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Khmis Dadès, entre pollution des eaux et crues

Le Programme d’adaptation en Afrique (AAP) cofinancé par le gouvernement du Japon et le PNUD et réalisé en partenariat avec le ministère délégué chargé de l’Environnement a permis de constater que l’ensemble des oasis du Sud-Est souffre des mêmes maux : précipitations rares et orageuses, augmentation des températures, rabattement de la nappe phréatique… À Khmis Dadès est venu se greffer le risque de pollution de l’eau.

Khmis Dadès, entre pollution  des eaux et crues
Les eaux usées en provenance de la commune de Boumalne menacent la nappe et l'oued de Khmis Dadès.

Charafi El Haj Hocine, 86 ans dont 44 ans passés dans l’immigration, se souvient encore quand les arbustes de fleurs dépassaient les trois mètres de haut, aujourd’hui plusieurs de ces parcelles sont menacées de disparition. «Le changement climatique qui s’est traduit par la rareté de l’eau a transformé ces parcelles en terrain vague. Notre crainte est de voir les champs de fleurs encore en production s’affecter», avertit celui qui est également conseiller municipal dans la commune rurale de Khmis Dadès, province de Tinghir.

Ces fleurs, une fois distillées, donnent cette huile essentielle et cette eau ayant fait la renommée mondiale de la vallée de Dadès, verdoyante en dépit de la sévérité du climat. Avec l’amandier et le figuier, la fleur de Dadès est l’un des produits du terroir qui a permis la création de plusieurs coopératives féminines, dont celle gérée par Aït Haddou Drissia «Le Plan Maroc vert a financé notre coopérative, qui regroupe 21 adhérentes, à hauteur de 20.000 DH, alors que nous avions démarré à partir de rien. À présent nous souhaitons acquérir notre propre foncier pour la construction de nouvelles unités de distillations et de magasins de vente». Pour la production d’un litre d’huile essentielle, vendu à près de 11.000 DH, quatre tonnes de fleurs sont nécessaires à la distillation. Pour l’extension de cette culture, ce ne sont pas les terres arables qui font défaut, mais le risque de pollution de l’oued et de la nappe pèse comme une épée de Damoclès sur la tête des 26.000 habitants de Khmis Dadès.

Rive gauche, rive droite

Cette commune rurale est partagée par l’Oued Dadès en deux parties, les douars de la rive gauche et ceux de rive droite. Rien de plus normal, sauf quand les pluies orageuses font sortir l’oued de son lit et dont les eaux «peuvent atteindre trois mètres de haut», atteste Aït Haddou Jaafar, président de la commune selon lequel la route nationale N° 10, qui va jusqu’à Marrakech, peut rester coupée à la circulation des heures durant. «Cette situation rend impossible de porter secours aux sinistrés et l’évacuation des malades vers les hôpitaux. Nous avons fait des études pour la réalisation d’un pont et la construction de bassins collinaires pour la rétention des eaux… Nous attendons la réponse de la part des autorités concernées». Ce maire élu pour la première fois en 2009 déplore le fait que l’on ait créé des communes qui n’ont aucune ressource financière «sauf la collecte de la TVA. Et encore, seuls 10% sont destinés aux investissements».

Mais les crues ne sont pas le seul problème auquel est confrontée cette commune qui compte un médecin et deux infirmières pour 50.000 âmes (en comptant l’ensemble de la population de la vallée du Dadès à en croire le maire). Sa voisine, la commune de Boumalne a réalisé son propre système d’assainissement des eaux usées il y a de cela une année, mais il n’est pas encore fonctionnel. «Sans étude d’impact», précise Naïma Ahmed, coordinateur du réseau associatif qui en compte 26, «les eaux usées de cette commune se déverseront directement dans l’Oued Dadès et menaceront de pollution aussi bien la nappe phréatique que les puits. Or la loi interdit de déverser les eaux dans les cours d’eau». À quoi est due cette situation ? Le militant associatif l'impute au découpage administratif qui a créé des communes ayant des moyens, comme celle de Boumalne, croit-il savoir, et Khmiss Dadès qui n'en a pas pour réaliser son propre assainissement des eaux usées. 

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