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Accueil next Michael Hoey et Karen Lunn sur le podium

La protection des ressources naturelles appelle une mobilisation urgente et pérenne

La Faculté des sciences et le Laboratoire matériaux et environnement (LME) de l’Université Ibn Zohr d’Agadir ont organisé, du 18 au 20 décembre, la quatrième édition du Congrès international «Eaux, Déchets, et Environnement». Ce rendez-vous a enregistré la participation d’universitaires, de chercheurs et de spécialistes marocains et étrangers qui ont présenté des études sur la gestion des ressources en eau et la protection de l’environnement, ainsi que les dernières innovations sur le traitement des eaux usées et des déchets.

La protection des ressources naturelles appelle une mobilisation urgente et pérenne
La préservation de la faune et de son écosystème est l'un des grands défis actuels.

Nous vivons dans une société de forte consommation. Beaucoup d’entreprises qui s’activent dans l’agroalimentaire n’hésitent pas à déployer de gros moyens pour satisfaire cette demande. Sauf que cette hausse de la production se répercute négativement sur l’écosystème. Autrement dit, certains produits qu’elles utilisent dégradent les ressources naturelles et menacent l’environnement. À cela, s’ajoutent les tonnes de déchets post-consommation de différentes sortes. C’est pour mesurer ces effets nocifs que la Faculté des sciences et le Laboratoire matériaux et environnement (LME) de l’Université Ibn Zohr ont organisé, du 18 au 20 décembre, le quatrième Congrès international «Eaux, Déchets et Environnement». D’après le comité d’organisation, «cet événement est une occasion qui permet de rassembler des universitaires, des chercheurs, des spécialistes et des gestionnaires du domaine de la protection de l’environnement, de l'eau et des déchets afin de présenter leurs travaux de recherche et d’échanger leurs expériences. L’importance de cette rencontre et de ce sujet n’est pas à démontrer surtout que la pollution et la dégradation de l’environnement dans tous ses états (liquide, solide et air) ont atteint des dimensions de plus en plus inquiétantes.» Ce rendez-vous scientifique a réuni plusieurs experts marocains et étrangers.
Les échanges se sont articulés autour de six thématiques : les ressources naturelles, le milieu marin, les eaux usées, les déchets solides, l’air et le sol, ainsi que les aspects législatifs et règlementaires relatifs à l’eau et aux déchets.

Gaspillage et pollution menacent les ressourcesen eau

Intéressons-nous d’abord aux problématiques liées à l’eau, ce liquide précieux. Dans son exposé, Farid Zerrouq de l’École supérieure de technologie de l’Université Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès liste les menaces qui guettent les ressources hydriques du Royaume et propose des solutions pour y remédier. «Les ressources en eau du Maroc sont triplement menacées par les changements climatiques, le gaspillage et la pollution. Pour faire face à ces dangers et préserver l'équilibre hydrique fragile dans notre pays, il est nécessaire de prendre des mesures urgentes, notamment, en ce qui concerne l’application de la loi sur l’eau. Il est nécessaire de mettre à jour les données concernant les ressources en eau du Royaume, d'évaluer la consommation réelle et la consommation utile et de recenser les utilisateurs de l'eau en général et les grands consommateurs en particulier», suggère-t-il.

Quand on évoque l’eau, on pense forcément à la consommation, et qui dit consommation, fait référence aux boissons. Mais connait-on réellement la qualité de l’eau des boissons que nous buvons ? Pas sûr. Pour lever ce mystère, le Laboratoire régional de diagnostic épidémiologique et d’hygiène du milieu de la direction régionale du ministère de la Santé de la ville de Fès a réalisé, entre janvier et décembre 2012, une étude sur les composantes de l’eau de boisson, dans six arrondissements de la ville. Des techniciens de l’hygiène ont effectué des prélèvements sur un échantillon de 152 flacons. Les résultats de cette enquête ont été présentés lors de ce congrès. «Ces résultats préliminaires relatifs aux paramètres étudiés doivent rassurer les autorités locales et les habitants de la ville de Fès sur la bonne qualité chimique de l’eau de boisson dispensée. Cependant, il serait souhaitable et indispensable d’élargir la gamme des analyses réalisées au laboratoire par l’instauration d’autres paramètres chimiques afin de déceler toute sorte de pollution chimique des eaux notamment celles destinées à l’alimentation humaine et prévenir ainsi tout risque sanitaire grave», indiquent les responsables de l’étude.

Réduire la pollution marine

Les exposants n’ont pas également passé sous silence la pollution marine. Deux études de cas ont été présentées notamment pour l’estuaire de l’oued Bouregreg situé entre Rabat et Salé, et au niveau de l’oued Oum Er-Rbia de Khénifra et ses affluents, le plus grand fleuve du Maroc (550 km de long). «L’estuaire de Bouregreg soufre principalement d’une forte pollution physico-chimique, microbiologique et métallique. Selon les normes marocaines, les eaux de cet estuaire sont qualifiées de polluées et d'impropres à la baignade.
Devant cette pollution et l’absence d’apport d’eau douce à l’amont de l’estuaire, après la construction du barrage, la marée se trouve de plus en plus incapable à elle seule de rétablir l’équilibre de cet écosystème.
La contamination métallique a affecté le sédiment, l’eau et même les espèces benthiques», souligne une équipe de professeurs de l’École supérieure de technologie de l’Université Mohammed V-Agdal de Rabat. L’étude de la qualité des eaux de l’oued Oum Er-Rbia a démontré que «sur le plan bactériologique, les eaux de ces oueds sont en moyenne de bonne qualité, et sont aptes à l’irrigation sans restriction (…) sur le plan minéralogique, les eaux ne sont pas beaucoup chargées, puisque la conductivité se situe généralement, que ce soit en hiver ou en été, entre 500 et 1 900 μs/cm (unité de mesure de la conductivité).

Pour les autres paramètres, ils répondent globalement aux normes marocaines de la qualité de l’eau des rivières, dans les différents sites.» Selon l’équipe de recherche de l’Université Sultan Moulay Slimane de Béni-Mellal, l’objectif de cette étude était de situer les sites les plus vulnérables à la pollution, identifier et classer les sources et les types de polluants qui menacent l’oued, et dégager des solutions pour lutter contre ce phénomène. En 2006, cinq millions d’habitants vivaient aux abords de l’oued Oum Er-Rbia, soit 16,2% de l’ensemble de la population marocaine. «Le positionnement géographique ainsi que les caractéristiques pédologiques et hydroclimatiques du bassin le placent parmi les bassins les plus actifs économiquement (agriculture et industrie) au Maroc. Cependant, cela augmente la vulnérabilité de ses ressources en eaux à la pollution», constatent-ils. Par ailleurs, des chercheurs de l’Institut national de recherche halieutique de Casablanca ont dressé un tableau sombre des rejets d’eaux usées qui affectent le littoral de la région du Grand Casablanca. «L’analyse des eaux usées confirme la présence d’une charge polluante, notamment en éléments nutritifs, matière en suspension et métaux lourds.

L’étude des eaux marines littorales révèle des teneurs élevées en matières azotées et en orthophosphates au niveau de Sidi Bernoussi et la Station chérifienne d’engrais, ce qui montre l’influence des apports d’eaux
usées domestiques et industrielles», indique-t-on. 


Questions à Noureddine El Alem, coordonnateur du congrès

«Renforcer l’échange de savoir-faire entre les chercheurs marocains et étrangers»

Vous avez organisé, du 18 au 20 décembre à Agadir, la quatrième édition du Congrès international «Eaux, Déchets et Environnements». Quels ont été les objectifs de cet événement ?
Cette manifestation est organisée tous les deux ans depuis 2007. La première édition à Oujda, la deuxième à El Jadida en 2009, la troisième à Fès en 2011 et la quatrième a eu lieu il y a quelques jours à Agadir, elle a été organisée par la Faculté des sciences et le Laboratoire matériaux et environnement (LME). Ce congrès a été une opportunité pour les chercheurs et les différents opérateurs dans le domaine de la gestion des déchets solides et liquides et leurs impacts sur l’environnement pour faire le point sur les différents thèmes de recherche et pour renforcer l’échange de savoir-faire dans la matière de l’environnement entre les chercheurs marocains et étrangers. L’objectif était de réunir les scientifiques et les spécialistes du domaine autour des thématiques liées à la protection des ressources en eau et de l’environnement. C’était l’occasion également pour les chercheurs de discuter des derniers travaux et innovations dans le domaine du traitement des eaux usées, des déchets et la valorisation de la matière. Ce colloque a ouvert à nos étudiants-doctorants des horizons et des perspectives en mettant à jour les connaissances et avancées réalisées dans les différents domaines de l’environnement aussi bien au niveau de la recherche fondamentale qu’appliquée.

Lors de cette rencontre, des chercheurs ont présenté des exposés sur la santé du littoral à Sidi Ifni et la surveillance de l’impact des eaux usées, mais aussi les situations environnementales dans le Bouregreg à Salé et à Béni-Mellal. Ces zones présentent-elles des particularités ?
Ce ne sont que des exemples, on a des problèmes environnementaux partout au Maroc. Les participants de toutes les villes universitaires, allant de Oujda jusqu’à Agadir, en passant par Nador, Tétouan, Tanger, Taza, Khouribga, Marrakech, etc., ont présenté leurs travaux en touchant tous les thèmes, soit par des communications orales soit par l'affiche, notamment sur l’évaluation de la décharge contrôlée de la ville d’Al-Hoceima, la pollution de l’air dans la région d’Agadir, le transfert des métaux lourds du sol vers les plantes cultivées à proximité de la décharge publique de la ville de Marrakech, la contribution au traitement par infiltration-percolation des lixiviats de la décharge publique non contrôlée de la ville de Taza, ainsi que l’assainissement et la préservation des milieux naturels (exemples de la lagune de Nador et l’optimisation des étapes de clarification de la station de traitement de l’eau potable de Tamri, Agadir, etc.).

Si vous deviez énumérer les problèmes environnementaux majeurs que connait la ville d’Agadir, que diriez-vous ?
La ville d’Agadir a fait beaucoup de progrès dans le domaine de l’épuration des eaux usées du Grand Agadir puisque depuis 2005-2006. Ces dernières sont traitées par le procédé d’infiltration-percolation dans une grande station d’épuration à M’zar à Ait Melloul, ce qui a amélioré les conditions de vie des populations les plus défavorisées et a protégé l'environnement et les écosystèmes côtiers. Mais il reste une zone industrielle à Anza (Nord d’Agadir) où les effluents de cette agglomération sont directement rejetés, sans aucun traitement, en mer au niveau de la baie. Un autre problème, c’est celui de la décharge publique, la situation en matière d’hygiène et de salubrité publique au niveau de la ville d’Agadir est caractérisée par des insuffisances en matière de gestion des déchets ménagers, qui se répercutent de manière inexorable sur le cadre de vie. La connaissance de la composition des déchets ménagers est indispensable pour choisir, évaluer, améliorer leur mode de gestion et de traitement.

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