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Une grande fête populaire et un rituel socio-culturel

Les faits : Célébrée mercredi par les musulmans du monde entier, l'Aïd Al-Kébir est la fête incontournable du calendrier annuel. C’est l’occasion pour les Marocains de se réunir en famille pour déguster le mouton. L’ambiance tourne autour du partage, de la générosité et de la bonne humeur.

Une grande fête populaire  et un rituel socio-culturel
Si certains attendent l'Aïd Al-Adha avec impatience, d’autres restent plus réticents.

Dès le réveil, l’ambiance particulière de l'Aïd Al-Kébir est la même : le bêlement du mouton est la première chose qu'on entend dès le lever du soleil. Généralement logé dans le jardin familial ou sur la terrasse de l’immeuble (stah), le mouton est au cœur des discussions durant toute la semaine qui précède la fête.
«On a choisi le nôtre avec attention», explique Soukaina, mère au foyer âgée de 43 ans, avant d'ajouter : «Le jour du sacrifice, on le prépare, on lui met du henné sur le front et, surtout, les enfants se prennent en photo sur son dos», raconte-t-elle.

Une fois le mouton égorgé, c’est une tout autre paire de manches qui attend les femmes à la cuisine. Les plus chanceuses d’entre elles auront le renfort de leur mère, belle-mère, sœur ou cousine… Pour celles qui n’ont pas la chance de le fêter en famille, c’est une autre histoire. Elles sont également submergées de travail durant toute la journée : entre la réception des invités, la cuisson du mouton et le ménage de la maison, on peut dire que cette journée est épuisante ! C’est le cas pour Amine et Youssra, un jeune couple habitant à Rabat : «cette année, mon mari et moi n’avons qu’un jour de repos pour l’Aïd Al-Adha, alors on ne peut pas se déplacer chez nous à Agadir pour le passer en famille», confie Youssra. «Je vais devoir m’occuper de vider et de cuisiner le mouton toute seule. Heureusement, je peux compter sur l’aide de mon mari», dit-elle avec soulagement.

La fête du mouton est également la journée idéale pour sortir ses plus beaux habits pour rendre visite à la famille : «J’aime beaucoup cette fête, car elle est symbolisée par les retrouvailles chaleureuses en famille et les bons repas conviviaux», avoue Mourad, un étudiant de Marrakech. Le jeune homme habite à Paris pour ses études et cette fête est pour lui le moment parfait pour revenir au Maroc. Et le père du jeune homme partage son opinion : «M’attabler en compagnie de toute ma famille, réunie pour un copieux déjeuner n’a pas de prix», indique Laarbi, père de famille. Puis de continuer : «D’ailleurs, je mets un point d’honneur à ce que toute la famille soit au grand complet pour cette journée de fête : enfants, parents, grands-parents… Je veux que tous ceux que j’aime m’entourent, car c’est si rare qu’on puisse tous se retrouver ensemble».
L’habit traditionnel étant à l’honneur cette journée, les Marocains mettent un point d’honneur à bien s’habiller. Mais ceux qui doivent être les plus jolis sont encore les enfants. Toute la journée, ils déambulent et se pavanent dans leurs plus beaux vêtements. C’est également l’occasion d’initier les plus petits aux valeurs d’échange et de partage. Au centre de la fête, les enfants se voient offrir des bonbons ou encore de l’argent.

L'envers du décor

Si certains attendent l'Aïd Al-Kébir avec impatience, d’autres restent plus réticents. En effet, quelques malchanceux ont dû passer cette journée à ramasser les déchets qui s’accumulent au fil de la journée : entre les carcasses, les peaux et les têtes de mouton, cette fête n’est pas de tout repos pour les employés des sociétés de gestion de déchets : «je ne peux pas profiter de la journée de fête avec ma famille», explique Hamza, un éboueur. «En fait, je suis obligé de me lever très tôt pour pouvoir profiter un maximum de mes proches avant d’aller travailler». Et Hamza n’est pas le seul dans ce cas.

En effet, qu’ils soient conducteurs de taxi ou de tramway, serveurs dans des snacks-restaurants ou encore agents de sécurité, nombreux sont ceux qui ne profitent pas de la fête du mouton.
Lorsque cette journée se passe dans la bonne humeur, les gens ne remarquent même pas la masse de travail qui les attend. Malheureusement, certains n’arrivent pas à se mettre d’accord avec les voisins ou encore les membres de leur famille sur quelques détails insignifiants, mais qui peuvent rapidement gâcher le plaisir de la fête. Et les querelles, Wahid s’en souvient bien : «L’an dernier, mes parents ont voulu inviter toute la famille dans notre ferme pour fêter l’Aïd. C’était leur façon à eux de réconcilier toutes les personnes qui étaient en froid. Seulement, rien ne s’est déroulé comme prévu et il y a eu beaucoup de disputes entre deux de mes tantes. Alors cette année, mes parents ont choisi de faire dans la sobriété et c’est mieux ainsi», révèle-t-il.

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