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«Le transport par rail, un maillon essentiel dans le développement de la logistique mondiale»

Après New Delhi et Saint-Pétersbourg, la troisième édition de la conférence UIC (Union internationale des chemins de fer) et GRFC (Global Rail Freight Conference), organisée en collaboration avec l’ONCF, aura lieu à Tanger.

«Le transport par rail, un maillon essentiel  dans le développement de la logistique mondiale»
Rabie Khlie, directeur général de l’oncf

La dernière conférence concernait tous les domaines stratégiques du développement du fret, et a porté sur la gestion, les produits, et les corridors internationaux. Son objectif était de développer et de promouvoir les échanges et les partenariats entre tous les acteurs impliqués, comme les dirigeants et décisionnaires du secteur, les professionnels des chemins de fer et de la logistique, les clients, les hommes politiques influents et les différentes institutions mondiales. Cette année à Tanger, c’est l’espace méditerranéen dans la logistique mondiale, les corridors internationaux, l’intermodalité et la multimodalité pour optimiser les flux et les innovations technologiques qui seront au cœur des débats. Pourquoi Tanger ? parce que, souligne le site du GRFC, c’est «la principale porte du Maroc sur l’Europe. C’est le deuxième pôle économique marocain après Casablanca, avec une activité industrielle diversifiée : industries textiles, chimiques, mécaniques, métallurgiques et navales, possédant une importante infrastructure : port, chemin de fer, autoroute, station balnéaire importante, infrastructures hôtelières et touristiques variées, vaste plage sur plus de 7 km, et une médina où se développe un commerce artisanal.

La ville est également en passe de devenir une plaque tournante du trafic maritime commercial avec l’ouverture du port Tanger Med qui a pour vocation de faciliter le commerce maritime. Ainsi, depuis mai 2010, l’essentiel du trafic est orienté vers le nouveau port de Tanger Méditerranée (Tanger Med) situé à une quarantaine de kilomètres à l’est de la ville. Enfin, il convient de souligner que le Maroc s’est engagé dans une stratégie ambitieuse de développement de la logistique pour en faire un levier de performance de son activité économique et pouvoir mieux se positionner dans les échanges internationaux.» Autant d’atouts qui ont permis le choix de Tanger.

Le Matin : Après New Delhi en Inde et Saint-Pétersbourg en Russie, le Congrès mondial sur le fret ferroviaire et la logistique aura lieu du 17 au 19 octobre à Tanger. Quels sont les objectifs de ce Congrès mondial ?

Rabie Khlie : Le Congrès mondial a lieu tous les deux ans et traite de la problématique du transport des marchandises par train. Le train passager avec TGV a permis la renaissance du rail en Europe, mais on n’a pas encore trouvé le modèle pour le transport marchandises.
Tout le monde est d’accord sur les atouts intrinsèques des transports des marchandises par train en termes de réduction de la pollution, des accidents de la route, etc. Il reste la question du modèle à développer de manière à transférer le maximum de marchandises de la route vers le rail. Il faut savoir que lorsque l’on compare le coût global des différents modes de transport en intégrant les externalités, comme le CO2, les accidents et les différents coûts supportés par la collectivité, le ferroviaire est de loin plus compétitif que la route.

Quel est l’obstacle premier qui empêche de développer un modèle ?
Le mode de transport par route est plus flexible et le ferroviaire doit travailler la chaîne logistique de manière à avoir cette flexibilité. C’est pourquoi l’on travaille sur les corridors dans différents pays de manière à éviter les barrières douanières et les problèmes d’interopérabilité et à accélérer la vitesse commerciale.
L’UIC qui traitait davantage les problèmes européens s’est ouverte sur le reste du monde avec une dimension internationale des problématiques traitées par les cinq UIC régionales, dont la région de l’Afrique que le Maroc préside.
Pour répondre à votre question, il faut savoir qu’au départ le réseau a été conçu pour une mixité passager-marchandise, mais la priorité a toujours été donnée jusque-là au passager.
Il reste à trouver quel modèle faire cela, de manière à intégrer les coûts externes (pollution, accidents...) de chaque mode de transport.

Y a-t-il des exemples à citer qui montrent l’intégration du développement durable dans un modèle ?
Il y a l’exemple de la Suisse qui a une politique volontariste et qui a décidé de privilégier le train au point de faire monter les camions dans les trains sur certains tronçons ! Cette politique, qui a un coût, a été votée et les contribuables ont décidé de supporter cette politique au nom du développement durable.

Qu’en est-il au Maroc et où en est le programme ONCF 2010-2020 pour la construction d’un réseau de plateformes logistiques à travers tout le territoire ?
Le transport des marchandises se positionne dans la logistique. Pour l’accompagner, il faut développer des installations port sec qui intègrent des entrepôts. Nous avons déjà un port sec opérationnel à Casablanca relié par voie ferrée au port, avec des atouts indéniables en matière d’inter-modalité, en plus de l’accès facile à l’autoroute et aux grandes artères de la métropole. Il constitue le prolongement du port de Casablanca en matière d’import-export de conteneurs et représente la première phase du projet intégré de la plateforme logistique qui s’étalera sur une superficie de 40 ha et qui sera opérationnelle à la fin de l’année.
Les entrepôts sont aux meilleurs standards internationaux, destinés aux professionnels des logistiques, offrant des services intégrés et des prestations génératrices de valeurs ajoutées. Les travaux des ports secs de Marrakech, Fès, du port de Tanger et d’Oujda sont en cours. Nous sommes en train de préparer la chaîne entre Tanger Med et Casablanca pour avoir des trains complets de conteneurs entre ces deux zones. Notre stratégie de logistique d’Émergence à laquelle vous faites référence est en train de se mettre en place. Nous sommes en phase avec la stratégie nationale de la logistique qui a vu la signature devant Sa Majesté d’un contrat programme entre le gouvernement et la CGEM qui représentait le privé. L’ONCF est un opérateur public et nous avons procédé au transfert des activités marchandises des gares du centre-ville à l’extérieur des villes.
L’activité marchandise était quelque peu enclavée et, dans une optique de stratégie de valorisation de notre foncier, nous avons pu développer des gares de marchandises adossées à des ports secs et des plateformes logistiques.

En tant qu’opérateur public, l’ONCF a un statut qui est à la fois une force et une faiblesse ?
Sur la logistique, nous nous sommes fait accompagner par une banque d’affaires pour pouvoir porter le meilleur modèle de cette activité et se positionner dans la logistique nationale. Dans ce sens, nous serons appelés à créer deux entités, la première qui va porter la partie immobilière et la seconde qui sera chargée de la partie opération logistique. Tout ceci pour dire que nous sommes en phase par rapport à la stratégie nationale de la logistique.

Le Congrès mondial sur le fret ferroviaire va aborder, parmi les thèmes choisis relatifs à la Méditerranée, le rôle du Maroc comme plateforme logistique, comme hub logistique d’avenir. Un mot sur ce thème ?
Le choix de Tanger n’est pas fortuit. Avec Tanger Med et ses différentes extensions, le port, les infrastructures routières aéroportuaires et ferroviaires, et les grands projets comme ceux de Renault, nous avons là une plateforme logistique qui est le kilomètre zéro de la logistique mondiale. Ajoutez à cela la capacité d’Algésiras, qui fait de cette zone un repère mondial pour la logistique. Nous réfléchissons au développement d’une chaîne logistique globale d’opérateur avec plusieurs maillons, chaque maillon étant confié au mode de transport le mieux placé. Le train serait l’un de ces maillons avec le transport routier. Le client n’a pas le temps de suivre plusieurs modes de transport, il s’adresse au logisticien qui lui indique l’origine de sa marchandise qui lui sera délivrée chez lui. C’est au logisticien de voir quel est le mode de transport le plus approprié de manière à pouvoir monter sa chaîne.

Le ministre Aziz Rabbah a déclaré à un confrère que «le Maroc et l’Espagne offrent la meilleure plateforme logistique mondiale pour le commerce international. La fluidification du trafic entre ces deux pays et, par voie de conséquence, entre l’Europe et l’Afrique permettra à l’économie internationale d’avoir une plateforme stable qui offrira beaucoup d’opportunités économiques». C’est aussi votre avis ?
Tout à fait, un port de la taille de Tanger Med avec ses infrastructures qui peuvent recevoir jusqu’à 7 000 conteneurs est un levier pour l’attractivité des investisseurs qui cherchent une logistique appropriée avec des coûts compétitifs. Si à côté de cela, il y a une facilitation d’ordre fiscal et des ressources humaines bien formées dans le domaine de la logistique et une proximité avec le port d’Algésiras, tout cela crée un environnement des plus opportuns pour les investisseurs. Maintenant, il faut multiplier les partenariats…

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