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«Nous constatons un essor remarquable de l'agro-industrie»

Le projet de l'agropole de Berkane va pouvoir drainer un investissement d'au moins 1,3 milliard de DH, le coût de l'aménagement sera de 350 millions de DH.

«Nous constatons un essor remarquable de l'agro-industrie»
Mohamed Hajjaji
LE MATIN: L'Agence pour le développement agricole vient d'organiser un séminaire national sur l'agrégation où différentes questions ont été débattues notamment le cadre juridique de ce modèle, les financements et la gestion des risques. Quel était l'objectif de ce séminaire ?

MOHAMED HAJJAJI:
Nous l'avons organisé pour étudier un projet de loi qui doit encadrer l'organisation de l'agrégation. Beaucoup de pays se sont en effet dotés d'une loi spécifique à l'agrégation et dont l'objectif est de mettre un équilibre entre l'agrégateur et l'agrége et de préserver l'intérêt des deux parties. Nous avons invité des parlementaires de la première et deuxième chambre, des opérateurs économiques dans le secteur agricole, des organisations professionnelles, des chercheurs pour réfléchir sur ce projet d'agrégation qui est un levier du secteur et qui va façonner notre agriculture. C'était aussi l'occasion de lancer les premiers projets d'agrégation au nombre de 42 qui concernent 8 régions et qui vont mobiliser un investissement de plus de 5 milliards de DH. Nous comptons mettre en place un millier de projets d'agrégation à l'horizon 2020.

Quelle définition donnez-vous à l'agrégation ?

L'agrégation, c'est le rapprochement des opérateurs qui étaient séparés, à savoir le producteur, le transformateur et le distributeur. Auparavant, la production du producteur passait par plusieurs intermédiaires qui s'accaparaient de la valeur ajoutée. Le groupement entre opérateurs va permettre d'éliminer les intermédiaires et créer un partenariat entre l'agrégateur qui a un marché, qui connaît les besoins du marché et le marché. le producteur va bénéficier d'un encadrement approprié. L'agrégateur connaît en effet les besoins du client et le producteur va cibler sa production. Nous y gagnerons en termes de qualité. Troisième point et non des moindres, notre agriculteur va pouvoir accéder au financement par le biais de l'agrégateur qui est son accompagnateur et qui facilite l'accès au financement..
Jusqu'à présent les agriculteurs qui accédaient au financement ne dépassaient pas 18%. Nous avons signé à l'occasion des 3e assises de l‘agriculture à Meknès une convention avec le Crédit agricole pour financer les projets d'agrégation.
Pour encourager cette organisation, le département de l'agriculture a mis en place un système d'incitation qui profiterait aux agrégateurs et aux agrégés.

Vous évoquiez des pays qui se sont donné des lois en matière d'agrégation. Pouvez-vous citer des exemples?

L'Allemagne où 82% de la production passe par des systèmes d'agrégation. Pratiquement tous les agriculteurs allemands sont liés à des réseaux de production. Aux Etats-Unis où il existe pourtant de grandes surfaces d'exploitation, les producteurs ont vu l'intérêt de se regrouper pour être plus forts. Au Maroc, 70% de nos agriculteurs ont moins de 5 hectares et le morcellement est très grand. L'agrégation est justement un moyen de contourner cette problématique de morcellement ; il faut aussi souligner que cette pratique existait déjà chez nous et à partir des expériences réussies au Maroc comme celles des coopératives COPAG dans le Sud ou la filière sucrière et laitière, nous avons conçu un modèle.

Quels sont les effets immédiats de ce modèle d'agrégation ?

Les effets immédiats, c'est le développement de l'agro-industrie qui est une locomotive de l'agriculture dans les pays développés ; nous constatons aujourd'hui un essor remarquable de l'agro industrie. Nous avons également des projets d'agrégation pour les filières céréales.

Quels sont les premiers résultats de la troisième opération de cession des terres que vous avez lancée ?

Tous les opérateurs intéressés ont encore jusqu'au 25 juin pour manifester leur intérêt et participer à cette opération. Nous mettons sur le tapis du partenariat 20 000 hectares répartis sur toutes les régions sous forme de 280 projets, l'objectif étant de valoriser le patrimoine détenu par l'Etat. Nous allons voir avec le département de l'Intérieur la possibilité également de valoriser les terres collectives.

Qu'en est-il pour la petite agriculture ?

Nous avons lancé une centaine de projets concrets et nous considérons que la réussite du Plan Vert passe par le développement de cette agriculture. C'est la première fois où nous avons une stratégie qui intègre une politique pour l'agriculture à haute valeur ajoutée et une politique pour la petite agriculture. Quand on a une politique pour tous les agriculteurs, ce sont ceux qui sont le mieux placés qui bénéficient de la valeur ajoutée. Aujourd'hui, il y a une politique de la petite agriculture qui interpelle fortement les pouvoirs publics. Si je devais symboliser l'action de ‘l'Etat, je dirais que nous sommes à 25% Etat et 75% privé et pour la petite agriculture, nous sommes à 70% Etat et 30% privé. Nous avons en fait et pour rester dans la symbolique, un véritable plan Marshall pour chaque région pour les petits agriculteurs pour leur permettre de s'en sortir

Un mot sur les agropoles ?

Nous avons un fort développement de l'agro-industrie dans notre pays. Ce développement ne doit pas être fait dans l'anarchie mais dans l'optimisation de tous nos moyens. Le Plan Maroc vert a prévu dans ce sens, l'implantation de 6 agropoles au niveau des grandes régions. L'agropole de Meknès réalisée par la filiale de la CDG MED Z est déjà au stade de la commercialisation. Sa Majesté le Roi a lancé celle de Berkane, l'agropole de Tadla est en phase d'études, il y a l'agropole pour Souss Massa, et enfin pour les régions du Haouz et du Gharb. Ces agropoles vont assurer le maillage de toute l'agro industrie au niveau du Royaume. Il y aura également la partie pole de Recherche et développement.

L'agropole de Berkane présentée au Souverain par Anass Alami, DG de la CDG qui s'étend sur 102 hectares disposera en fait d'un véritable pôle de compétences ?

L'agropole de Berkane s'étend effectivement sur 102 hectares et concentre sur un même site, une plateforme de regroupement, de commercialisation et de distribution des fruits et légumes, une plateforme de regroupement, de commercialisation et de distribution pour les viandes rouges et blanches, un parc industriel pour la transformation des produits agricoles et enfin une zone logistique de 15 ha. Le pôle comprendra également selon les informations de Mr Alami, une zone de services, un espace dédié à la formation et à la recherche, avec laboratoires, centre de conférences ainsi qu'une zone commune de support dédiée aux activités tertiaires.
Quatre hectares d'espaces verts sont également prévus dans ce projet respectueux de la protection de l'environnement. A travers ses différentes composantes, le pôle vise à améliorer la valorisation des filières clés de la région de l'Oriental que sont l'arboriculture, les cultures maraîchères et les viandes. Il s'intègre également de façon complémentaire à la stratégie touristique développée à l'échelle régionale, en particulier pour répondre aux besoins de la station de Saïdia qui se situe à dix kilomètre du pôle. L'investissement global est estimé à 1,25 milliard de Dirhams, dont 250 millions pour le développement des infrastructures. Il permettra la création, à terme, de 5000 emplois Directs. Ce projet va pouvoir drainer un investissement d'au moins 1,3 milliard de DH, le coût de l'aménagement sera de 350 millions de DH pour faire de cette agropole un exemple de réussite de valorisation des produits de l'Oriental qui est une grande région agricole. D'autres projets d'agrégation ont été lancés pour le bénéfice des 3500 agriculteurs de la région et porte sur le conditionnement et la plantation d'unités.
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