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«Notre but est d'intervenir dans tout ce qui sert le développement d'une manière générale»

La Fondation Sidi Mchiche Alami travaille beaucoup plus sur l'éducation et l'enseignement qui représentent 50% de ses activités. Elle aide, ainsi, les élèves démunis à travers un budget de l'ordre de 75 mille dirhams réservé à cette action.

«Notre but est d'intervenir dans tout ce qui sert le développement d'une manière générale»
Le Matin : Quelles ont été les principales lignes directrices de la Fondation Sidi Mchiche Alami depuis sa création ?
Dr Mustapha Mchiche Alami :
Mes ancêtres ont toujours pratiqué du mécénat individuel sur le plan de l'éducation, de l'enseignement, de la santé, de la culture et autres. J'ai suivi un peu cette activité. Mais, à un moment donné, et plus précisément à partir de 1994, j'ai pensé à la création de la Fondation pour avoir un cadre juridique d'une ONG à travers laquelle on peut agir d'une façon plus crédible.
Notre objectif est tout ce qui rentre dans le développement d'une manière générale, c'est-à-dire social, culturel, éducatif, au sein des quartiers démunis, des zones oubliées,… comme on essaye aussi d'aider les associations actives dans ce sens.
Au départ, nous avons travaillé un peu partout au Maroc. Mais après, nous avons focalisé nos forces sur Kénitra et la région du Gharb, vu que nous n'avons pas assez de moyens pour nous étendre partout. Je pense que c'est déjà énorme pour nous, car cette région a beaucoup de besoins.

Comment procédez-vous pour remplir cette noble mission ?

Nous procédons par un autofinancement, c'est-à-dire nous agissons avec nos propres ressources financières avec la collaboration de plusieurs volontaires qui se chargent de certaines missions. Ces derniers nous sont d'une grande utilité.

Vos actions sont multiples. Quelles sont celles que privilégie la Fondation ?

Nous travaillons beaucoup plus sur l'éducation et l'enseignement qui représentent 50% de nos activités. Nous aidons, ainsi, les élèves démunis avec un budget de l'ordre de 75 mille dirhams réservé à cette action.
Dans ce même domaine de l'enseignement, nous avons créé des bibliothèques au sein des écoles et lycées des quartiers populaires, construit ou instauré des écoles rurales, entre autres.
Cela fait 10 ans que la Fondation octroie des bourses pour les étudiants nécessiteux et brillants de l'Université Ibn Tofail de Kénitra. On est arrivé l'année dernière à 74 bourses pour étudiants, dont une vingtaine préparent leur doctorat. Nous continuons à suivre tous ceux qui travaillent bien et ont de bons résultats. Chaque année, nous avons entre 150 et 200 demandes.
Nous avons aussi établi des conventions de partenariat avec l'université d'Algare au Portugal et de Séville en Espagne pour un échange d'étudiants.

Qu'en est-il du domaine de la santé ?

Sur le plan de la santé, notre contribution se concentre principalement sur l'aide des malades, soit pour leur hospitalisation, les frais des médicaments, les radios ou les opérations chirurgicales. Nous avons même, parfois, envoyer des malades pour des opérations à l'extérieur.

Où en est arrivé votre projet du centre d'hémodialyse ?

Ce projet est tombé à l'eau, vu les difficultés et les obstacles que nous avons rencontrés pour le réaliser. Notre requête n'a jamais eu de suite de la part du ministère de la Santé, malgré notre dossier bien ficelé et notre volonté pour la réalisation de ce centre. Nous avons été complètement découragés. Ce qui nous a poussés à laisser tomber cette idée.

Un projet sur le tourisme culturel local vous tient tant à cœur. Quelle en est la raison?

La région du Gharb regorge de sites historiques préromains, romains et islamiques qui ne sont pas très connus. Il y a une bonne vingtaine d'années, je me suis penché sur cette affaire en faisant une étude qui a mené à un livre, puis à l'idée de concevoir l'avenir culturel et touristique de ces lieux.
A partir de là, c'est-à-dire depuis 1995, j'ai pris contact avec le ministère de la Culture pour lui faire part de ce projet. J'avais parlé au ministre de la Culture de l'époque qui fut enchanté par le projet. Nous avons fait quelques réunions ensemble, en présence de responsables de la Culture pour voir comment programmer certaines actions dans ce sens sur le plan du tourisme culturel. J'ai proposé de faire une étude de diagnostic et un inventaire par des spécialistes. Elle a été réalisée en collaboration avec l'UNESCO.
La 2e étape concernant une étude économique a été lancée par le ministère de la Culture avec beaucoup de retard (5 ou 6 ans plus tard). L'objectif était de créer des postes d'emploi pour les jeunes, d'aider au développement de la femme rurale, etc.
Quelques institutions étrangères étaient même disposées à nous aider. Mais, notre ministère n'a plus donné signe de vie.
C'est pour cela que la régionalisation est très importante dans notre cas, car un ministre qui a tout le Maroc à gérer ne peut connaître les priorités de chaque région.

Votre Fondation donne, aussi, beaucoup d'importance au volet culturel. Est-ce que vous faites cela pour pallier le manque culturel flagrant dans votre région ?

En effet, à Kénitra et dans tout le Gharb les événements culturels et artistiques sont très rares. Donc, nous essayons par le biais de notre Fondation d'organiser quelques activités tout au long de l'année, notamment des conférences, des soirées musicales, des expositions, dont celle que nous avons organisée cette année sur l'héritage andalou.
Nous avons beaucoup d'artistes, mais malheureusement ils ne trouvent pas d'opportunité pour se produire et s'épanouir.
Sur le plan religieux, nous organisons un concours de psalmodie du Coran chaque année où tous les sélectionnés reçoivent des Prix, chacun en rapport avec son classement au sein de la compétition. Nous programmons aussi des conférences religieuses et des soirées de Amdah nabaouiya dans une douzaine de mosquées avec l'accord du Conseil des Ouléma. Comme nous sommes en train de préparer un festival du Melhoune pour l'année prochaine.

Quels autres projets êtes-vous prêts à réaliser dans un futur proche ?
J'ai un grand projet de musée à Kénitra où seront exposées mes collections sur l'histoire de Kénitra en photos très rares, dela guerre de Tétouan, que j'avais rassemblées depuis plusieurs années. Une aile que je veux réserver
pour l'héritage andalou que j'apprécie plus particulièrement, une autre pour les arts plastiques, la calligraphie, les objets et pièces de l'artisanat ancien de différentes régions du Maroc, ainsi que des bijoux et beaucoup de livres historiques très précieux.
Tout est là pour offrir un beau musée à la ville de Kénitra. Ce projet attend seulement l'accord et la bénédiction du wali de Kénitra pour se mettre sur les rails.

Parcours d'un grand mécène

Natif de Kénitra en 1932, le Dr Mustapha Mchich Alami est titulaire d'un doctorat en sciences économiques (Université Georgetown de Washington) et d'un diplôme d'ingénieur agronome de l'Ecole supérieure des ingénieurs et techniciens pour l'agriculture de Paris.
Cet homme aux qualités morales et professionnelles exceptionnelles a occupé plusieurs postes au ministère de l'Agriculture de 1956 à 1957 et au ministère des Affaires étrangères, où il a été en poste à Paris, New York et Washington de 1957 à 1961. Le Dr Mustapha Mchiche Alami a, aussi, été fonctionnaire à la Banque mondiale à Washington et expert auprès de l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) à Vienne.

Il a, également, été membre de plusieurs associations nationales et internationales, notamment l'association des économistes marocains, la jeune chambre économique internationale et l'association française des scientifiques et ingénieurs.Au niveau local, il a été élu membre du conseil de la commune urbaine de la ville de Kénitra en 1992 et du Conseil de la région du Gharb-Chrarda- Beni-Hssen en 2003 et député de 2002 à 2007.
Le Dr Mustapha Mchich Alami a publié plusieurs ouvrages et études dans le domaine économique et la régionalisation, dont celui paru, en 1996, sous le titre « région+démocratie=développement». Il a toujours défendu la régionalisation en tant que modèle de développement durable.
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