Cette décision est intervenue après le refus de la plupart des magistrats de superviser cette consultation référendaire en protestation contre «l’ingérence du Président Mohamed Morsi dans le travail du pouvoir judiciaire à travers plusieurs décisions, notamment la destitution du procureur général et l’élargissement des pouvoirs présidentiels concernant la désignation des juges».
Selon un décret présidentiel, le référendum se déroulera samedi et dimanche dans les gouvernorats du Caire, Alexandrie, Daqhaliya, Gharbiya, Charqiya, Assiout, Souhag, Assoaun, alors que cette opération sera organisée les 22 et 23 décembre dans le reste du pays.
Le Club des juges d’Égypte avait décidé, début décembre, de boycotter l’opération de supervision du référendum sur la Constitution et organisé une grève dans tous les tribunaux du pays pour demander au Président Mohamed Morsi de renoncer au décret du 22 novembre.
La nouvelle crise politique en Égypte illustrée par les manifestations quotidiennes de partisans ou d’opposants à Mohamed Morsi est née d’un décret pris le 22 novembre par le chef de l’État élargissant temporairement ses prérogatives présidentielles et l’organisation d’un référendum sur une Constitution contestée par les laïcs et les forces libérales. Le Front du salut national (FSN), comprenant notamment Mohamed El Baradei, prix Nobel de la Paix et ancien chef de l’agence nucléaire de l’ONU, et Amr Moussa, ancien chef de la Ligue arabe, a appelé les Égyptiens à participer sous condition au référendum constitutionnel des 15 et 22 décembre, en votant contre le projet de Loi fondamentale.
Le FSN conditionne son appel à se rendre aux urnes à quatre conditions qui, si elles ne sont pas «remplies samedi», première journée du scrutin, le pousseraient à exhorter les Égyptiens à l’abstention.
L’opposition demande la présence d’un juge devant chaque urne, que la sécurité soit garantie à l’intérieur et à l’extérieur des bureaux de vote, une supervision nationale et internationale du scrutin, et surtout que le vote n’ait lieu que sur une seule journée. Elle dénonce une «dérive autoritaire» de M. Morsi depuis que ce dernier a élargi considérablement ses pouvoirs par un décret mettant à l’abri de tout recours en justice ses décisions ainsi que la commission constituante accusée d’être largement dominée par les islamistes. Le Front du salut national, principale coalition de l’opposition, a appelé à voter «non» à cette consultation, en exigeant des «garanties» - tenue du vote sur un seul jour, présence d’un juge pour chaque urne ou d’observateurs nationaux et internationaux - faute de quoi il pourrait appeler à l’abstention.
Il continue aussi de réclamer un report du vote de deux à trois mois, le temps de parvenir à un «consensus» sur un projet de loi fondamentale qui, en l’état actuel, ouvre la voie à une islamisation accrue de la législation et manque de garanties pour les libertés selon l’opposition de gauche et libérale.
L’opposition, qui peinait ces derniers jours à définir une stratégie commune face au vote, laisse ainsi ouvertes les trois options possibles - vote négatif, boycott et demande de report.
Elle demande aussi l’abandon du référendum prévu le 15 décembre sur le projet de Constitution, accusé entre autres d’offrir peu de garanties pour les libertés d’expression et de religion.