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Relation malade-médecin, ce lien si précieux

La professeure et néphrologue Amal Bourquia présentait, la semaine dernière à Casablanca, son nouvel ouvrage traitant de la relation malade-médecin. Pour la première fois, la professeure Bourquia s’est lancée le défi d’écrire un ouvrage en arabe afin de toucher le plus grand nombre de personnes et de sensibiliser les Marocains à l’importance de cette relation.

Relation malade-médecin, ce lien si précieux
Plus qu’une relation de patient à spécialiste, la relation du malade avec son médecin doit se construire sur la confiance.

La version arabe de l'ouvrage «Relation malade-médecin : Dimensions éthiques de l'annonce d'une maladie chronique, exemple : l'insuffisance rénale chronique» de son auteure, Pr Amal Bourquia, a été présentée jeudi dernier à Casablanca. Ce livre de 70 pages, paru en langue française en 2010, traite de la relation médecin-malade, une relation humaine basée sur la confiance régie par de nombreux facteurs individuels et socioculturels dans le respect de la pratique éthique. Consciente de l’influence que peut avoir la relation malade-médecin sur la réussite du traitement, A.Bourquia a décidé de consacrer son livre à cette relation fondamentale.

Plus qu’une relation de patient à spécialiste, la relation du malade avec son médecin doit se construire sur la confiance. Bien qu’il soit là, avant tout, pour soigner les patients, le médecin se doit d’être à l’écoute des malades afin de les aider à gérer leurs émotions, leurs appréhensions et leurs craintes. De la rigueur scientifique et de la technique, il en faut pour être un bon médecin, mais un malade physiquement blessé, l’est aussi psychologiquement. C’est pourquoi le médecin ne peut se contenter d’être doué de ses mains, il doit l’être dans sa relation avec le patient.

Mme Bourquia, qui est d'ailleurs présidente de l'Association «Reins» de lutte contre les maladies rénales, a fait remarquer que tout médecin pourrait être amené à faire l'annonce d'une maladie chronique ou grave un jour ou l'autre, ajoutant qu'il faut tenir compte du profil psychologique du patient et de sa famille pour rendre cette information la moins traumatisante possible. «Malheureusement au Maroc, il n’est pas rare de voir les patients complètement dépassés par leur maladie. Mal renseignés, ils sont nombreux à sortir d’une consultation ordonnance à la main, mais ne sachant pas expliquer leur problème.

Parce que certains médecins sous-estiment les capacités intellectuelles de leurs patients où simplement parce qu’ils ont la sensation de perdre leur temps en donnant trop d’explications, les patients ne reçoivent pas les informations nécessaires quant à leur maladie», s'indigne-t-elle. Selon elle, le traitement du patient se fait bel et bien à deux.

Le soignant donne de son temps et apporte son savoir scientifique et le patient, sa bonne volonté et sa complicité. En aucun cas, le médecin ne devrait prendre le patient de haut, sous prétexte qu’il est qualifié dans le domaine. Le malade est en droit d’exiger des explications claires et intelligibles afin de comprendre son diagnostic et les différentes possibilités qui s’offrent à lui en terme de traitement. Le Pr Bourquia est l'auteure de plusieurs ouvrages et contributions, notamment son ouvrage fort documenté «Plaidoyer pour la transplantation rénale au Maroc» et «Regard éthique : la greffe rénale au Maroc».

Elle est membre de nombreuses instances scientifiques nationales et internationales, dont la Société de néphrologie en France ou elle représente le Maroc au sein de son conseil d'administration, la Société internationale de néphrologie, l'Association mondiale de médecine, celle de l'Académie des sciences de New York et autres. Elle est également membre fondatrice de nombreuses sociétés savantes et d'associations, telle que l'Association méditerranéenne des maladies rénales (présidente fondatrice). Elle est enfin représentante de l'Afrique au sein de l'Association internationale de néphrologie pédiatrique. 


Questions à : Amal Bourquia, professeure et néphrologue

«Le malade doit discuter avec son médecin, il doit savoir tout ce qui se passe»

Pourquoi avoir consacré tout un livre à ce sujet et, surtout, pourquoi ce choix de l’écrire, pour la première fois, en arabe ?
Écrire en arabe était difficile pour moi, ce n’est pas comme écrire en français. Même chose pour la conception, l’impression et l’infographie en arabe, c’est très délicat donc ça a pris beaucoup de temps, mais c’était pour moi un vrai défi. Je voulais faire parvenir à un maximum de personnes ce que j’avais à dire de la relation médecin-malade, car cela concerne toute la population. Un jour ou l’autre, on est tous confrontés à un médecin, que ça soit pour nous ou pour un membre de notre famille et c’est important de savoir que cette relation est la base de la réussite du traitement. J’ai tenu à écrire ce livre de manière très simple afin qu’il soit accessible à la majorité de la population.

Si vous avez écrit ce livre, c’est parce que vous êtes consciente du problème qu’il y a, au Maroc, au niveau de la relation médecin-malade. Pourquoi cette relation est-elle si difficile à construire, selon vous ?
Il y a un problème dans la mesure où cette relation est compliquée, car il y a des contraintes de temps et de technologie. Certains appareils finissent par remplacer les médecins et parfois, le praticien est tellement pris dans cet engrenage technologique qu’il ne fait pas très attention à ce que ressent le malade. Il faut attirer l’attention sur les patients, car cette relation a changé. Avant c’était différent, c’était beaucoup plus simple avec le médecin qui avait l’autorité scientifique et le malade qui n’avait pas à discuter les consignes de celui-ci. Aujourd’hui, les choses ont changé, le malade doit discuter avec son médecin, il doit savoir tout ce qui se passe, avoir une idée de ce qui l’attend et comprendre aussi sa maladie, son diagnostique, son devenir. L’information doit être adaptée au malade, à chaque patient individuellement. Le médecin ne doit pas donner des informations en vrac, des informations incompréhensibles. Il doit s’adapter au niveau intellectuel et social du patient et ne pas utiliser un jargon que le patient ne va pas du tout intégrer, car au final, le résultat ne sera pas bon.

Que doivent comprendre les malades finalement, à travers votre livre ?
Les gens doivent comprendre que si on ne construit pas dès le début une bonne relation entre le médecin et le patient on ne peut pas réussir le suivi. Et c’est d’autant plus vrai quand il s’agit d’une maladie chronique comme l’insuffisance rénale, par exemple. Je voudrais aussi faire comprendre aux gens qu’ils ont le droit à une bonne relation médecin-malade, le droit d’être écoutés et d’avoir confiance en leur médecin, car la confiance c’est la base. Si le patient n’a pas confiance en son médecin, il doit en changer pour être à l’aise et suivre son traitement avec assiduité. Il y a beaucoup trop de malades qui prennent des médicaments sans comprendre ni pourquoi ni comment ils doivent le faire et ça, c’est inacceptable !

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