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«Cette année, le nombre des étudiants a connu une hausse de 8%»

Le président de l’Université Mohammed V Agdal, Wael Benjelloun, fait le point sur la situation de son établissement à la veille de la rentrée universitaire 2013-2014. L'université est réputée pour sa performance et son classement, à l’international, en constante amélioration. L’université caracole d'ailleurs en tête de liste des meilleures universités du continent africain. Malgré ces avancées, l'établissement est confronté au nombre toujours croissant des étudiants et au départ massif des enseignants à la retraite, ainsi qu’à un budget d’investissement limité.

«Cette année, le nombre des étudiants a connu une hausse de 8%»
Wael Benjelloun, président de l’Université Mohammed V Agdal

Le Matin : Qu’avez-vous préparé pour la rentrée 2013-2014 ?
Wael Benjelloun : Les préparatifs se sont bien déroulés. Pour cette rentrée, l’université a enregistré une augmentation du nombre d’étudiants. Mais cette augmentation n’est pas insurmontable. Depuis plus de deux ans, l’université assiste à une hausse du nombre des étudiants de l’ordre de 30%.
Cette année, le taux de l’augmentation de l’effectif est de 8% ; ce qui rend la situation plus gérable. Pour accompagner cette évolution numérique, nous avions participé à toutes sortes de forums et nous avions travaillé avec les académies pour une meilleure orientation des étudiants. Nous avons, aussi, construit des amphithéâtres et des salles de travaux pratiques.
Comme cette hausse dans une conjoncture où l'université souffre d'un manque d’enseignants, des efforts supplémentaires ont été consentis par les enseignants en exercice, en étendant les heures des cours jusqu'à 19 h, au lieu de 16 h 30 auparavant.
En outre, l’université a opté pour de nouvelles stratégies se basant sur l’outil informatique, en particulier l’enseignement à distance, qui donne de bons résultats ailleurs.

Comment expliquez-vous ce phénomène de massification ?
Ce qui est sûr, c’est que cette massification n’est en aucun cas liée à des phénomènes de démographie, mais plutôt à un meilleur accès au primaire, depuis plus de 10 ans. D’ailleurs, nous avons prévu cette hausse dans les universités, en nous basant sur les résultats des études portant sur le niveau de scolarisation.
Au niveau de l’Université
Mohammed V, cette massification est devenue plus visible au cours des cinq dernières années. Le nombre des étudiants est passé de 20 000 à 30 000. En tout cas, cette augmentation est bonne pour le pays.

Concrètement, comment l’université gère-t-elle cette situation ?
Outre le renforcement de l’infrastructure, nous essayons de garder un chiffre gérable qui ne peut dépasser 250 étudiants par amphithéâtres. Nous orientons mieux les étudiants à l’entrée tout en mettant à leur disposition les moyens nécessaires pour un épanouissement scientifique pendant tout leur cursus universitaire.

En plus de la massification, il y a le départ, aussi massif, des enseignants à la retraite, quel est l’impact de ces deux problématiques sur le fonctionnement de l’université ?
Le manque des enseignants, c’est bien là où le bât blesse. Notre université perd chaque année 30 à 35 enseignants. D’où un véritable problème pour assurer la charge que nous avons. D’autant que la situation est accrue par le départ massif du personnel de l’administration. Cela fait trois ans que nous n’avons pas procédé à des recrutements. À cela s’ajoute la diminution du budget de l’université à cause de la crise. Malgré ces contraintes, nous avons frôlé le cap de 4 000 dans le classement international (sur 9 200 universités). C’est la première fois qu’une université africaine dépasse ce cap. Et nous travaillons pour améliorer ce classement.

L’Université Mohammed V Agdal accueille beaucoup d’étudiants subsahariens. Quelle place occupe-t-elle dans l’espace africain ?
C’est un peu difficile de répondre clairement à cette question. Car aujourd’hui l’évaluation des universités se fait en anglais. Ce qui est préjudiciable pour les universités francophones qui ne sont pas visibles en anglais à l’extérieur. Même si nous avons les qualités requises, nous nous retrouvons dépassés par certaines universités qui recourent à cette langue. J’ai discuté de cette question avec ceux qui sont en charge de cette évaluation et ils m’ont expliqué qu’ils cherchent l’information en anglais. Ce faisant, nous avons changé notre site web, nous utilisons désormais l’anglais. Nous travaillons avec nos étudiants pour introduire un module en anglais dans leur cursus.

Justement, y a-t-il du nouveau dans les formations dispensées ?
Nos étudiants ont 164 filières entre licences et masters entre lesquelles ils peuvent choisir, dont 127 sont ouvertes dans les trois facultés de l’université (droit, lettres et sciences). Cette année, nous avons ajouté une licence du chinois, qu’on démarre cette année dans la Faculté des lettres.
Quant aux filières professionnalisantes, nous avons intégré une licence en partenariat avec la fédération du BTP. L’idée est de former des gestionnaires de chantiers qui ont à la fois une formation académique et de gestion.

Vous avez évoqué l’intégration de l’outil informatique dans les formations, expliquez-nous le fonctionnement du système de l’enseignement à distance ?
L'enseignement à distance est tout à fait faisable, d'autant plus que le Maroc est un grand pays en termes de superficie. Pour faire parvenir le savoir aux zones les plus éloignées, nous devons opter pour l’enseignement à distance.

Quand on regarde ce qui se passe au Canada et en Australie, l’enseignement à distance s’est avéré crédible, il est reconnu et ses diplômes sont tout à fait équivalents à ceux de l’enseignement traditionnel. C’est une formation qui a donné ses preuves. Elle donne la possibilité à l’étudiant d’être plus indépendant. Aujourd’hui, nous essayons d’inculquer de nouvelles valeurs à nos étudiants. Il faut qu’ils aient de l’initiative et qu’ils soient plus créatifs.

Vous avez lancé un projet avec l’Université de Montréal concernant la mise en place du système EXAO (expérimentation par ordinateur), où en êtes-vous ?
Le projet est sur les rails. La première salle d’EXAO devrait être ouverte dans la Faculté des sciences cette semaine. Il y a une autre expérience qu’il ne faut pas oublier, celle de l’École normale supérieure qui utilise cette expérience depuis 10 ans. Et c’est une expérience que nous voulons mettre en valeur.

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