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Coup de blues en 2012 pour l'agroalimentaire

Tandis que l'industrie laitière pourrait tenir le cap, les filières des huiles grasses, des conserveries de poisson et du sucre pourraient connaître une baisse de régime. En cause : d'intenables fluctuations sur le marché des matières premières.

Coup de blues en 2012 pour l'agroalimentaire
Le secteur de l'agroalimentaire continue de surfer sur la demande locale. Mais bien qu'elle s'inscrive dans une trajectoire relativement ascendante, la reprise semble encline à évoluer sur un rythme moins vigoureux. Nombreuses, en effet, sont les branches d'activité qui pâtissent de goulots d'étranglement liés aux difficultés d'approvisionnement d'origine locale. Des pertes de terrain commencent par affecter certains pans du secteur. A court terme, des opérateurs anticiperaient même une certaine contraction de leurs activités. Baisses des commandes globales, stagnation du niveau des stocks de produits finis… Autant de clignotants qui attestent d'une baisse de régime assez palpable.

Pourtant, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, les cours des matières premières se sont quelque peu assagis suite au retour à une offre sur-capacitaire. Néanmoins, combinés à une conjoncture macroéconomique mondiale défavorable, les prix de certaines matières pourraient connaître une inflexion. A commencer par les oléagineuses dont les cours ont récemment enregistré un net repli, dans le sillage des turbulences des marchés financiers et de la remontée du dollar. Pour rappel, la baisse est accentuée par des perspectives de récoltes exceptionnelles de tournesol dans la région de la Mer noire. Toutefois, les cours de soja restent soutenus par une robuste demande de la Chine, qui devrait absorber près de 60% des exportations mondiales. La baisse prévisible de la production de colza et de soja pourrait se traduire par une stabilité de la récolte de graines oléagineuses à seulement 472 millions de tonnes en 2011-2012. Au plan local, certaines filières seraient ainsi affectées par ces fluctuations. Des contre-performances imputables à la réduction des semis au profit d'autres cultures et la dégradation des rendements en raison de conditions météorologiques défavorables. Pour certains analystes, «un renchérissement progressif des prix n'est pas à exclure en 2012 dans le cas où la demande serait plus rigoureuse». Quant à l'industrie laitière, elle pourrait tirer son épingle. En 2012, fait-on observer, l'évolution des cours reste tributaire des conditions climatiques et de leur impact sur la disponibilité des aliments pour le bétail. Au niveau national, le retard des pluies en ce début d'année pourrait entraîner une forte pression sur les prix.

La concrétisation de ce remake pourrait «affecter les niveaux de marge des opérateurs marocains, qui semblent également faire face au ralentissement de la consommation», confient certains opérateurs. Il faut signaler au passage qu'avec l'augmentation de l'offre et à la dépréciation de l'euro par rapport au dollar, l'industrie laitière a enregistré une baisse générale des prix des intrants. Pour ce qui est de la branche sucrière, on table sur un retournement de tendance avec l'élargissement des superficies consacrées à la canne et à la betterave à sucre. Les importations de sucre ont augmenté de 61%, suite à un rebond du prix moyen de la tonne de 42%, à 5.355 DH, et une hausse du volume importé de 14%. Et l'on s'attend à ce que le marché enregistre un excédent de 7 millions de tonnes par rapport à la consommation. Cette situation, explique-t-on, serait susceptible d'induire un repli des cours. Il reste que ces prix, qui sont soutenus, entraîneraient un statut quo de la répartition entre la production locale et celle des importations au Maroc dans la mesure où l'amont agricole maintiendrait ses coûts et son niveau de production. Autre activité susceptible d'accuser un coup de blues : la conserverie de poisson.

Pâtissant d'un contexte difficile marqué par la baisse des débarquements, cette branche s'est embourbée dans une ornière pour le moins intenable. Evoluant en dents de scie depuis plus de cinq années, le secteur a en effet affiché des reculs en ligne avec la baisse du volume des débarquements de la pêche côtière. Le tassement de l'offre globale du secteur s'est également manifesté au niveau des exportations, avec un volume exporté des produits de la mer en phase conjoncturelle défavorable.
Les perspectives de croissance pour les activités de la pêche laissent d'ailleurs augurer d'une poursuite de la baisse de la valeur ajoutée de la pêche de 6% au 3ème trimestre 2011. En fait, ces baisses de régime sont attribuables pour l'essentiel aux conditions climatiques pernicieuses, ayant entrainé la rareté des produits pélagiques, notamment la sardine et les anchois sur les côtes. Toutefois, la non-reconduction des accords de pêche avec l'Union européenne à fin 2011 pourrait représenter un potentiel considérable, en offrant l'alternative de pêche pour la flotte domestique en haute mer, moyennant des investissements supplémentaires.

Concernant le segment des pâtes alimentaires, ce créneau, estiment de nombreux professionnels, offrirait «un important potentiel de croissance du fait du faible niveau de consommation par habitant qui s'élève à 3,5 kg pour le Maroc contre 12 kg pour la Tunisie et 8 kg pour l'Algérie. «Néanmoins, les produits locaux pourraient continuer à être concurrencés par ceux de la contrebande en provenance notamment de l'Algérie ainsi que par les produits d'importation des pays signataires d'accords de libre-échange avec le Maroc, confie-t-on dans la filière.

Des fluctuations à n'en pas finir

Selon le dernier rapport mensuel de l'USDA, la récolte mondiale de soja pour 2011-2012 est estimée à 258,6 millions de tonnes, soit 5,5 millions de moins que la campagne précédente, à cause notamment du repli de la production aux Etats-Unis (-7,3 millions de tonnes) et au Brésil (-2 millions), et ce malgré la hausse de celle de l'Argentine (+4 millions). Les stocks mondiaux de soja de fin de saison (2011-2012) devraient baisser de 6,3 millions de tonnes, pour s'établir à 63 millions, en raison d'une forte demande mondiale (+10,6 millions), notamment de la Chine (+5,6 millions). Malgré une volatilité accrue cette année, les prix du sucre restent relativement plus élevés (de près d'un quart par rapport à leur moyenne de 2010 et de plus de double par rapport à celle de 2008).
Ils restent soutenus par le niveau encore bas des stocks mondiaux, une forte demande de l'éthanol, en lien avec la fermeté des prix de l'énergie, et par des craintes persistantes sur la production du Brésil, premier producteur et exportateur mondial de cette matière.
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