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Un commerce de moins en moins rentable

Certains commerçants de produits artisanaux de cuir crient à «la mort» d’un secteur désormais peu rentable alors que d’autres réalisent dans ce commerce quelques profits. Un tour dans les couloirs d’un marché aux caractéristiques multiples.

Un commerce de moins en moins rentable
Le secteur de l’artisanat en perte de vitesse.

Souika de Rabat. Du monde, du bruit et des appels de marchands. Le soleil, pourtant au zénith, éclairait difficilement cette partie de la Médina toujours conquise par les ombres et les odeurs de peau d’animal. Au décor, broderies multicolores, babouches, chaussures de différentes formes, portefeuilles, sacs…, bienvenu à l’univers du cuir, ce matériau tant connu dans le commerce marocain.
Bien installé dans son fauteuil, commande à la main, une petite télévision suspendue au coin à droite, Abdelaziz, père de 5 enfants, nous lance, sans trop hésiter, que «l’activité se porte très bien». Phrase rassurante. Mais situation compréhensible : Abdelaziz vend des vêtements en cuir (jackets, manteaux, etc.) dont la demande est forte surtout en période d’hiver. «C’est surtout en période de froid que nous faisons nos meilleurs chiffres. En été, l’activité est morte. Durant ce temps, les gens préfèrent s’acheter des vêtements plus légers», nous confirme-t-il sans vouloir rentrer dans les chiffres qu’il obtient. Même si ce sexagénaire déclare tirer profit de ses ventes, il reconnait la «cherté des prix des produits en cuir. Ce qui décourage les Marocains qui préfèrent s’offrir des articles convenants à leurs revenus».

«L’activité est morte»

En face, juste à quelques mètres de la boutique d’Abdelaziz, se trouve un autre vendeur. Abbas, 52 ans, vend des sacs et des portefeuilles en cuir. Torchon à la main, il nettoie ses articles envahis par la poussière, sûrement restés longtemps sans acheteurs. Avec franchise, et d’un ton désespéré, Abbas lâche le morceau : « L’activité est morte, et je pense déjà à rentrer à ma ville d’origine, Taghazout. Ça fait 35 ans que je travaille dans ce secteur et le marché va de mal en pis». Pour quelle raison ? Le vendeur malheureux répond : «C’est principalement dû aux produits imités chinois qui nous cassent le rythme». Avant d’ajouter «la faiblesse du pouvoir d’achat de beaucoup de Marocains qui ne leur permet pas d’acheter des produits de qualité, qui se vendent à des prix élevés vu les dépenses qu’ils nécessitent lors de leur production». Chose qui ne les arrange point car «les marocains constituent les principaux acheteurs, les touristes ne représentant  que 2% des clients», précise-t-il.
Désespéré et ne sachant à quel saint se vouer, il conclut : «Ce secteur a besoin d’une réforme radicale. Il fait partie des piliers de l’économie marocaine».
De l’autre bout du marché, Lotfi, la cinquantaine passée, tient sa boutique où il vend des babouches. Lotfi s’en sort « pas mal » dans cette vente qu’il pratique depuis le bas-âge même si «les babouches contrefaites en chine constituent des obstacles pour faire de meilleurs revenus» indique-t-il. Mais malgré cela, il parvient à écouler un nombre important de babouches. « Je peux vendre jusqu’à 5 babouches par jour. C’est en période de fêtesurtout au mois de ramadan que ça marche le plus. Là le nombre de 20 et plus peut être atteint », poursuit-il. Rappelant les diverses qualités de babouches qui existent, il nous fait savoir que leurs meilleurs chiffres d’affaire se font «grâce à ces personnes qui sont prêtes à acheter une babouche à sa vraie valeur». n

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