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«Notre objectif est de développer l’esprit d’initiative et d’entrepreneuriat chez les jeunes»

Les faits : Le Sommet mondial pour l’innovation de l’éducation (WISE) a ouvert ses portes au Qatar. Comme chaque année, le Sommet décerne des prix à six projets éducatifs qui ont transformé des vies.

«Notre objectif est de développer l’esprit d’initiative  et d’entrepreneuriat chez les jeunes»
Une vue du Sommet mondial pour l’innovation de l’éducation (WISE) organisé à Doha (Qatar).

Le Matin : Injaz Al Maghrib travaille dans le cadre d’un programme d’entrepreneuriat avec les jeunes depuis 2008. Pouvez-vous nous en parler ?
M’hamed Abbad Andaloussi : L’idée est de permettre aux jeunes d’avoir les compétences de réussir dans leur quête d’emploi. Et ce, en appliquant l’apprentissage par l’action. En d’autres termes, ce sont des cadres d’entreprises qui forment les jeunes deux heures par semaine, dans le cadre de programmes qui peuvent durer de 4 à 16 semaines selon la disponibilité du cadre. Durant ce programme, 25 jeunes sont amenés à étudier le marché, établir un budget, les matières premières, vendre des actions, élire un conseil d’administration, choisir le président, le directeur commercial… tout cela pour leur apprendre l’esprit d’initiative.

Est-ce que le programme est accessible à tous les jeunes du Maroc ?
Nous avions trois locaux : Casablanca, Rabat et Tanger et donc nous travaillons exclusivement avec les établissements de ces régions. Cependant, prochainement, nous ouvrirons d’autres bureaux, ce qui en augmentera le nombre à 11. Grâce à cela, nous pourrons faire participer des jeunes dans des régions différentes du Maroc, que ce soit dans le milieu urbain ou rural.

Qu’arrive-t-il à l’entreprise créée par les jeunes après la fin du programme ?
Une étude mondiale a démontré que 30% des jeunes qui participent à ce genre de programmes créent leur propre entreprise à partir de l’âge de 25 ans. Mais vu que nos participants sont très jeunes, nous leur demandons à la fin de l’année de liquider l’entreprise. Sauf que certains étudiants décident de continuer l’expérience entrepreneuriale. Lorsque nous avons remarqué leur envie de continuer dans ce domaine, nous avons convenu avec une banque d’affaires qui a accepté de les former pendant six mois.

L’initiative a-t-elle connu un succès international ?
En effet, c’est une fierté pour nous et pour le Maroc. Notre programme a récolté un grand nombre de reconnaissances mondiales. La dernière en date, était un article du Times Magazine paru en septembre et rédigé par l’ancien président américain Bill Clinton dans lequel il cite comme exemple notre programme, parmi trois autres, comme modèle pour les acteurs du changement. Il y a eu aussi le prix de l’entrepreneuriat 2013 par la Fondation MetLife, composé d’un consortium de plusieurs compagnies d’assurances américaines, et Junior Achievement Worldwid.
Enfin, je peux citer le livre publié l’année dernière par Wise, et dans lequel une agence britannique, chargée de trier sur le volet 15 expériences réussies dans le domaine de l’éducation pour faciliter l’accès au marché de l’emploi. Et là encore, notre programme a été reconnu par cette agence.

À quoi est dû ce succès mondial ?
Il s’agit d’une expérience unique. L’idée est innovante. Il est connu que l'État ne peut pas offrir un travail à tous les jeunes qui accèdent au marché de l’emploi, du coup nous avons besoin d’une nouvelle génération d’entrepreneurs en développant la fibre entrepreneuriale chez les jeunes.
La 2e clé de notre succès mondial est que nous avons réussi à convaincre 75 entreprises d’adhérer à notre programme, ce qui nous permet de compter 1 200 cadres volontaires qui forment les jeunes selon huit programmes différents.

Est-ce que le programme est tout aussi reconnu au Maroc ?
Au Maroc nous avons la chance de vivre des expériences exemplaires. Par exemple, les universités ont décidé d’ajouter un module de l’entrepreneuriat de 40 heures au cursus universitaire des étudiants de 3e année et de nous accorder à nous, société civile, la possibilité de donner des cours dans le cadre de ce module par le biais des cadres formés par le programme.
Ceci est une très bonne initiative, mais malheureusement j’ai entendu dire que le ministre a décidé de l’annuler et de créer à sa place une branche d’entrepreneuriat dès la 1re année. J’espère que ce n’est qu’une rumeur parce qu’avant de vivre l’expérience via le programme, rares sont les étudiants qui sont intéressés par l’entrepreneuriat. La preuve est l’échec qu’a connu le programme Moukawalati. Par ailleurs, tous les proviseurs de lycées et collèges et tous les doyens de facultés n’acceptent pas forcément que leurs étudiants participent à ce programme.
Tous ne sont, en effet, pas convaincus de son utilité et de son importance sur l’avenir des jeunes. Et même ceux qui l’acceptent ne s’engagent pas entièrement à sa réussite.
Aussi, espérons-nous que l’entrepreneuriat fera bientôt partie du cursus scolaire dans les collèges et lycées et ne sera plus considéré comme simple activité parallèle.

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