Menu
Search
Samedi 20 Avril 2024
S'abonner
close
Samedi 20 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Spécial Marche verte

Le regard de l’étranger sur l’ambiance du Ramadan

Si certains étrangers s’agacent de devoir changer leurs habitudes durant le ramadan, d’autres s’en réjouissent et tournent cette «contrainte» en avantage… Couples étrangers, couples mixtes, salariés ou simples étudiants, chacun à sa propre vision du ramadan…

Le regard de l’étranger sur l’ambiance du Ramadan
Le Maroc se veut un pays de tolérance et d’ouverture.

«Hospitalier et généreux». Ce sont les deux premiers termes qu’un étranger utilisera pour qualifier le Marocain. Deux grandes qualités qui, selon certains, s’accentuent durant le mois sacré du ramadan. «Avec mon mari José, nous avons été invités à partager le repas de rupture du jeûne, un soir, par un commerçant d’Ouarzazate, dans la rue avec des indigènes. C’était inoubliable ! J’en garde un très bon souvenir. C’est une période où le partage et l’accueil sont très importants», se rappelle avec nostalgie Maria, une Espagnole de 46 ans.

Un avis que semble partager Gaëlle, 29 ans originaire de Bruxelles. «Je suis partie faire des courses pour le “ftour” du soir même. Devant moi, à la caisse, un homme, la quarantaine, dépose sur le tapis une grosse pastèque et du “lben” (petit lait), se retourne vers moi et me propose de m’aider à déposer mes articles et de les porter jusque chez moi. J’ai bien sûr refusé qu’il fasse cet effort. C’est lui qui jeûne, pas moi !», se remémore-t-elle.

Pour sa part, Sylvie, une Parisienne de 48 ans, reste admirative devant une telle dévotion. «J’ai une réelle admiration pour les pratiquants qui ont le courage  de suivre un rythme de jeûne particulièrement dur. Moi-même je n’arrive jamais à aller jusqu’au bout d’un régime…», explique-t-elle.
Le Maroc se veut plus tolérant. «Les Marocains sont un peuple très compréhensif, ils ne nous diront rien même si nous mangeons devant eux. Mais je ne trouve pas ça très correct, nous leur devons nous aussi le respect», déclare Maria, notre quarantenaire espagnole.

De son côté, Charles, un Français à la retraite, comprend parfaitement la démarche. «Nous avons fait le choix de vivre dans ce pays, il faut en accepter les coutumes et les traditions (comme cela devrait se faire dans le monde entier d’ailleurs). Par respect, donc, je ne bois, ni ne mange ou fume devant les gens durant cette période. Pourtant, je n’ai pas l’obligation de le faire, mais c’est une question de savoir-vivre ! J’ai vu un jour un MRE en plein ramadan, sortir de son 4x4 cigare au bec. Moi, je ne me serai pas permis», se désole-t-il.
Seule ombre au tableau pour Charles et Monique, sa femme : le fait que ramadan tombe en saison estivale. «Nous n’avons aucun problème avec ramadan : nous ne jeûnons pas. Ceci dit, il est toujours un peu délicat pour ma compagne et moi de se balader dans les rues en petite tenue, ou d’aller à la plage durant cette période. Heureusement, nous avons une maison avec jardin. Nous pouvons donc y faire bronzette sans déranger personne», affirme Charles. «J’ai profondément de respect pour ces femmes qui portent le voile sous 40 degrés, pendant le ramadan et en plein soleil. Je ne sais pas comment elles font ; une question d’habitude sans doute», intervient son épouse.

S’il n’est pas question de jeûner pour notre couple de retraités, Sylvie, elle, se sent contrainte. «Mon époux est marocain, je suis française. Bien que rien ne m’y oblige, je jeûne. Lorsque mon mari m’a demandé pourquoi, je lui ai répondu que j’aimais partager ce moment avec lui. Je n’aime pas me retrouver toute seule à manger. Je trouve ça triste», déclare-t-elle.

Outre la contrainte alimentaire, Sylvie doit également endurer la contrainte affective et charnelle, mariage mixte oblige. Mais celle-ci a judicieusement réussi à la tourner en avantage. «Les contacts physiques comme le petit bisou du matin, ou une petite caresse sur l’épaule sont des moments tendres dont on doit s’abstenir durant le mois du ramadan. Je suis du coup plus attentionnée, plus à l’écoute envers mon mari, car cela me manque. Cela calme aussi les tensions qu’il peut y avoir dans notre couple. J’ai l’impression de l’aimer à nouveau comme au premier jour, un peu comme une adolescente. Bien sûr, ce sentiment est réciproque…», confie-t-elle.

Pour Gaëlle, le ramadan est aussi l’occasion d’exercer ses talents culinaires et de laisser libre cours à son imagination. «J’adore cuisiner pendant le ramadan ! Je prends à chaque fois 5 kilos, mais qu’à cela ne tienne. Leur cuisine est excellente. Il y a plein de nouvelles recettes que je teste durant ce mois sacré», se réjouit-elle. Cependant, pas question pour la jeune femme de rester collée au protocole. «Notre “ftour” est mi-oriental, mi-occidental, un peu pour se rappeler d’où on vient. D’un côté, on retrouve la traditionnelle “harira”, la “chebakiya”, les “briouates”, le “msemen”, le “baghir” ou le “batbot” ; de l’autre des Sushis, des canapés au saumon fumé ou œufs de lompes, des tapas, des feuilletés chèvre-épinard et j’en passe… C’est un ramadan-Noël chez nous», plaisante-t-elle.

Lisez nos e-Papers