Menu
Search
Jeudi 25 Avril 2024
S'abonner
close
Jeudi 25 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next L'humain au centre de l'action future

Voyage au cœur de la musique hassanie

A travers la présentation du magnifique ouvrage «Azawan», la musique hassanie, voyage au cœur du Maroc Saharien, du musicologue Ahmed Aydoune, c'est tout le Sud du Maroc qui égrène ses notes culturelles.

Voyage au cœur de la musique hassanie
Lorsqu'elle égrène de sa voix si pure, si cristalline, si légère, les notes et les refrains de sa chanson «Daie, daie, daie» qui s'élèvent au ciel, les cœurs de tous les spectateurs subjugués, battent la chamade. Ce sont des moments magiques, d'une rare intensité et beauté que nous offrent Oumel Ghait Benessahraoui et le groupe swaylam qui se sont produits au siège du Groupe Crédit agricole du Maroc à Rabat, à l'occasion de la présentation du magnifique ouvrage «Azawan, la musique hassanie, voyage au cœur du Maroc Saharien» d'Ahmed Aydoun, qui a déjà produit plusieurs ouvrages sur la musique au Maroc.

Est-ce dû à la magie des lieux, à «ces choses inanimées qui à notre âme s'attachent et la forcent à aimer» ? Ou alors ce sont tous ces bijoux, parures et bracelets, ces melhfa aux couleurs et aux motifs éblouissants, ces objets d'artisanat exposés, produits d'une culture ancestrale du Sahara qui produisent «ce calme, cette beauté et volupté» évoqués par le poète Baudelaire ? Une culture que le musicologue Ahmed Aydoun, pédagogue et directeur de projets et d'événements culturels, a découverte, bribes par bribes, code par code. Il raconte sa relation avec la musique hassanie, avec les familles sahraouies qui l'ont reçu, car dit-il, toutes les choses sont liées dans une sorte de conception cosmogonique et pas du tout linéaire qui s'adapte à l'environnement et au moment donné.

L'environnement que recherchent Ahl sahra, c'est d'abord la tente à laquelle ils sont très attachés et qui leur donne ce sentiment irrépressible de liberté... Il y a ensuite la poésie et la musique raffinées qui entretiennent une relation directe et font partie de la tradition. «Tout un art a été développé au cours des siècles, au sein de la société nomade, meublant les veillées, célébrant les fêtes et occasions solennelles et reproduisant ce sens aigu du détail qui fait la réputation du maure. La richesse rythmique, les canevas métriques complexes et diversifiés, les rimes et assonances musicales, confortent une conception cosmogonique issue d'une pratique qui rejoint à la fois des cultures anciennes et des survivances africaines.»

Le musicologue, très apprécié pour sa connaissance et ses efforts de valorisation des expressions culturelles régionales, décrypte les «chants et interludes instrumentaux qui révèlent une synthèse intéressante de plusieurs éléments langagiers : les musiques arabe, amazighe, et subsaharienne.
Cette synthèse est repérée aussi bien dans le lexique technique, l'organologie instrumentale que dans la construction stylistique et la séquence modale ascendante.»
Un art et une synthèse qui sont aujourd'hui menacés par l'évolution des sociétés nomades qui se sédentarisent. «Les mutations de la société nomade et le passage à l'urbanité, dit-il, ont eu un effet sur la banalisation du concert poético-musical et sur le relâchement de ses règles.

La survie de cet héritage tient au raffermissement de la chaîne de transmission entre les générations de musiciens, et à la revitalisation de la créativité chez les poètes et les musiciens.» Le livre d'«Azawan» est un ouvrage de grande qualité artistique tant dans son texte que dans son iconographie.
Il décrit et rappelle le patrimoine sahraoui et permet ainsi de lutter contre l'oubli. C'est aussi le sens de tous les autres ouvrages de grande qualité publiés par l'Agence du Sud et donc l'objet est de revivifier, revitaliser et rappeler le formidable patrimoine de nos provinces du Sud.
Lisez nos e-Papers