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Le grand chaos!

Il est 9h15. Un quart d'heure exactement après l'entrée des fonctionnaires. Tout au long de l'avenue Patrice Lumumba jouxtant le quartier des ministères à Hassan, Rabat, une longue rangée d'automobiles stationnées s'étend à perte de vue. Ces dernières impressionnent tant par leur nombre que par leur positionnement.

Le grand chaos!
Un R'bati réfléchit mille fois avant de sortir sa bagnole du garage.
De différents gabarits, les véhicules occupent tout le trottoir et rognent même sur la voie publique, gênant ainsi la circulation et des piétons et des automobilistes.
Il est maintenant 10h, même lieu. Certains fonctionnaires, arrivant en retard et ne trouvant pas de place vacante au parking plein à craquer, «garent» sans vergogne leurs machines pratiquement au beau milieu de la route ou dans une mauvaise position, pour ne pas avoir à trop s'éloigner de leurs lieux de travail. Cela dégénère en de fréquentes frictions avec les gardiens. Sur un ton plaintif, Aziz, gardien du parking, s'exprime sur sa mission qu'il qualifie d'«impossible».

« Le quartier Hassan est connu au niveau de Rabat pour abriter des ministères, des administrations et des services sociaux. Il est normal de ce fait qu'il connaisse un mouvement non-stop des automobilistes. Ce qui n'est pas normal, c'est qu'il soit doté d'une aire de stationnement des plus exigües. Les automobilistes perdent cela de vue lorsqu'ils veulent garer leurs voitures sans plus attendre et sans faire de concessions. Et c'est à moi bien entendu de leur trouver la perle rare. En fin de compte, il est impossible de satisfaire tout le monde ». Ce n'est là qu'un exemple parmi d'autres qui en disent long sur l'état vraiment chaotique des parkings de la capitale administrative.

A l'origine de la crise, le grand écart entre l'offre et la demande au premier chef. Les quelques milliers de places réservées au stationnement sur voirie croulent sous le poids de la demande effrénée, d'où des parkings débordés dans les grandes artères de la capitale : le quartier administratif, le centre-ville et l'Agdal en particulier.

C'est ce qui fait qu'un R'bati réfléchit mille fois avant de sortir sa bagnole du garage, puisque conscient que lui trouver une place relève du parcours du combattant. El Houri Bouzekri, chef de division des collectivités locales et chargé du dossier à la wilaya de Rabat-Salé-Zemmour-Zaers, est direct : « Les problèmes de stationnement à Rabat résultent essentiellement du manque d'espace sur voirie.

C'est pourquoi la tendance actuellement est à l'aménagement de nouveaux parkings et à l'extension de ceux existants, notamment aux quartiers Agdal et Souissi. De même, des projets d'aménagement de nouveaux parkings souterrains sont en cours d'étude». Rabat dispose d'ores et déjà de trois, situés dans les quartiers les plus huppés : Hay Ryad, la place Moulay El Hassan et El Mamounia. L'intérêt de tels parkings n'est plus à prouver à l'heure où les espaces de stationnement en surface sont devenus complètement saturés. Mais ce ne sera pas pour autant la panacée, puisque la « crise » actuelle de stationnement n'est pas seulement une question d'espace. Il faut encore s'interroger sur la gestion faite des parkings (payants et gratuits), notamment pour ce qui est des modalités de traitement des contraventions et de sanctions des contrevenants.

Soulagement
Les R'batis ont poussé un grand « ouf » de soulagement après que l'usage des sabots ait été restreint, dans la perspective de l'annuler définitivement. Mais cela n'a pas mis un terme à leur calvaire. La semaine dernière, Khadija, 29 ans, s'est vu infliger une amende de 300 dirhams, plus 200 dirhams de dépannage et de récupération de la fourrière, suite à son stationnement dans une zone interdite à Bab El Had au centre-ville. Et pourtant, elle décline toute responsabilité dans cette infraction.

«Comment pouvais-je savoir qu'il s'agissait d'une zone interdite, alors qu'aucun panneau de signalisation n'était là pour l'indiquer ? En plus, le trottoir n'était pas marqué en rouge et blanc comme cela est mentionné dans les zones interdites au stationnement. Imaginez donc toute ma surprise lorsque je suis revenue avec mes enfants chercher la voiture, et que je n'en ai trouvé aucune trace ! Ça m'a fait l'effet d'une douche froide », raconte la jeune femme qui garde encore un arrière-goût d'amertume de cette expérience pénible.

Moralité de l'histoire : avant d'astreindre les gens à respecter la loi en matière de stationnement, il faut veiller à ce que les aires de stationnement, elles-mêmes, soient équipées de manière à leur faciliter la vie, puisqu'enfin, «à l'impossible nul n'est tenu ». Par équipement, on entend panneaux de signalisation, vidéosurveillance, dispositif de sécurité, etc.

Bref, le strict minimum nécessaire au fonctionnement d'un parking qui soit digne de ce nom et surtout qui soit conforme aux standards internationaux. On ne peut aborder les problèmes de stationnement à Rabat sans s'interroger sur le rôle des gardiens dans la gestion optimale des parkings. Ces salariés sont censés faciliter l'existence aux automobilistes, mais il n'en est rien dans les faits. Pour une partie d'entre eux, chaque personne au volant est une mine d'or potentielle qu'il faut exploiter à fond. « Ils cherchent par tous les moyens à te soutirer de l'argent, sans même te rendre de service en contrepartie. C'est de la mendicité masquée ni plus ni moins », s'indigne Noureddine, employé d'une agence de communication basée à Rabat.

Le pire, c'est que n'importe qui peut coiffer la casquette de gardien et en tirer des choux gras. D'autant plus que les gardiens de parkings au Maroc ne disposent d'aucun statut légal, hormis celui de salariés de sociétés privées, comme le fait remarquer Loubna, journaliste.

« En France, ce sont des membres de la police civile qui assurent la garde des parkings. Ils s'y prennent de manière professionnelle et «clean». Par exemple, avant de mettre des sabots ou d'infliger n'importe quelle autre sanction aux contrevenants, ils dressent des procès-verbaux en bonne et due forme.

Ce n'est malheureusement pas le cas dans notre pays où les exemples de gardiens faisant de l'abus de pouvoir ne manquent pas ». Ce n'est donc pas un hasard si le stationnement constitue l'une des plus grandes zones d'ombre à Rabat, à côté du transport en commun.
Décidément, CG Park, la nouvelle société concessionnaire entrée en fonction depuis le 15 octobre, aura du pain sur la planche…

Rabat Parking passe la main...

Depuis le 15 octobre, la gestion du parc horodateurs de la capitale incombe légalement à une société de développement local (CG Park, filiale de la CDG) qui succède ainsi à Rabat Parking en charge du secteur depuis 1997.
La nouvelle société concessionnaire est appelée à prendre d'énergiques résolutions pour réorganiser le secteur et en repenser l'architecture et la gestion, puisqu'en somme, c'est là où le bât blesse. Selon El Houri Bouzekri, chargé de ce dossier à la wilaya de Rabat-Salé-Zemmour-Zaers, le baptême de feu de CG Park s'effectuerait au niveau réglementaire. La tendance est à se passer des fameux sabots dont l'usage a suscité l'année dernière une levée de boucliers chez les automobilistes, et d'instituer à leur place des amendes tournant autour de 400 dirhams. L'autre mesure-phare sur laquelle le conseil d'administration de la société devra trancher se rapporte à la généralisation des horodateurs sur toutes les artères de la ville de Rabat. A noter que le Conseil municipal de la ville a tenu une réunion plénière, vendredi dernier, pour fixer les modalités de concession du parc horodateurs à CG Park.
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