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Manifestations et grèves en Turquie

La catastrophe minière, qui a fait au moins 282 morts en Turquie, a réveillé la contestation contre le gouvernement turc avec une grève et des manifestations réprimées par la police. Les forces de sécurité sont sur le qui-vive, alors que l'accident intervient à quelques jours de l'anniversaire des premières manifestations de la place Taksim, à Istanbul, le 28 mai, qui s'étaient transformées en une contestation contre le régime.

Manifestations et grèves en Turquie
À Ankara, les manifestants ont été repoussés par des tirs de gaz lacrymogènes. Ph. AFP

La police antiémeutes a tiré jeudi des gaz lacrymogènes pour disperser une foule de 20.000 manifestants qui dénonçaient à Izmir (Ouest) la négligence du gouvernement dans la plus grave catastrophe industrielle qu'ait connue la Turquie, selon l'agence de presse «Dogan» relayée par l’AFP. Kani Beko, président d'un des principaux syndicats d'ouvriers du pays, DISK (Confédération des syndicats révolutionnaires de Turquie), a été hospitalisé après une violente charge policière. Toujours selon l’AFP, à Ankara la police a fait usage de grenades lacrymogènes et de canons à eau pour disperser 200 personnes rassemblées sur la place centrale de Kizilay. D'autres manifestations ont été organisées dans plusieurs autres villes. Quatre syndicats ont décrété pour jeudi une journée de grève à travers le pays en hommage aux mineurs tués dans le drame dans la mine de charbon de Soma, située à une centaine de kilomètres au nord-est d'Izmir.

Erdogan rejette toute responsabilité

On reproche à M. Erdogan d'avoir ignoré des avertissements répétés sur l'insécurité dans les mines de Turquie. Des accusations qu'il a balayées mercredi dernier lorsqu'il s'est personnellement déplacé à Soma et où il a été vivement chahuté par des dizaines d'habitants, en colère. «Des explosions comme celle-là dans des mines se produisent tout le temps», a répondu aux journalistes le Premier ministre, selon l’Agence française de presse. Selon les secours, les mineurs coincés seraient encore plusieurs dizaines dans les galeries du puits. Le Président Abdullah Gül est arrivé jeudi sur le site du drame et lui aussi a été la cible de protestations, néanmoins plus mesurées, selon les médias. En dépit des efforts des secouristes qui ont travaillé pendant la nuit, huit nouveaux cadavres ont été extirpés des galeries de la mine de charbon. Le bilan, qui risque de s’alourdir fait état de la mort de 282 mineurs. Les familles ont commencé jeudi matin à retirer les corps de leurs proches entreposés dans une morgue improvisée de Kirkagaç, une bourgade située à quelques kilomètres de Soma.

Cet accident est la pire catastrophe industrielle que le pays a connue, mais pas le seul. En 1992, quelque 263 personnes sont mortes dans une mine de Zonguldak (Nord), grand bassin minier. «En 73 ans, plus de 3.000 mineurs sont morts en Turquie», a rappelé à l'AFP Kemal Özkan, représentant de l'IndustriALL Global Union basé à Genève. Le pays a «probablement le pire record de tués dans des accidents miniers et explosions en Europe, et se place au troisième rang mondial», a-t-il ajouté. «Le bâtiment, les mines et l'agriculture sont les trois secteurs les plus mortels en Turquie», a déclaré l'universitaire Fahri Erenel, interrogé par une chaîne de télévision. «Les gouvernements doivent assurer la protection de leurs citoyens», souligne Kemal Özkan, s'appuyant sur la Convention 176 du Bureau international du travail, relative au secteur des mines et à la sécurité, qu'Ankara n'a pas ratifiée.

Avec agences

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