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Les syndicats déclinent leurs propositions

Les syndicats déclinent leurs propositions <BR>
Contrairement à certains partis qui optent pour l'annulation de la deuxième Chambre, les syndicats sont, globalement, pour son maintien en tant qu'institution législative parallèlement au Conseil économique et social.
Après les partis politiques, ce fut au tour des syndicats d'exprimer leurs idées sur la réforme de la Constitution. Incontestablement, la valeur ajoutée que les centrales apportent au débat est avérée dans la mesure où elles s'attaquent à des aspects sociaux et économiques qui concernent la vie de tous les jours. Les syndicats dits représentatifs (UMT, FDT, CDT, UGTM, UNMT) qui ont décliné leurs propositions devant la Commission chargée de la réforme constitutionnelle, mercredi dernier, sont généralement d'accord sur les fondamentaux de la réforme portés par le discours du 9 mars. Contacté, Abderrahmane Azzouzi, SG de la FDT, estime que les syndicats ne peuvent être que pour un certain nombre de principes comme le renforcement des prérogatives du Premier ministre et du rôle législatif et de contrôle de l'action gouvernementale du Parlement, l'indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs, la régionalisation, etc. Contrairement à certains partis qui optent pour l'annulation de la deuxième Chambre, les syndicats sont, globalement, pour son maintien en tant qu'institution législative parallèlement au Conseil économique et social qui est à caractère consultatif.

En plus de cela, la FDT, indique Azzouzi, est pour une monarchie parlementaire à laquelle il ajoute le qualificatif «sociale et moderniste». Il insiste aussi sur l'impératif d'une vraie lutte contre la corruption accompagnée d'une meilleure distribution des richesses. A l'instar des autres syndicats, la FDT veut que les droits des salariés, leur dignité et les libertés syndicales soient garantis par la nouvelle Constitution. Interrogé sur les aspects pointus de sa copie, Mohamed Yatim, SG de l'UNTM, insiste sur le fait que les droits économiques et sociaux doivent être constitutionnalisés. Plus encore, l'UNTM veut plus de rigueur à travers l'inscription dans la Constitution des orientations économiques et sociales sur la base des politiques publiques et en tenant compte des ressources dont le pays dispose. Quant aux institutions de la gouvernance financière, comme la Caisse de solidarité régionale, le Conseil de la concurrence, l'Instance centrale de prévention de la corruption, Yatim estime qu'elles méritent d'être constitutionnalisées. Il est également en faveur de l'élargissement du pouvoir du Parlement en matière de contrôle des deniers publics. Pour ce responsable syndical, le Parlement doit statuer sur les procédures de cession de la propriété publique et contrôler de manière directe les établissements publics. Pour remédier à la saisonnalité du dialogue social, la tendance est en faveur de la constitutionnalisation de ce dernier. Quant à Abdelkader Zayer, membre du bureau exécutif de la CDT, il met l'accent sur le principe de séparation des pouvoirs. Il a précisé à ce propos que le pouvoir exécutif doit être assuré par le gouvernement qui sera également soumis au principe de reddition des comptes.

Le responsable a également fait savoir que la CDT considère que les prérogatives de l'institution monarchique sont liées aux domaines de la défense de l'unité et de l'intégrité du pays, de la définition de la politique étrangère, de la protection des citoyens et de l'arbitrage.
Pour sa part, le SG de l'UMT, Miloudi Moukharik, pense que les problèmes socioéconomiques que connaît une large frange de la population, notamment la classe ouvrière, sont d'origine politique. Et d'ajouter qu'il est nécessaire pour la Constitution de garantir un équilibre entre les prérogatives des organes exécutif, législatif et judiciaire, ainsi qu'avec l'institution monarchique. Moukharik a ajouté que la Constitution doit comprendre un volet économique et social. De ce fait, un ensemble de droits, matériel et moral, pour le peuple marocain, en général, et la classe ouvrière, en particulier, doivent figurer dans la Constitution, indique-t-il. Enfin, pour Hamid Chabat, SG de l'UGTM, les réformes annoncées par le Souverain assoient les fondements d'une nouvelle Constitution visant à renforcer le domaine social, économique, culturel et de développement au Maroc. Devant la Commission consultative de révision de la Constitution, le syndicat a exprimé son attachement à l'institution de la Commanderie des croyants.
Il est par contre pour "la suppression du Conseil des ministres et la préservation du Conseil de gouvernement", l'élargissement des compétences législatives de la Chambre des représentants tout en préservant la composition de la Chambre des conseillers et de la représentativité de la communauté marocaine à l'étranger. Sur ce registre, l'UGTM va plus loin en proposant que le Conseil supérieur des Marocains résidant à l'étranger soit constitutionnalisé.

Des revendications à 43 milliards de DH

Dans le cadre du dialogue social, le gouvernement a fait une estimation de ce que les revendications sociales peuvent coûter. Le ministre des Finances, Salaheddine Mezouar, devait en tout cas présenter, hier devant la commission du secteur public, un exposé sur la question. En tout cas, le total annoncé par l'argentier du pays est de 43 milliards de DH. C'est énorme, mais pas assez aux yeux des syndicalistes. Ces derniers veulent d'abord connaître la manière dont ce montant a été calculé, les détails de sa ventilation et les secteurs et revendications concernés. D'autres voix appellent à définir les priorités. Aujourd'hui, comme nous l'affirme ce syndicaliste, le gouvernement est conscient de l'urgence liée à la question salariale. Mais le gouvernement n'a pas aujourd'hui les moyens de satisfaire toutes les revendications. Il va falloir faire des arbitrages en concertation avec les syndicats. Ce qui n'est pas toujours facile.
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