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De nouvelles projections à moyen terme pour le système de retraites

La situation financière des systèmes de retraites sera affectée davantage dans l’avenir en raison de la transition démographique avancée au Maroc et du changement profond qu’il produit dans la pyramide des âges.

De nouvelles projections à moyen terme pour le système de retraites
La population cotisante aux régimes de retraites a enregistré, entre 2000 et 2009, un accroissement annuel moyen de 3,9%.

L’effectif des personnes âgées de 60 ans et plus devrait passer de 2,7 millions en 2010 à 10,1 millions vers 2050, année où elle représenterait 24,5% de la population totale alors qu’elle ne constituait que 7,2% et 8,1%, respectivement en 1960 et 2004. Le rapport de dépendance défini comme le rapport entre le nombre de personnes en âge d’activité par personne âgée de 60 ans et plus, se situerait à 2,4 individus en 2050 au lieu de 7,7 en 2010. Aussi et pour cerner l’impact du choc démographique sur la viabilité financière du système de retraite, sur l’épargne, sur l’investissement et partant sur la croissance économique, le Haut-commissariat au Plan (HCP) a-t-il  développé un modèle d’équilibre général à générations imbriquées des scenarii  pour projeter la tendance de la situation actuelle.  Et le remake qui semble plutôt plausible reste celui où la transition démographique se traduirait par une détérioration de la situation financière des régimes de retraite. «Sous l’hypothèse que les régimes de retraite continueraient de couvrir près de 30% seulement des actifs occupés, le ratio entre le nombre total de retraités et travailleurs (y compris ceux non couverts) augmenterait de 7% en 2010 à près de 22,1% en 2050».

En se limitant aux travailleurs couverts, précise le document du HCP, «ce ratio passerait de 24,1% à 74% respectivement.  La dégradation des rapports de dépendance serait plus accentuée pour la CNSS». Ainsi, si le nombre des actifs affiliés à la CNSS devait augmenter de 50% d’ici 2050, celui des retraités serait multiplié par 6,6 fois à cet horizon, et ces indicateurs seraient respectivement de 7% et 2,6 fois pour la CMR et de 15,6% et 3,2 fois pour le RCAR. Dans ce contexte, la dépense totale des retraites devrait représenter 10% du PIB à l’horizon 2050, alors qu’elle n’intervient qu’à hauteur de 3% du PIB en 2010. En revanche, les recettes seraient en baisse, passant respectivement de 3,2% du PIB à 2,6%. Cet écart, croissant au court du temps va générer des déficits considérables, de l’ordre de 7,4% du PIB en 2050 au lieu d’un léger excédent de 0,23% du PIB en 2009.  Par caisse, le déficit devrait atteindre 4,5% du PIB en 2050 pour la CNSS, alors que pour la CMR et la CIMR, il se situerait entre 1,5 et 2% du PIB.

L’effet d’accroissement de la population
Ces déficits pourraient être comblés par les réserves importantes accumulées par les caisses de retraite. Toutefois, cette situation entrainerait progressivement un épuisement des réserves, qui deviendraient négatives en 2026 pour l’ensemble des caisses. Par régime, les réserves deviennent négatives en 2023 pour la CNSS, en 2022 pour la CIMR, et en 2025 pour la CMR. Pour le RCAR par contre, les réserves deviennent négatives seulement à partir de 2052.  Ces déficits considérables du système de retraite impliquent une réduction de l’épargne publique et donc de l’épargne agrégée. L’effet du vieillissement sur l’épargne agrégée se reflète directement sur l’investissement, le ratio entre les investissements et le PIB baisserait de 10 points à l’horizon 2050. L’effet négatif sur l’investissement se reflète sur l’accumulation du stock de capital disponible dans l’économie.

Le système de retraites marocain se caractérise par la coexistence de plusieurs régimes de retraite, différents les uns des autres quant à leur statut juridique, leur mode de gestion, leurs ressources et leurs modalités de prestations. Il se compose principalement de trois régimes publics obligatoires (CMR, la CNSS et le RCAR) et un régime facultatif (CIMR) géré par le secteur privé. La population cotisante à ces régimes de retraite a enregistré, au cours de la période 2000-2009, un accroissement annuel moyen de 3,9%. Elle s’élève à près de 3,2 millions de travailleurs, ce qui représente 30% de la population active occupée en 2009, niveau jugé relativement faible comparativement à d’autres pays (60% dans les économies de transition, 80% dans les pays de l’OCDE).  Le niveau faible du taux de couverture s’explique par les facteurs structurels du marché de l’emploi, notamment un taux d’emploi de l’ordre de 45% et un taux de sous-emploi d’environ 11%. Ceci est dû au niveau faible des taux d’activité, notamment des femmes, et aux rigidités entravant le développement du tissu productif (coût de production élevé, faible progrès technologique, etc.) se traduisant en conséquence par une faible capacité d’absorption de l’offre d’emploi particulièrement des qualifications (taux de chômage national de 9%). À cela s’ajoute le poids du secteur agricole dans l’emploi, avec plus de 40% des actifs occupés, mais avec une grande fréquence des emplois saisonniers.

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