Menu
Search
Mercredi 24 Avril 2024
S'abonner
close
Mercredi 24 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Fête du Trône 2006

Forum international «Afrique développement»

Par Sidi Thami Elouazzani :
Docteur en économie de l’Université de Paris X Nanterre

Forum international «Afrique développement»

Plus de deux mois se sont écoulés depuis la tenue de la deuxième édition du forum international «Afrique développement» (8-9 novembre 2012) organisée par le Groupe Attijariwafa bank et on est encore sur notre faim au regard des informations concernant les transactions réalisées et les contrats d’investissements et commerciaux conclus qui en ont découlé.

On s’interroge s’il a été prévu la mise en place d’un système permettant de recueillir et d’assurer le suivi des transactions nouées dans le cadre dudit Forum. Il est vrai que deux mois sont trop courts pour évaluer la portée du Forum, mais sur la base de la date de sa naissance (première édition organisée en avril 2010 autour du thème : quelles opportunités de développement et d’investissement en Afrique dans un contexte de sortie de crise), deux ans et demi constituent une période suffisante pour mener une évaluation des retombées du Forum en termes d’opérations concrètes d’investissement et de commerce.
Il est bien entendu clair qu’il serait simpliste d’attribuer le nombre de transactions réalisées aux seuls efforts déployés lors du Forum. Nous tenons à mettre en exergue cette précaution en vue d’éviter le dénigrement des actions menées par les différentes structures chargées de la promotion et du renforcement de nos relations de coopération économique avec les pays africains. Si des contrats étaient signés, ils ne sont pas nés ex nihilo ou sont juste le produit du Forum, mais ils sont l’aboutissement de tout un travail conduit en amont : visites royales et de hauts responsables aux pays africains, commissions mixtes intergouvernementales, caravanes de promotion des exportations organisées dans les pays africains, accords avec les pays africains dans les domaines du commerce, de l’investissement, de non double imposition, annulation de l’ensemble de la dette des PMA africains et exonération totale du droit d’importation de produits en provenance de PMA africains depuis 2000.

Évaluation à mi-parcours
Ainsi et compte tenu de l’impossibilité d’isoler les causes des effets (actions de promotion et contrats conclus), il y a lieu de faire preuve d’indulgence au niveau de l’interprétation du nombre des transactions réalisées. L’essentiel est que cet exercice d’évaluation soit effectué, quitte à le considérer comme une évaluation à mi-parcours, en attendant avec impatience le deuxième livre blanc. Le premier livre blanc contenait tous les travaux et discours de la première édition du Forum.
Par ailleurs, les travaux de la deuxième édition ont été sanctionnés par un certain nombre de recommandations liées aux voies et moyens permettant d’intensifier les courants d’échanges entre le Maroc et les pays africains. Ces recommandations concernent les domaines ayant trait à l’infrastructure, au juridique et à la finance. Il serait approprié, à cet égard, que la troisième édition soit dédiée à l’examen de l’avancement de ces chantiers ouverts.

Il s’agit en fait de marquer une pause en vue de digérer les résultats des deux éditions précédentes. Plus les éditions sont dédiées à des thèmes nouveaux, plus il y aura de recommandations et, in fine, il y aura moins d’espoir de les voir se concrétiser. C’est une vérité universelle, plus il y a d’engagements et moins ils sont honorés, à l’image de «trop d’impôts tue l’impôt». De toutes les manières, rien n’entamera l’importance de ce Forum. Sa pérennisation se justifie par les opportunités qu’il offre tant pour les décideurs politiques que pour les opérateurs économiques. La deuxième édition a vu la participation d’éminentes personnalités politiques et d’opérateurs économiques, plus de 1 300 personnalités en provenance de 12 pays.
Ce Forum constitue un espace de dialogue et de réflexion, mais également de prise de position où les décideurs politiques véhiculent leur engagement en faveur d’une intégration africaine, source de croissance et de développement des pays du continent, ainsi que leur soutien aux opérateurs économiques pour aller de l’avant dans leur effort de prospection d’opportunités panafricaines commerciales et d’investissement.

Présence massive des opérateurs économiques
De même, les opérateurs économiques conscients de l’importance du Forum et de la présence des décideurs présentent leurs doléances et font des propositions à même de permettre de surmonter les entraves qui inhibent leurs actions. Les businessmen, étant des personnes pratiques, ne ratent pas l’occasion pour établir les rendez-vous d’affaires. À en croire les organisateurs de cette manifestation, ce nombre a atteint environ 2 600. Les secteurs les plus concernés étaient l’agroalimentaire, le BTP, le négoce et la distribution, l’industrie mécanique, l’électronique, le transport et la logistique.
Maintenant, il n’y a pas lieu de le ressasser à l’infini, que les regards s’orientent désormais vers une troisième édition. Les richesses et les atouts dont regorge notre continent ne seraient que des potentialités hypothétiques en l’absence de ce type d’initiative. Ce Forum cadre parfaitement avec la stratégie d’ouverture du Maroc où l’Afrique occupe une place de choix. Le Maroc multiplie les actions visant le renforcement de ses relations de coopération avec les pays africains amis. Cet effort inlassable ne doit en aucune manière connaître de répit, d’autant plus que les flux d’échanges commerciaux et d’investissement restent en deçà des potentialités dont dispose le Continent et en deçà des aspirations de toutes les composantes du pays (décideurs politiques, opérateurs économiques et société civile). Les deux éditions du Forum ont abordé des questions transversales (le transport et la logistique, le cadre réglementaire et la protection des investissements, le financement des infrastructures et des échanges commerciaux). Ceci posé, ne serait-il pas utile d’engager la réflexion sur l’organisation de Forums dédiés à des thématiques circonscrites relatives aux leviers de la croissance et de l’intégration africaine. Sans pour autant être exhaustif, les domaines peuvent concerner notamment ceux ayant trait à l’énergie et à l’énergie renouvelable, l’eau, les finances, le commerce extérieur et les ressources humaines.

Le Maroc, terre africaine a une responsabilité africaine. Sans nourrir le moindre sentiment narcissique, il est de son devoir de partager son savoir-faire et son expérience avec les pays africains amis. Le Maroc, terre d’ouverture et d’accueil, s’enorgueillira d’être un espace de rencontres entre les Africains pour élaborer des plans d’actions pour les Africains. Œuvrons ensemble à ce que le Maroc devienne l’épicentre des idées fécondes pour le développement de notre continent !
[email protected]

Lisez nos e-Papers