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Promouvoir le libre commerce et la coopération avec les États-Unis

Par Reza Ansari
Éditorialiste de Cheragh-e Azadi (la lampe de la liberté), la plate-forme persane de la Fondation Atlas.

Promouvoir le libre commerce et la coopération  avec les États-Unis
Il n'existe pas d'alternative à une coopération raisonnable et réaliste entre l'Iran et les États-Unis.

L’élection d’un modéré, Hassan Rouhani, à la présidence de l’Iran représente un signal assez clair que le peuple iranien comme l’establishment politique souhaitent un arrêt des sanctions économiques néfastes de l’occident, avec un changement de cap dans l’impasse de la crise nucléaire avec l’Amérique.
Dans ce contexte, des Iraniens de premier plan font la promotion du message libéral traditionnel selon lequel le libre échange favorise la paix ainsi que la prospérité.

Dans un éditorial du mois dernier dans le journal économique Donya-e-Eqtesad, le professeur Mousa Ghaninejad, un intellectuel respecté, invoquait Montesquieu, qui a inspiré les fondateurs de l’Amérique, en expliquant que le libre-échange génère la richesse, car il favorise le civisme, le respect des droits des autres et la paix par une interdépendance croissante des peuples. M. Ghaninejad, qui, dans les deux dernières décennies a inlassablement prôné le libéralisme et la libre entreprise en Iran, faisait ensuite valoir que les sanctions sont à la fois contre-productives et illégales. Il concluait en incitant les Iraniens à lancer un appel au monde pour mettre fin aux sanctions.

Le message de Ghaninejad semble avoir résonné en Iran. Chaque jour, les journaux publient des articles et des interviews critiques des sanctions. Une page Facebook opposée aux sanctions a plus de 10 000 fans.
Le 8 août, 55 importants prisonniers politiques iraniens ont rejoint la campagne en envoyant une lettre ouverte au Président Obama (publiée dans le Guardian) appelant à mettre fin aux sanctions, l’implorant de saisir l’occasion offerte par la présidence de M. Rouhani pour trouver une solution mutuellement acceptable au conflit.

Ces sanctions ne sont pas nouvelles en Iran, et l’histoire nous rappelle qu’elles n’ont jamais été efficaces. Lorsque l’Iran nationalisa la compagnie pétrolière Anglo-Iranian en 1951, la Grande-Bretagne gela immédiatement les avoirs de l’Iran, interdit les exportations vers ce pays, et bloqua tous les navires en plaçant la marine britannique dans le golfe Persique.

Cet embargo eut de graves conséquences économiques pour le peuple iranien, mais il ne réussit pas à changer la politique de nationalisation. Au lieu de cela, il donna plus de pouvoir aux politiciens qui s’opposaient à tout compromis. À un moment donné dans l’arbitrage mené par les États-Unis et la Banque mondiale, les deux parties étaient proches d’un accord. Mais à ce moment-là, le sentiment nationaliste et anticompromis dans l’opinion était devenu si fort que les radicaux enhardis réussirent à
persuader le Premier ministre Mohammed Mossadegh de rejeter la résolution. S’ensuivit un coup d’État militaire contre Mossadegh (avec l’aide de la CIA) et 25 ans de régime autoritaire du Shah, puis la révolution islamique de 1979.

Et à nouveau, lorsque le personnel américain de l’ambassade américaine à Téhéran fut pris en otage en 1979, le gouvernement américain gela
les avoirs iraniens et imposa des sanctions qui n’ont fait que s’intensifier depuis. La crise des otages exigeait certainement une réaction forte de la part du gouvernement américain, mais sont-ce les sanctions qui permirent en définitive la libération des otages ? Non : on a pu faire valoir que, même sans sanctions, la pression diplomatique sur le gouvernement révolutionnaire d’Iran, dont la crédibilité en tant que membre du Mouvement des pays non-alignés était sérieusement écornée, aurait apporté le même résultat.
Il est intéressant de se demander ce qui se serait passé si le peuple américain était resté un partenaire commercial majeur du peuple iranien ces 34 dernières années, malgré tous les conflits politiques ? Les deux pays ne seraient-ils pas en meilleure position pour résoudre le différend actuel ?
Il s’agit d’une question urgente pour le peuple iranien. Le Fonds monétaire international affirme que les sanctions, que les États-Unis ont poussé d’autres pays à imposer, sont la principale raison pour laquelle l’économie iranienne est en déclin. En 2012, le PIB réel iranien a baissé de 1,9%, et le FMI prévoit que le PIB diminuera de 1,3% de plus cette année.

Dans cette situation malheureuse, il y a cependant matière à se réjouir. La campagne du peuple iranien contre les sanctions, qui bénéficie du soutien de tout le spectre politique du pays, est fondée sur cette grande vérité que «restreindre le commerce nous appauvrit».
C’est une leçon que les Iraniens apprennent tous les jours sur le marché. Comme Ghaninejad, le parrain du libéralisme classique en Iran, le fait aussi remarquer, il s’ensuit que, par les avantages de la division du travail et la bonne volonté engendrée par la coopération
économique, le commerce libérateur nous enrichit. Cela est vrai que les restrictions commerciales proviennent de sanctions américaines ou de tarifs douaniers et de quotas iraniens.

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