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Les cimentiers mobilisés pour la protection de l'environnement

Les cimentiers, mobilisés pour la protection de l'environnement, sont prêts pour la revalorisation des déchets. Les professionnels seraient disposés dans le cadre d'un partenariat public-privé à promouvoir l'émergence de filières spécialisées (huiles, pneus, déchets plastiques, ménagers…). Un accord-cadre est fin prêt pour la signature. Détails.

Les cimentiers mobilisés pour la protection de l'environnement
Mohamed Chaïbi
Le Matin : Mettre en commun les efforts de toutes les parties, collectivités locales, communes, administration, cimentiers, c'est le message que l'on retient de votre dernière Convention. Mais pour quel objectif ?
Mohamed Chaïbi :
Après un partenariat plus que décennal, nous voudrions nous entretenir de la possibilité de mettre en commun nos efforts pour l'émergence de filières de valorisation des déchets prenant en compte divers aspects : réduction des enfouissements, traçabilité, élimination sans reste, prise en compte des aspects sociaux (informel) …

Au cours de la Convention, vous avez procédé à un benchmarking sur les procédés utilisés, mettant en avant la solution du four cimentier. Quel est l'avantage de cette solution ?

Le four est une arme fatale de destruction totale des déchets sans reste ni résidu et sans émissions nocives car à 1.450° C, avec une température de flamme de 2.000°C et après six secondes de séjour dans le four, tout est transformé moléculairement.
Le four cimentier peut devenir un auxiliaire des Collectivités Locales pour éliminer les déchets. C'est le cas de la Norvège qui n'a plus besoin de ciment que pour la réfection et la maintenance, mais qui garde une capacité de 3MT pour éliminer ses déchets ; c'est le cas du Japon qui, pour une tonne de ciment produite, exige d'éliminer 440kg de déchets. En Europe, le taux de substitution aux combustibles fossiles atteint 30 à 70%. Par ailleurs, certaines communes en France s'opposent à la fermeture de cimenteries locales car elles leur servent d'incinérateurs de haute performance.

Qu'en est-il au Maroc ?

Au Maroc, après l'abandon du fuel et du charbon, les cimenteries utilisent le Petcoke qui est en fait un déchet (résidu de raffinage). Depuis 2004, ce sont 60.000 à 100.000T de pneus déchiquetés importés qui sont utilisés contre seulement 10.000T de déchets locaux. C'est dommage pour la facture énergétique (97%) et c'est dommage pour l'environnement où 6,5 MT d'ordures ménagères s'ajoutent chaque année à 1,3 MT de déchets industriels dont 250.000T sont des déchets dangereux (huiles usées, solvants, pneus, plastiques…).

Les cimentiers ont toujours joué le rôle de pionniers en matière de réflexion pour la préservation de l'environnement. Peuvent-ils aujourd'hui devenir des éco-dépollueurs ?

Tout à fait, L'expérience acquise avec les déchets importés et co-incinérés, les équipements et plateformes mises en place (1 milliard de dirhams investi depuis 1997 - année de signature de la première Convention de mise à niveau du secteur avec le Ministre de l'Environnement) permettent aujourd'hui aux cimentiers marocains d'être des éco-dépollueurs de premier ordre. Ils ont la capacité technique et peuvent éliminer en four de cimenterie jusqu'à 3 MT de déchets dont 2 MT de déchets ménagers contribuant aussi à alléger l'enfouissement dans les décharges et à augmenter la durée de vie de celles-ci (avec économie sur le foncier) et 1MT de déchets industriels dont une bonne partie contenue dans le Catalogue marocain des déchets dangereux pris par décret et publié récemment. Concernant certains déchets dangereux, les PCB par exemple, en 2006 une mission et un rapport de l'ONUDI recommandaient de les éliminer sur place, dans les cimenteries marocaines au lieu de les réexporter pour destruction au prix exorbitant de 2.000 à 3.000 $ par T. Depuis, les groupes cimentiers présents au Maroc ont testé avec succès l'élimination des PCB dans certaines cimenteries en Amérique Latine et en Asie.

On se rend compte ces derniers mois d'une réelle prise de conscience des problèmes de l'environnement. Mais y a-t-il au Maroc une réelle prise en compte de la problématique des déchets ?

La problématique des déchets au Maroc est prise en compte par de nombreux programmes nationaux : programme national des déchets ménagers doté de 37 milliards de DH, projet de décharges contrôlées de la Banque mondiale (150M$), projet sur les flux de déchets industriels de la GTZ, projet Eco–entreprises parrainé par la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement et la Commission du développement durable de la CGEM…Tous les ingrédients sont là et l'Administration est sollicitée pour accompagner et organiser le mouvement en encourageant la mise en place de Collectifs, de structures de gestion de filières spécialisées (pneus, huiles, plastiques…) associant industriels et éco-dépollueurs (cimentiers), en promulguant, les textes réglementaires et en mettant en place des mécanismes de financement du type écotaxes ou - s'il y a des difficultés au niveau du ministère des Finances ! - tout simplement des éco-contributions ou éco-compensations prélevées sur le prix d'acquisition du bien qui deviendra déchet en fin de cycle de vie.
Les préoccupations pour l'élimination écologique des déchets et plus généralement pour l'environnement, l'énergie, les ressources naturelles, la qualité, la sécurité concernent au moins 7 départements ministériels associés à un accord-cadre gouvernement/APC élaboré sous la supervision du ministère de l'Environnement et prêt pour la signature. Il ouvrira la porte à des contrats-programmes sectoriels avec chacun des ministères signataires.

Que retenez-vous des débats de la convention de l'APC ?

La qualité des débats avec des échanges francs et fructueux qui ont eu lieu.
Les parties prenantes présentes ont exprimé leurs points de vue et fait part de leurs engagements possibles et de leurs attentes.
Elles seraient prêtes dans le cadre d'un partenariat public-privé à promouvoir des filières spécialisées.
La mise en place des filières envisagées (huiles, pneus, déchets plastiques, ménagers…) repose, d'après moi, sur quatre éléments : la création de Collectifs entre industriels, éco-dépollueurs (cimentiers) et l'Administration, la mise en place de structures de gestion à but non lucratif regroupant –par filière- les mêmes parties concernées, l'accompagnement par des textes réglementaires et institutionnels ainsi que la mise en place de mécanismes-souples-de financement sous forme d'éco-contributions ou éco-compensations.
Les cimentiers marocains qui sont mobilisés depuis 1995 pour la protection de l'environnement et le Développement Durable s'engagent solennellement à appuyer toute initiative allant dans ce sens.
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