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«Le Maroc a été parmi les premiers pays à soutenir le Mali sur le plan humanitaire»

En marge des travaux de la quatrième édition du Marrakech Security Forum qui s’est déroulé les 25 et 26 janvier 2013, nous avons rencontré Zeïni Moulaye, le coordonnateur national du Programme de gouvernance partagée de la sécurité et de la paix au Mali (PGPSP). Cet ancien ministre des Transports et expert international nous parle dans cet entretien de la situation au Mali et de ses développements futurs à la lumière de l’intervention militaire contre la menace terroriste.

«Le Maroc a été parmi les premiers pays  à soutenir le Mali sur le plan humanitaire»
Zeïni Moulaye.

LE MATIN : Pouvez-vous d’abord nous expliquer la complexité de la situation au Mali ?
Zeïni Moulaye : Oui, il est évident que c’est une situation extrêmement complexe dans la mesure où à l’intérieur du Mali nous avons une triple crise.
Il y a une crise sécuritaire, une crise politique et une crise humanitaire. Donc, il faut faire face aux trois crises simultanément. Sur le plan humanitaire, on bénéficie, depuis deux ans, de l’appui de la communauté internationale. À ce niveau, nous pensons qu’il pourrait y avoir des solutions dans les meilleurs délais possibles. Sur le plan politique, nous avons également bénéficié de l’appui de la communauté internationale et en particulier de la part de notre organisation sous-régionale qui est la CEDEAO (la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest). Nous avons ainsi pu rétablir la normalité des institutions de la République qui fonctionnent tout à fait normalement. Il y a donc une certaine stabilité qui nous permet de faire face à un des grands problèmes, le problème sécuritaire. À ce niveau, il y a deux volets. Il y a cette agression dont nous avons été victimes en janvier 2012 et qui s’est aggravée au fil des mois au point de remettre en cause l’intégrité territoriale du pays et sa souveraineté. Aujourd’hui, les forces maliennes sont déployées sur le terrain, appuyées par les forces alliées, pour la reconquête des territoires qui ont été occupés.
Ainsi, des opérations de ratissage sont en cours pour créer un climat de paix et de sécurité qui va nous permettre, très bientôt, de recouvrir l’ensemble du territoire national.
Ce qui va nous permettre d’organiser, dans les meilleurs délais possibles, des élections pour restaurer le processus démocratique qui a été engagé depuis vingt années, et pouvoir ainsi revenir dans le concert des nations démocratiques et reconstruire le Mali. Je pense que, et c’est là c’est une opinion personnelle, suite à ce que nous avons connu et vécu, il est nécessaire que l’ensemble des Maliens se penche sur une refondation de la République du Mali.

Votre pays a bénéficié de l’appui de puissances étrangères. Qu’est-ce que cela vous a apporté sur le terrain ?
Cela a permis de changer complètement la configuration du conflit au Mali et de renverser la vapeur. Cet appui, il est politique d’abord, et de nature diplomatique. Nous l’avons reçu tout d’abord de la part de la CEDEAO dont on fait partie, ce qui est une application des conventions que nous avons signées dans ce cadre. Nous sommes aussi signataires de conventions internationales à travers l’Union africaine et à travers l’ONU qui recommandent aux membres de venir en aide à un pays membre lorsqu’il y a atteinte à sa souveraineté. C’est donc naturel que ces pays-là viennent appuyer le Mali sur le plan sécuritaire, militaire et parfois sur le plan humanitaire. À ce niveau, le Maroc a été l’un des premiers pays au Monde à prêter main-forte aux populations maliennes et à soutenir le gouvernement malien afin qu’il puisse faire face à la crise humanitaire. Je trouve l’initiative marocaine somme toute normale, compte tenu des liens étroits et de la longue histoire qui nous unissent. Excusez-moi d’ouvrir une parenthèse pour rappeler qu’en 1591, le sultan du Maroc, dont le palais était à Marrakech, Moulay Ahmed El Mansour (que vous appelez aussi Mansour Addahbi), avait envoyé des bataillons pour conquérir ce qu’on appelle aujourd’hui le nord du Mali qui était, à l’époque, un empire, celui de Songhaï, dont la capitale était Gao.
Le premier mars 1591, les forces marocaines ont traversé le désert et sont arrivées aux portes de la capitale impériale de Gao où elles ont défait les forces locales et se sont installées, d’abord à Gao, puis à Tombouctou… En cette période, il y a eu un échange énorme de populations, de biens de marchandises… entre le Royaume du Maroc et le Mali, qui était devenu pendant un moment le Soudan occidental. Ces liens historiques, parfois biologiques, certifient que lorsque le Mali est en danger, le Maroc est toujours présent pour lui venir en aide.

Maintenant que les opérations militaires sont lancées, est-ce qu’il y a encore une voie pour les négociations ?
Les opérations militaires sont entreprises sur la base des résolutions de l’ONU. Ces résolutions disposent très clairement qu’il y a deux dimensions de la situation, une politique et une autre sécuritaire, l’une n’excluant pas l’autre. Lorsque le Mali avait été sérieusement agressé et la capitale menacée par les terroristes, nous étions dans un processus de dialogue. Le médiateur de ce dialogue était le Président du Burkina Faso. Ce processus pourra naturellement se poursuivre parce que tous les conflits, y compris la Guerre mondiale, ont toujours fini autour d’une table de négociations. Il en sera ainsi aussi pour ce conflit.

Est-ce que tous les mouvements en conflit sont concernés par le processus de négociations ?
Sur le terrain, il y a des forces terroristes qui sont extérieures au Mali. Ces gens-là sont des étrangers. Nous ne pouvons les associer à aucun processus, ni de négociation ni de construction nationale.
Ces gens, on va les combattre comme il se doit. En ce qui concerne les mouvements frondeurs menés par des Maliens, ils se démarquent de ces forces terroristes et des narcotrafiquants.
Ils ont donc leur place dans le processus de construction nationale.
Il est évident que le gouvernement malien ouvrira le dialogue avec ces forces-là.

Ne craignez-vous pas l’émergence de mouvements indépendantistes basés sur des considérations ethniques ou religieuses ?
Pour l’instant, cette question ne se pose pas. Je pense que nous sommes en mesure d’endiguer toute possibilité d’extension ou des revendications identitaires. 

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