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«Pékin œuvrera avec Rabat pour équilibrer le commerce»

Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Zhai Jun, entame une visite au Maroc à partir de ce lundi. Mme l’ambassadrice de la Chine à Rabat évoque cet événement ainsi que les perspectives de développement des relations bilatérales tant économiques que politiques.

«Pékin œuvrera avec Rabat pour équilibrer le commerce»
Zhai Jun, ambassadrice de la Chine au Maroc.tt Ph. Saouri

Le Matin : Quels sont les objectifs assignés à la visite du vice-ministre chinois des Affaires étrangères Zhai Jun au Maroc ?
XU Jinghu : La Chine et le Maroc sont deux pays amis traditionnels qui entretiennent des échanges de visites très fréquentes. Les ministères chinois et marocain des AE maintiennent de bonnes consultations et coordinations permanentes. Durant cette visite de travail au Maroc, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Zhai Jun, s’entretiendra avec Youssef Amrani, ministre délégué auprès du ministre des AE et de la Coopération, et sera reçu par Saad-Eddine El Othmani, ministre des AE, et d’autres dirigeants marocains, pour échanger des points de vue sur les relations bilatérales et les questions internationales et régionales d’intérêt commun. Je suis convaincue que cette visite contribuera à renforcer l’amitié traditionnelle sino-marocaine et la connaissance mutuelle, à consolider la confiance politique réciproque et à promouvoir la coopération pragmatique dans tous les domaines entre la Chine et le Maroc.

Les relations bilatérales sino-marocaines sont au beau fixe. Mais, le partenariat économique reste à développer. Quelles sont les perspectives, selon vous, pour diminuer le déficit des échanges commerciaux ?
Ces dernières années, la coopération économique et commerciale entre la Chine et la Maroc a connu une croissance soutenue. Le volume commercial bilatéral a dépassé 3 milliards de dollars en 2010. La Chine, 5e partenaire commercial du Maroc, s’en tient toujours à entreprendre des échanges commerciaux sur la base du bénéfice réciproque, et elle ne recherche pas délibérément une balance excédentaire. Très attachée à la question du déséquilibre commercial, la partie chinoise reste en consultations et concertations constantes avec la partie marocaine et a pris des mesures positives pour améliorer la situation. Le gouvernement chinois encourage les entreprises chinoises à importer des engrais phosphatés du Maroc. Durant la visite au Maroc effectuée en février 2011, par le ministre chinois du Commerce Chen Deming, la société chinoise Sinochem a signé avec l’OCP un contrat d’achat de 2 millions de tonnes d’engrais phosphatés pour une période de 4 ans. Les agrumes marocains sont entrés au marché chinois depuis la fin 2010. En outre, nous avons déployé des efforts pour promouvoir l’exportation des autres produits marocains vers la Chine. Nos efforts susmentionnés ont eu des résultats sensibles. En 2011, les exportations du Maroc vers la Chine ont augmenté de 30 %. La partie chinoise continuera à œuvrer ensemble avec la partie marocaine à équilibrer le commerce bilatéral. Nous espérons également que les hommes d’affaires marocains redoubleront d’efforts pour une extension du marché chinois et offrir aux consommateurs chinois plus de produits marocains.


Le développement du transport entre les deux pays est un élément clé dans la promotion, non seulement des flux touristiques à destination du Maroc, mais également des relations économiques et commerciales. Que peut-on faire à ce niveau-là ?
Certes, la Chine et le Maroc sont séparés géographiquement par une longue distance. Il y a environ 10.000 kilomètres entre nos deux capitales. L’absence du vol direct gêne en quelque sorte les échanges humains, la coopération économique, commerciale et touristique entre nos deux pays. Depuis ces dernières années, on entend des voix qui s’élèvent en faveur d’un vol direct qui relie la Chine et le Maroc. Nous encourageons et soutenons les milieux aériens de nos deux pays à explorer la possibilité.

Quels sont les secteurs les plus prisés par les investisseurs chinois au Maroc ?
Vus dans leur ensemble, les investissements chinois au Maroc sont modestes. Ce qui nous conforte, c’est que les investissements chinois au Maroc connaissent une tendance croissante, en s’élargissant des secteurs traditionnels comme la pêche aux secteurs du haut de gamme comme la télécommunication et la finance. À titre d’exemple, dans le secteur de la pêche, les deux parties ont créé plusieurs joint-ventures embauchant quelque 2.000 ouvriers marocains. Dans la télécommunication, deux grandes sociétés chinoises HUAWEI et ZTE, en augmentant sans cesse leurs investissements au Maroc, sont devenues partenaires importants des opérateurs marocains de télécommunication. En matière d’infrastructures, les investissements chinois sont en train de jouer un rôle actif. Dans le secteur financier, la coopération vient de démarrer. En novembre dernier, une convention de financement destinée à soutenir les PME marocaines a été signée entre la Banque de développement de Chine et BMCE Bank. Le gouvernement chinois continuera à encourager les entreprises chinoises performantes et crédibles à investir et développer leurs activités au Maroc, afin de contribuer au développement socioéconomique du Maroc.

Quelles sont vos priorités en tant qu’ambassadrice de la Chine à Rabat ?
En tant qu’ambassadrice de Chine au Maroc, j’ai la tâche principale qui consiste à promouvoir l’amitié et la coopération entre nos deux pays et nos deux peuples. Je suis ravie de constater que depuis ma prise de fonction il y a plus de deux ans, les échanges à haut niveau se sont multipliés, la confiance politique mutuelle s’est renforcée, la coopération bilatérale dans tous les domaines n’a cessé de s’approfondir, et l’amitié sino-marocaine s’est enracinée plus profondément dans le cœur de nos deux peuples. Dans le futur, je vais travailler, de concert avec mes collaborateurs, autour des trois axes suivants : primo, renforcer davantage la confiance politique mutuelle et les échanges bilatéraux. Nous allons promouvoir les échanges, à tous les niveaux, entre les départements gouvernementaux, les institutions législatives, les partis politiques et les collectivités locales, approfondir la connaissance et la confiance mutuelles et consolider l’amitié entre nos deux parties. Et ce, en vue de créer des conditions favorables qui permettent de développer davantage la coopération bilatérale. Secundo, renforcer la coopération économique et commerciale entre nos deux pays. Le gouvernement chinois est disposé à œuvrer ensemble avec le nouveau gouvernement marocain pour mettre pleinement en valeur les potentialités de notre coopération et élever le niveau de la coopération pragmatique bilatérale, dans l’objectif d’apporter plus de bien-être à nos deux peuples. Tertio, intensifier les échanges humains entre nos deux pays. Cela contribue au raffermissement des liens de fraternité existant déjà entre nos deux peuples et à la consolidation de la base de l’amitié sino-marocaine, et revêt une signification importante pour assurer une continuation de l’amitié sino-marocaine et un développement durable de la coopération entre nos deux pays. Je suis persuadée que grâce aux efforts conjugués de nos deux parties, les relations sino-marocaines auront un avenir encore plus radieux.

La Chine s’oriente depuis quelques années vers l’Afrique. Comment évaluez-vous cette stratégie, jusqu’à présent, face à la concurrence internationale ?
L’amitié sino-africaine remonte à fort loin dans l’histoire. La coopération sino-africaine ne date pas d’aujourd’hui. À partir des années 50 du dernier siècle, la Chine a accordé un soutien aussi bien moral que matériel aux luttes des peuples africains contre le colonialisme et pour l’obtention de leur indépendance nationale. Renforcer les relations d’amitié et de coopération sino-africaines constitue l’une des pierres angulaires de la politique étrangère chinoise. C’est un choix stratégique, ferme et de long terme pour la Chine. Les principes directeurs de la politique africaine de la Chine sont les suivants : entretenir une amitié sincère et se traiter d’égal à égal, assurer les avantages réciproques en vue d’un développement partagé, se prêter mutuellement soutien et agir en étroite coordination, apprendre mutuellement et explorer en commun les voies de développement. La Chine, fidèle au principe de l’égalité totale des pays, qu’ils soient grands ou petits, riches ou pauvres, puissants ou faibles, respecte la souveraineté des pays africains et leurs droits de choisir indépendamment la voie de développement. La Chine n’impose jamais sa volonté aux pays africains. Son assistance aux pays africains n’est pas assortie de condition politique. C’est la raison pour laquelle l’amitié sino-africaine revêt une forte vitalité. Depuis l’entrée dans le nouveau siècle, les relations sino-africaines ont connu un développement accéléré. Lors du Sommet de Beijing du Forum sur la coopération sino-africaine tenu en 2006, la Chine et les pays africains ont mis en place un partenariat stratégique de type nouveau, caractérisé par l’égalité et la confiance réciproque sur le plan politique, la coopération gagnant-gagnant sur le plan économique et les échanges et l’inspiration mutuelle sur le plan culturel. Désormais, la coopération sino-africaine a donné des résultats encore plus brillants. En l’espace de dix ans, l’aide financière chinoise accordée à l’Afrique a décuplé. La Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique. Et l’Afrique, 4e destination des investissements chinois, avec la présence de plus de 2.000 entreprises chinoises qui ont créé environ 350.000 emplois.

Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Zhai Jun, a effectué une visite à Damas le 18 février. Pékin continue d’assurer qu’il poursuivra son rôle en vue de trouver une solution politique par le dialogue en Syrie à l’écart de toute intervention étrangère. Une position critiquée par plusieurs États. Quel regard portez-vous sur ce qui se passe en Syrie ?
La position de la Chine sur la question syrienne est constante et claire. Suivant toujours de très près l’évolution de la situation dans ce pays, nous sommes profondément préoccupés par l’escalade de la tension qui continue à faire des morts et des blessés parmi les civils et qui menace la paix et la stabilité au Moyen-Orient. Nous exhortons le gouvernement syrien et les parties concernées à cesser immédiatement et entièrement toutes les violences, à ouvrir un dialogue politique inclusif qui n’est assorti d’aucune condition préalable et à mener des consultations sur un plan et des mécanismes de réforme politique globale. Nous sommes d’avis que la communauté internationale doit respecter pleinement la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie, ainsi que le choix libre du peuple syrien, et nous n’approuvons pas l’intervention militaire en Syrie ni un «changement de régime» imposé. Nous soutenons la position des pays arabes concernant la fin immédiate de toutes les violences, la protection effective de civils syriens, la fourniture à la Syrie des assistances humanitaires et le rejet de toute intervention militaire extérieure, dans l’espoir de voir la question syrienne être réglée par le dialogue politique dans le cadre de la Ligue arabe. La Chine n’a aucun intérêt privé sur la question syrienne. Elle ne protège ni ne s’oppose intentionnellement à qui que ce soit. Elle défend toujours la justice avec une attitude impartiale et responsable, dans le respect des buts et principes de la Charte des Nations Unies et des règles régissant les relations internationales. La récente visite en Syrie du vice-ministre Zhai Jun est une action diplomatique importante de la Chine pour détendre la situation et promouvoir le règlement politique de la question syrienne. La Chine entend rester en concertation avec le gouvernement syrien, les différents groupes politiques de la Syrie, les pays arabes et la Ligue arabe afin de continuer à jouer un rôle constructif, ensemble avec la communauté internationale, dans le règlement adéquat de ce problème. 

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