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«L’eau injectée pour briser la roche contient 200 produits chimiques»

«L’eau injectée pour briser la roche contient  200 produits chimiques»
Mohammed Benabbou

L’exploitation du gaz de schistes a commencé depuis des années aux États-Unis et au Canada et ce n’est que maintenant que l’opinion publique internationale découvre ses dangers. Comment expliquez-vous cette réaction tardive ?
Plusieurs facteurs ont poussé la société civile à agir : en 2013 l’agence fédérale américaine de protection de l’environnement a recensé une quarantaine de situations dans lesquelles la population se plaint de pollutions diverses, qu’elles attribuent à l’exploitation de gaz de schistes : contamination de l’eau potable aux hydrocarbures, chute de la quantité d’eau disponible dans les points de prélèvement, augmentation de la salinité de l’eau, épandage de boues de forage, fuites du liquide de fracturation, etc.
Au Texas, qui souffre de la sécheresse depuis un an, certaines municipalités assises sur le gisement de Barnett Shale ont interdit l’utilisation de l’eau dans l’exploitation du pétrole de schistes. D’autres villes ont prohibé son transport. Au Colorado, les agriculteurs se sont vus devancés par les sociétés de forage lors des ventes aux enchères des ressources hydrauliques.
En 2011, un séisme de magnitude 5,7 frappait la petite ville américaine de Prague, dans l’Oklahoma. Le tremblement de terre dû aux activités humaines détruisit une quinzaine d’habitations.

Vous avez vécu au Canada. Concrètement pouvez-vous nous raconter les dégâts entraînés par l’exploitation du gaz de schistes dans ce pays ?
Un récent rapport d’enquête du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), un organisme chargé de recueillir les opinions de l’industrie et de la population, révèle que des émanations «de gaz ont été détectées dans 11 sites» sur les 31 puits du Québec. Les associations d’usagers demandent un moratoire sur l’exploration de ces gaz controversés.
En Alberta, où la présence de gaz de schiste attire également les compagnies gazières, de strictes mesures ont été prises par le gouvernement canadien pour limiter l’exploitation.
Il n’y a pas d’acceptabilité sociale du gaz de schiste au Québec : 100 000 personnes ont signé une pétition contre les gaz de schiste, il y a plus de 80 comités de citoyens mobilisés sur cette question et plus de 37 000 propriétaires/locataires ont fait parvenir une lettre aux compagnies gazières les informant de leur décision d’interdire l’accès à leur propriété.

L’exploitation du gaz de schistes se fait via la fracturation hydraulique. Cette méthode est-elle admise dans un pays comme le Maroc qui connaît déjà un stress hydrique ?
L’eau injectée dans le sol pour briser la roche et libérer le gaz contient 200 produits chimiques. Ceux-ci peuvent passer dans la nappe phréatique et la polluer de façon durable.
Les volumes d’eau nécessaire sont considérables, des millions de litres étant nécessaires pour fracturer une roche. Cette énorme quantité d’eau polluée devra être stockée dans des réservoirs, en surface, et ne peut être réutilisée ni partagée avec les autres usages (arrosage agricole, alimentation bétail, industriel…)
Le Réseau des écoles planet’ERE Maroc affirme son refus de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère (gaz de schiste, huiles de schiste) et tous les hydrocarbures dont l’extraction nécessite l’utilisation de techniques exigeant de fracturer, stimuler, ou encore fissurer la roche et ayant pour conséquence de porter atteinte à son intégrité.

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