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«Notre ambition ? Devenir une banque généraliste qui s’adresse à tous les clients»

Avec plus de 400 000 clients, avec l’ouverture en 2012 de 20 nouvelles agences, ce qui porte son réseau à 220 points de vente, avec le lancement du projet de certification qualité de la filière monétique et de la filière des prêts, le CIH met l’accent sur le recouvrement, la collecte des ressources et met en avant son savoir-faire historique dans le crédit immobilier. Entretien.

«Notre ambition ? Devenir une banque généraliste qui s’adresse à tous les clients»
Ahmed Rahhou, PDG du Crédit immobilier et hôtelier.

Le Matin : Le CIH est sorti de la zone rouge, pour reprendre une expression que vous avez utilisée en 2011. Quels sont les dossiers qui ont «plombé» le fonctionnement du CIH ? Le poids des créances, l’externalisation du recouvrement, le pilotage de la banque ?
Ahmed Rahhou : Le CIH revient de loin en matière de créances en souffrance depuis les grands problèmes qu’a connus la Banque à la fin des années 1990. Le montant des créances non recouvrables ou présentant des difficultés de recouvrement majeures a atteint plus de 7 milliards de DH. Pendant toutes ces dernières années, la Banque, soutenue par l’État et par ses actionnaires, et tout particulièrement la CDG, a œuvré à couvrir ces risques par des provisions et à assurer le meilleur recouvrement possible, soit par des voies judiciaires, soit par des arrangements amiables.
Aujourd’hui, le risque résiduel induit par ces dossiers est totalement couvert par les provisions dans les comptes sociaux. Par ailleurs, un nombre important de suspens à caractère opérationnel ou comptable ont dû faire l’objet de traitement spécifique en vue d’en limiter les conséquences sur les comptes. Certains de ces suspens étaient liés à des dossiers traités conjointement avec la Direction du Trésor au sein du ministère des Finances. Ils ont donné lieu à un protocole d’accord à la fin de l’année 2012. Aujourd’hui, la Banque assume des risques qu’on peut qualifier comme normaux parce que liés à son activité de banque, à l’instar des autres banques de la place.

Vous évoquez le bilan positif des recouvrements en annonçant que «les dossiers d’assainissement ont été bouclés». Sur quoi auront porté ces dossiers d’assainissement : conversion de dettes, opération de titrisation ?
Comme je vous l’ai dit, nous avons clos les suspens avec le ministère des Finances. Nous avons des retours positifs sur des contentieux du passé qui ont donné lieu à des arrangements amiables et qui ont permis des reprises de provisions. Il y a lieu de signaler aussi des assainissements, qui n’ont peut-être pas de grosses conséquences sur les comptes, mais qui permettent de régulariser des situations malheureuses. Ainsi, plusieurs milliers de cas de titres non assainis pour
différentes raisons ont pu être traités, permettant à des gens de récupérer de façon définitive leurs titres fonciers.

Vous êtes intervenu récemment à l’Institut marocain des administrateurs, l’IMA : quel devrait être le rôle d’un conseil d’administration ?
Le rôle d’un conseil d’administration est défini par la loi. Mon intervention portait sur la mise en place dans la pratique de règles de bonne gouvernance en s’inspirant de la méthodologie que nous avons suivie au CIH ces dernières années. Ces règles doivent permettre aux acteurs de la gouvernance de jouer leur rôle dans de bonnes conditions.
Le conseil d’administration a besoin d’une bonne information pour assurer ses missions de décision, de stratégie et de contrôle, et le management a besoin d’un conseil d’administration qui le soutient et qui prend les décisions qui relèvent de lui au bon moment. Une société bien gérée est celle où il y a une relation de confiance entre le management et le conseil d’administration, ce qui suppose la transparence, la collégialité et la responsabilité, ou la reddition des comptes, si on préfère.
On peut désormais vous comparer aux autres banques pour ce qui concerne la productivité, la rentabilité et l’exploitation, dites-vous : qu’est-ce à dire et peut-on considérer le CIH comme une banque universelle ?
Nous essayons d’être une banque généraliste qui s’adresse à tous les clients, d’où notre souci de diversification tout en maintenant nos positions dans les activités historiques où nous avons un savoir-faire reconnu. Mais nous procédons dans un cadre de prudence pour ne pas exposer la banque à des risques trop importants. Nous avons l’œil sur nos ratios de productivité et de rentabilité où nous estimons que nous avons encore des marges d’amélioration.

Un mot sur la politique de diversification : le segment des crédits à l’entreprise est-il inclus ?
Nous développons ce segment. D’ores et déjà, plusieurs centaines d’entreprises, petites ou grandes, travaillent avec nous. Nous avons noué des relations avec les grandes entreprises du pays tout en assurant une place de choix aux PME et même aux TPE.
Pour ce faire, nous ouvrons des centres d’affaires réservés aux entreprises dans les principales régions du Maroc.

Un mot sur le coût du risque et sur le matelas de sécurité ?
Nous avons cette année un coût du risque de l’ordre de 0,3%, qui est plus bas que la moyenne bancaire, sachant que nous constituons d’année en année un matelas de sécurité constitué de provisions qui ne correspondent pas à des dossiers particuliers, ce qui permet d’anticiper des risques futurs. Nous allons continuer cette politique de prudence.

Que reste-t-il pour atteindre les objectifs du plan stratégique 2010-2014 ?
Nous avons encore du travail sur nos process et nos outils informatiques. Nous avons entamé la phase importante de refonte de notre informatique en agence qui doit être moins orientée vers le traitement des opérations et davantage centrée sur les services client. Ce projet doit durer deux ans avec un premier livrable important à fin 2013. Nous travaillons également sur nos services online. Je peux annoncer une application sur smartphone (iPhone, téléphones Android et BlackBerry) qui intègre des données de géolocalisation et qui sera disponible pour téléchargement dans les prochains jours. Par ailleurs, nous continuons à améliorer notre offre produit. Ainsi, une nouvelle carte destinée aux femmes (Carte Sayidati) sera lancée le 8 mars à l’occasion de la Journée de la femme. Cette carte est innovante parce qu’elle permet tous les usages habituels, en plus d’être utilisable à l’étranger sur la base de la dotation de voyage en devise (soit un montant annuel de 40 000 DH), ainsi que pour l’achat sur le Net au Maroc et à l’étranger (avec un plafond additionnel de 10 000 DH par an lorsqu’il s’agit d’achat en devises sur des sites étrangers), avec des possibilités de rabais sur plusieurs centaines de sites marchands.

Comment vivez-vous la crise de liquidité du secteur bancaire ?
Je crois que le terme de crise de liquidité est inapproprié. Les banques trouvent les liquidités dont elles ont besoin, soit sur le marché financier, soit auprès de la Banque centrale qui régule de façon très adaptée ce marché particulier. Les banques connaissent plutôt aujourd’hui une évolution de leur collecte de dépôt moins rapide que celle des crédits qu’elles distribuent. Les taux d’évolution de ces deux grandes masses restent positifs, même s’ils sont inférieurs à ce qu’on a connu ces quelques dernières années. L’économie marocaine commence à être touchée par la crise économique mondiale et certains secteurs ne tournent pas à leur régime habituel. Le rôle des banques dans ces phases est également d’appeler leurs clients à la prudence.

Comment financer le développement du CIH avec des dépôts limités ?
Le CIH développe la collecte des dépôts auprès de la clientèle. Nous avons accru notre réseau d’agences de plus de 50% ces trois dernières années pour être davantage proches de nos clients. Nous avons évidemment étoffé notre offre produits et notre qualité de service pour une meilleure présence commerciale. Mais la Banque a également recours aux marchés financiers, soit à travers des émissions de certificat de dépôts ou d’obligations, soit à travers la titrisation, mécanisme que nous avons déjà utilisé à l’occasion de trois émissions dans le passé. Nous attendons l’adoption d’un nouveau texte sur l’émission d’obligations sécurisées, adossées à des crédits immobiliers, qui nous permettront très certainement d’améliorer encore notre capacité de levée de fonds sur le marché dans de bonnes conditions de rémunération, et par là d’accélérer le rythme de notre développement.

La banque, dites-vous, dispose d’une masse importante de dossiers et d’actifs à céder. Pouvez-vous compléter cette information ?
À l’occasion du traitement de certains dossiers, le CIH est amené à devenir propriétaire de biens divers (hôtels, terrains, maisons, appartements, etc.). Nous avons mis en place une structure chargée de tirer un bénéfice de ces biens en les remettant sur le marché. Cette activité a généré au cours de l’année 2012 une trentaine de millions de DH de plus-value.

Dans le dernier rapport de McKinsey & Company portant sur le système financier mondial, on y parle «d’une croissance atone des actifs financiers, d’un véritable effondrement des flux de capitaux transfrontaliers et de la nécessité dans les pays émergents de réformer le système financier pour stabiliser les flux financiers». Quelle analyse faites-vous personnellement du système financier international et national ?
Le financement de l’économie marocaine repose beaucoup sur l’épargne nationale, et sur les flux de capitaux de ses citoyens résidant à l’étranger. Cela constitue parfois un frein dans la quête d’un développement plus rapide, mais il faut dire aussi que cela a protégé le pays contre l’excès de volatilité des capitaux transfrontaliers constaté ces dernières années.
Cet élément, conjugué à la bonne santé financière des banques marocaines, qui, il faut le souligner, n’ont jamais réellement développé d’activités purement spéculatives sur le marché, et se sont concentrées sur le financement de l’économie réelle, ont permis à l’économie nationale de ne pas subir frontalement l’effet de la crise économique mondiale. Cette crise nous touche maintenant, parce que nous subissons de plein fouet la baisse de régime dans les pays traditionnellement cibles de nos exportations, par la perte de pouvoir d’achat dans les pays émetteurs de touristes vers notre pays et par le renchérissement des produits énergétiques et des matières premières. Nous n’avons pas au Maroc de risque particulier concernant le système financier. Les réformes à opérer concernent davantage la capacité d’attraction du Maroc pour capter les investissements étrangers et la compétitivité globale de notre économie, qui supposent au passage la restauration de nos grands équilibres macroéconomiques.

Dans ce rapport, il est écrit aussi que «le Maroc peut se positionner grâce à Casablanca Finance City comme un pont entre l’Afrique et les capitaux internationaux, notamment ceux des pays émergents». Comment décryptez-vous ces conseils ?
Le lancement du projet de Casa Finance City il y a déjà quelques années montre que tout le monde est conscient qu’il faut bouger sur le terrain de l’attractivité financière du pays. Casablanca peut se positionner comme Hub financier régional et être un point d’attraction intéressant pour les capitaux internationaux. Cela passe évidemment par des réformes de nos textes réglementaires, mais également par une démarche proactive dans les principales places financières mondiales. C’est un travail long et difficile, surtout dans le contexte de crise mondiale que nous connaissons ces dernières années. Mais notre pays a des atouts que nous devons mettre davantage en évidence.

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