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«Nous connaissons une reprise certaine depuis le début d'année»

Le marché du sable se porte bien malgré la concurrence déloyale qui sévit dans ce secteur. Grâce à la relance des logements sociaux et des chantiers d'infrastructures, la reprise est là. Les entreprises se structurent de plus en plus pour répondre à la demande avec un sable de qualité. Reste que la menace serait de laisser ce domaine dans l'informel au risque de piller encore plus nos plages et de limiter les recettes de l'Etat.

«Nous connaissons une reprise certaine depuis le début d'année»
Le MATIN : Comment se portent les ventes du sable? Et comment se présente la demande par région et par produit ?

Hassan Jai : En se référant aux sociétés de la place, nous connaissons une reprise certaine depuis le début d'année, et ce pour tous les types de sable: le sable fin de dimension 0/1 mm pour les enduits et la correction du béton et le sable 0/5 mm pour le béton.
Néanmoins, en termes de chiffres nationaux, nous ne pouvons pas donner de chiffres, du fait des ventes informels non déclarés majoritaires dans ce secteur. Par contre, si nous nous referons à l'évolution des ventes de ciment pour les 4 premiers mois de 2011, et vu que le ciment et le sable composent un couple indissociable pour confectionner le béton, la reprise est là.

Où en est la mise en œuvre du plan d'action 2010-2011 de l'APS ?

Nous nous sommes engagés sur deux choses: la première consiste à promouvoir un comportement professionnel et citoyen et une culture de respect de la qualité, de la sécurité et de l'environnement. En termes de qualité, nos membres ont tous une charte qualité dans laquelle la direction s'engage à donner les moyens pour que la qualité soit garantie. Ces moyens souvent menés par des directions ''qualités indépendantes de la production avec des équipements et des laboratoires'' qui jouent le rôle du garde-fou de la qualité.
En matière de sécurité et environnement, les cahiers des charges d'exploitation des carrières spécifient une démarche à suivre et nous sommes dans l'obligation de la respecter. Nos membres font même plus car plusieurs de leurs carrières disposent de la certification ISO 14001.
Par ailleurs, nous nous sommes engagés à respecter le nouveau code de la route qui stipule la responsabilité du transporteur dans la surcharge de la marchandise et donc nous nous limitons dans nos chargements au poids total des camions, ce qui revient à charger pour les semi-remorques 17 m3. Ceci au moment où nos concurrents dépassent ce volume de 50%, ce qui induit une concurrence déloyale, mais nous tenons bon car nous sommes sûr que l'avenir proche est celui du secteur formel.
Le second chantier vise à établir une cartographie du secteur en vu de déterminer les besoins et les disponibilités du sable. En 2008, une Commission multidisciplinaire s'est penchée sur la problématique du sable devant définir et mettre en place une stratégie à même de solutionner durablement les approvisionnements en cette matière primordiale pour la construction.
Cette commission était composée de professionnels du BTP regroupés au sein de la CGEM et de la société civile représentée par la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement.
Cette initiative s'inscrivait en droite ligne avec les travaux réalisés par le Comité technique interministériel « Sables et dunes côtières », créé en 2005 et œuvrant pour la recherche de solutions alternatives et durables pour le sable de construction.
L'analyse de la problématique a abouti à l'obligation de réaliser une étude exhaustive sur les sables qui devrait capitaliser sur tous les travaux et actions menés, que ce soit par les pouvoirs publics ou par le secteur privé.

Justement, quand cette étude sera-t-elle prête ?

Partant de ce constat, la Fédération des industries des matériaux de construction (FMC) et l'Association des professionnels du sable (APS) se sont engagés à mener à terme cette étude en 2010. Cette étude est aujourd'hui finalisée. Il y est démontré la pérennité d'une solution alternative à l'utilisation du sable de dunes dans la construction. Ainsi, l'alternative est pérenne par la disponibilité du potentiel en sable marin dragué et du sable de roches massives concassé.
Elle est également durable car les sables alternatifs répondent aux critères normatifs des bétons et donc de la construction. Enfin, elle est économiquement viable du fait du coût compétitif de la production et donc de la possibilité de l'offrir au marché sans risque d'inflation sur les prix.

Quel est la particularité de ce secteur? Et quels sont les problèmes que confronte le secteur ?

Ce secteur est représenté par deux groupes distincts. Le premier englobe des acteurs structurés qui ont un coût d'exploitation important que ce soit des dragues, des stations de concassage, des stations de lavage et de traitement. Ces acteurs sont contrôlés, respectent les cahiers des charges d'exploitation des carrières et paient pour leur majorité les redevances liées à l'exploitation du sable
Le second groupe est constitué d'acteurs non structurés, notamment présents dans l'exploitation de sable de dunes qui ne subissent pratiquement aucun coût de production. Ceci induit une dégradation de l'environnement par une exploitation abusive des dunes côtières, une concurrence déloyale du fait du coût de production et de poids des taxes incomparables, un manque à gagner pour la collectivité qu'on peut chiffrer aisément, un risque pour l'approvisionnement futur en sable pour les chantiers du fait du frein à l'investissement ainsi qu'un risque d'inflation sur les prix de sable.

Où en sont le processus de mise à niveau technologique et l'industrialisation du secteur ?

Actuellement, l'industrie du sable est en pleine mutation, les entreprises se structurent de plus en plus pour répondre à la demande avec un sable de qualité, notamment les industriels qui investissent en moyens de concassage et traitement de cette matière. La loi sur les carrières 08.01 pour laquelle manque le décret d'application devrait accélérer cette transition.

Qu'en est-il de la dimension écologique et environnementale ?

L'Etat a tranché en 2008 sur le fait que l'exploitation des dunes induit une dégradation du littoral et une destruction des ressources balnéaires. Il a aussi choisi une solution d'approvisionnement mixte en sable : sable marin dragué et sable concassé. Dans le même temps, Il est clair que toute activité industrielle génère des dégradations, le rôle de l'Etat est de réguler et de contrôler les impacts environnementaux, notamment par le biais de l'obligation des études d'impacts avant l'exploitation et du contrôle du process de la production lors de l'exploitation. Pour ce faire, la loi sur l'exploitation des carrières doit être appliquée.

Quelles sont les perspectives du secteur ?

La mise en chantier des infrastructures et des logements, notamment sociaux, induit une forte demande pour le sable. Ceci peut être une menace ou une opportunité. La menace serait de laisser ce secteur dans l'informel au risque de piller encore plus nos plages et de limiter les recettes de l'Etat, cela est de plus en plus improbable du fait de la prochaine promulgation, espérons le, de la pénalisation du vol du sable et de le décret de loi 08.01 qui régira l'exploitation de sable.
L'opportunité est celle de créer une industrie responsable et une filière de distribution performante, avec des prix compétitifs, répondant à la demande et récoltant les recettes fiscales dont a besoin aujourd'hui le Maroc.
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