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Encore du chemin à parcourir

Encore du chemin à parcourir
Le nouveau code du travail a fixé l'âge d'admission au travail à 15 ans révolus.
Le monde entier, y compris le Maroc, a célébré, samedi dernier, la journée mondiale de lutte contre le travail des enfants. Une journée placée sous les projecteurs après la sonnette d'alarme tirée par l'Organisation Internationale du Travail (OIT), suite au rapport global du Bureau National du Travail (BIT) sur le travail des enfants, publié en mai dernier.
Le BIT a indiqué que le nombre mondial des enfants qui travaillent a reculé de 222 à 215 millions, soit une baisse de 3 %, au cours de la période 2004 à 2008, qui montre un «ralentissement du rythme de réduction à l'échelle globale». Le rapport souligne également que la crise économique mondiale pourrait «freiner davantage» le progrès vers le but d'éliminer les pires formes de travail des enfants d'ici 2016.

Alors que la communauté internationale scande "droit au but: éliminons les pires formes de travail des enfants d'ici 2016", slogans de la journée, on peut se poser quelques questions. Qu'en est-il en de la situation au Maroc? La lutte contre le travail des enfants constitue-t-elle une priorité chez nous? Pourquoi le dispositif législatif tarde-t-il à voir le jour? Et quelles sont les formes visibles et invisibles du travail des enfants au Maroc ? Le travail des enfants est observable dans tous les domaines, agriculture, artisanat, ateliers, travail domestique Le Maroc s'est engagé à lutter contre le travail des enfants. Il a ratifié deux conventions internationales en 2001, et le nouveau code du travail a prohibé le travail des enfants de moins de 15 ans. Il a même fixé des mesures légales contre le travail des enfants. Cependant, cette pratique reste très répandue et cela fait quatre ans qu'une loi relative au travail des enfants tarde à venir. «Malheureusement c'est le cas, mais je suis très optimiste», souligne Meriem Othmani, présidente de l'Institution Nationale de Solidarité avec les Femmes en Détresse (INSAF) qui soutient les femmes et les enfants en détresse en luttant contre l'abandon des enfants, en favorisant la réinsertion familiale et socioprofessionnelle des femmes et en luttant contre le travail des enfants.

Et de préciser: «On sent qu'il y a un grand changement grâce aux actions menées par les associations, ainsi que la volonté du ministère du Développement Social, de la Famille et de la Solidarité ainsi que celui de l'Emploi et de la Formation professionnelle pour lutter contre le travail des enfants».
Meriem Othmani a rappelé que le principal acquis dans ce domaine est la réalisation en 1999 d'un plan d'action national et des plans sectoriels de lutte contre le travail des enfants. «La loi, qui a été révisée en 2000, insiste sur la scolarisation obligatoire des enfants, interdit le travail des moins de 15 ans et prévoit des sanctions sévères envers ceux qui transgressent cette loi. Il ne reste qu'à veiller à l'application ferme des textes pour éradiquer le travail des enfants», confirme-t-elle.

De son côté, Najia Adib, présidente de l'association "Touche pas à mes enfants" est moins optimiste. « La loi risque de s'éterniser encore d'avantage. Les ONG, associations mondiales et nationales ont rallié leurs voix pour dénoncer un état de fait préjudiciable aux droits des enfants au Maroc», précise-t-elle. Le nouveau code du travail a fixé l'âge d'admission au travail à 15 ans révolus.
Il a interdit par l'occasion le travail dangereux et donne une liste de travaux interdits aux enfants. Cette nouvelle législation prévoit des sanctions pour le non respect de l'âge minimum d'admission au travail.
Il s'agit d'amendes de 25.000 à 30.000 DH. En cas de récidive du non respect de cet âge minimum, la pénalité est doublée et peut être associée à une peine d'emprisonnement pour une période variant entre 6 jours et 3 mois. En plus de la législation, il faut donner de l'importance à la prévention du travail des enfants en luttant surtout contre la pauvreté et la précarité. Il reste par ailleurs primordial de miser sur l'éducation en donnant beaucoup plus d'importance aux programmes de lutte contre l'abandon scolaire.

Car cela va de pair avec la baisse du travail des enfants. Cela passe aussi et surtout par un travail de fond qui vise à sensibiliser et à favoriser un changement des mentalités vis à vis de ce phénomène qui vole l'enfance du pays. Enfin, il convient de préciser que le travail des enfants n'est pas un phénomène pouvant être traité de façon isolée. Il est à la fois une cause et une conséquence de la pauvreté et du faible niveau de protection sociale. Le travail des enfants entraîne la précarité des emplois et contribue, plus au moins, à augmenter le chômage. Ainsi, des enfants privés d'éducation et des adultes privés d'emploi condamne l'avenir de toute une société.

Statistiques et réalité

Le Haut Commissariat au Plan a publié, à l'occasion de cette journée, quelques données relatives au travail des enfants au Maroc et au progrès que réalise le pays afin d'éradiquer ce fléau grâce en particulier à l'élargissement de l'accès à la scolarisation. Ces données sont fournies par une enquête sur l'emploi qui touche annuellement un échantillon de 60.000 ménages représentant l'ensemble du territoire national et des couches sociales et permettant un suivi fin de l'évolution et des caractéristiques du travail des enfants. Cette enquête a révélée que le travail des enfants âgés de 7 à moins de 15 ans concerne 170.000 personnes en 2009, soit 3,4% de l'ensemble des enfants de cette tranche d'âge, lit-on dans le communiqué.

Ce phénomène, selon les données du HCP, a connu une forte régression depuis 1999, date à laquelle ils étaient au nombre de 517.000 et représentaient 9,7% de l'ensemble des enfants de 7 à moins de 15 ans. En milieu urbain, le nombre d'enfants qui travaillent s'élève à 19.000 en 2009, soit 0,7%, contre 2,5% en 1999, des enfants citadins de 7 à moins de 15 ans. En milieu rural, ce nombre s'élève à 151.000, ce qui représente 6,4%, contre 16,2% en 1999, selon les données qui figurent dans le même communiqué.

Il reste beaucoup à faire pour éradiquer ce fléau. La société civile et les associations qui défendent les droits des enfants s'impatientent et plaident pour que la loi sorte des tiroirs du Secrétariat Général du Gouvernement.
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