. L'INDH permet une mobilisation des acteurs sociaux pour cibler les quartiers qui sont en situation d'exclusion sociale. Je crois que la touche que nous avions mise en place procède en réalité de l'Initiative nationale marocaine du développement humain. J'ai un peu transposé cette initiative au cœur même du travail du gouvernement français.

Quel bilan faites-vous de votre projet de développement des villes françaises? Etes-vous satisfaite de ce que vous avez pu réaliser jusqu'à maintenant ?

Partant de la dynamique qu'on a réalisée jusqu'à présent, les acteurs se mobilisent, au niveau de l'Etat, de la société civile et des ONG, et aussi des entreprises et du monde économique pour participer à la réalisation du programme pour les banlieues. Les résultats sont là. Ainsi, nous avons pu mettre en place des dispositifs pour l'obtention des microcrédits pour financer des microprojets. Nous avons aussi fait en sorte que les jeunes des zones périphériques puissent intégrer les grandes écoles et devenir les élites populaires de notre pays. Nous avons évidemment lancé toute une série de projets qui concernent l'emploi, l'éducation, la formation et aussi la sécurité. Cette dernière constitue un droit fondamental, parce qu'on ne peut rien construire sans bénéficier d'une sécurité garantie.

Concrètement, l'INDH est un projet de 10 milliards de DH étalé sur une période de cinq ans. Dans le cas de la France, dispose-t-on d'un budget pareil pour résoudre ce problème de pauvreté et d'exclusion sociale ?

La politique de la ville a toujours eu son propre budget. Durant plusieurs années, nous avons axé notre travail sur les grands projets qui demandent un investissement massif. Nous avons, par exemple, entrepris la rénovation de 57 zones qui étaient en difficulté sur tout le territoire national, avec un investissement de 12 milliards d'euros. Le projet à généré 42 milliard d'heures de travaux. Parallèlement, nous avons lancé le chantier de rénovation urbaine qui est de l'ordre de 3,7 milliards d'euros. Ce projet est accompagné par ce qu'on appelle la dotation de solidarité urbaine livrée par l'Etat aux collectivités, aux villes en particulier qui sont en difficulté et qui s'élève à 1,2 milliard d'euros. Cependant, la situation dans les quartiers défavorisés en France reste difficile parce que le chômage ne cesse de grimper à cause de la crise mondiale qu'a connue l'Europe en général et la France en particulier.

Comment se présente la coopération entre le Maroc et la France dans le domaine du développement des villes ?

Je suis très satisfaite des la coopération franco-marocaine dans tous les domaines et dans le domaine du développement des villes en particulier. Je suis également très attachée au Maroc. Entre les deux pays, il existe une dynamique de partenariat fructueuse et prometteuse. La relation bilatérale est fort généreuse.

Quelle sera la contribution de la France à la 2è phase de l'INDH programmée pour la période 2011-2015 ?

Alors là, c'est une bonne question. Dans la 2è phase de l'INDH, la France sera bien évidemment présente au côté du Maroc comme elle l'a été dans la première 2005-2010. Dans ce cadre, la France oeuvrera à développer plus de partenariat. Dans le domaine de la ville, par exemple, et dans le cadre de la mondialisation, nous avons organisé le mois dernier une rencontre sur la question des villes nouvelles. Le Maroc, avec lequel nous sommes dans des échanges très importants autour de ce thème des villes nouvelles, a été bien évidemment invité. Avec ce pays, nous avons lancé l'aménagement des villes nouvelles pour des métropoles durables.
Nous travaillons ensemble aussi dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée sur l'échange de bonnes pratiques pour lutter contre l'habitat insalubre et pour la promotion de la mobilité urbaine.
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La politique de la ville comme moyen d'améliorer l'environnement urbain

Le processus de régionalisation entamé par le Maroc fera des régions marocaines «le fer de lance du développement économique et social, à la fois des campagnes et des villes.
Il s'agit d'un mouvement de retour au local pour agir au plus près des habitants et pour faire de nos villes de véritables partenaires dans le processus du développement», a indiqué Fadela Amara, secrétaire d'Etat française chargée de la politique de la ville, lors du panel sur «Quels rôles peuvent jouer les régions pour lutter contre la pauvreté et la précarité ?», dans le cadre du premier Forum international du développement humain, tenu du 1er au 2 novembre à Agadir. Mme Amara a souligné que les «initiatives originales et audacieuses comme l'INDH, qui bousculent les habitudes et les attitudes classiques, doivent être justement appréciées».
La responsable française a également expliqué que durant toute sa mission à la tête de son département, elle a toujours considéré la politique de la ville comme moyen d'améliorer l'environnement urbain (désenclavement, rénovations urbaines, logement, écotechnologies) mais également comme moyen d'améliorer la qualité de vie et lutter contre les inégalités dans les villes (sécurité, éducation, emploi, exclusion).
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