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Développer le créneau des startups au Maroc

La création de jeunes entreprises, dites startups, TPE ou PME, représente aujourd’hui le créneau du futur pour les jeunes partout dans le monde, notamment au Maroc. Les politiques gouvernementales visant à encourager les jeunes à franchir le pas sont, bel et bien, présentes, mais les entrepreneurs en herbe trouvent souvent du mal à faire face aux nombreuses difficultés liées au lancement de leurs projets, que cela soit en termes de procédures ou de connaissances nécessaires pour les mener à bien.

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Auparavant, les services d’accompagnement se faisaient très rares, contrairement à aujourd’hui, où les services se multiplient, au niveau de l’État, à travers des structures comme le Centre régional d’investissement (CRI), le Centre marocain de l’innovation (CMI), l’ANAPEC, l’ANPME… Les banques, à travers des offres d’accompagnement, voire aussi les nombreuses ONG qui s’y attellent.
Ces divers acteurs participent activement au lancement de nouveaux projets, il faut souligner qu’il existe également des investisseurs en capital risque et des «Business Angels», ou investisseurs providentiels, qui, malgré leur rareté, peuvent apporter les fonds et l’accompagnement nécessaires au lancement des projets, à condition d’y voir un fort potentiel de développement et de retour sur investissement.
Cependant, le manque de conscience et de sensibilisation à la culture de l’entreprise et du risque, qui prime au niveau de notre société, contribue fortement au manque d’initiatives de la part des jeunes à se lancer dans le monde de l’entreprenariat.
Donc, les ONG se doivent de jouer un rôle de motivation et d’accompagnement au profit de ces jeunes.
Ainsi, l’initiative «StartupYourLife», qui compte aujourd’hui plus de 100 entrepreneurs en tête de startups notoires comme Hmizate, Looly’s ou encore Greendizer, a pour mission de bâtir une communauté de startups et d’entrepreneurs qui veulent propulser la «startup scène» au Maroc.


Le point avec Kenza Lahlou,

Co-fondatrice de l’initiative «StartupYourLife».

Le Matin Emploi : Comment avez-vous eu l’idée de lancer votre association ?

Kenza Lahlou : Je travaillais à San Francisco, aux États-Unis, lorsque j’ai eu l’idée de lancer «StartupYourLife» il y a un peu plus d’un an. En étant au centre de l’innovation et de l’entrepreneuriat, je me suis rendue compte que, dans le monde entier, de nombreux pays, qu’ils soient développés ou émergents, avaient compris l’enjeu que représente l’entrepreneuriat et l’innovation au niveau économique et social et qu’ils mettaient tout en œuvre pour booster leur écosystème de startups. Je me suis donc naturellement posé la question du côté du Maroc et ce qui s’y passe dans ce domaine. J’étais persuadée qu’il existait des entrepreneurs innovants qui croient en leurs rêves et qui sont convaincus qu’ils ont le pouvoir de changer le monde. J’ai alors contacté un des seuls «startupers» que je connaissais au Maroc en me disant qu’il faut faire quelque chose et c’est à mon retour quelques mois plus tard que l’on a lancée l’initiative avec un petit groupe de personnes.

Comment évaluez-vous l’environnement de l’auto-emploi au Maroc ?
Tout d’abord, il convient de définir le mot auto-entrepreneur. Un auto-entrepreneur est une personne qui se met à son compte pour monter son projet. Mais il y a une grosse différence entre les entrepreneurs à fort potentiel de croissance et les entrepreneurs qui n’ont pas pour vocation de faire grossir leurs projets, mais cherchent seulement une rentrée d’argent. «StartupYourLife» se focalise uniquement sur la première catégorie, celle des entrepreneurs qui ont de grandes ambitions. Parmi eux, les entrepreneurs qui ont un projet innovant, peu capitalistique et avec une croissance potentielle forte sont ceux que l’on considère comme «startupers». Un statut d’auto-entrepreneur va bientôt être mis en place pour faciliter la création d’entreprise, une chose très positive. Malheureusement au Maroc, il y a beaucoup plus d’auto-entrepreneurs et de TPE que de startups à proprement dit avec la capacité à avoir un impact et créer de la valeur. C’est un état d’esprit, une culture qui est complètement différente.

Que proposez-vous aux jeunes entrepreneurs au sein de votre processus d’accompagnement ?
SYL identifie et rassemble les entrepreneurs innovants ou «startupers» marocains ou qui ont un lien avec le Maroc, dans un esprit de partage et d’entraide. Les membres de la communauté, appelés SYLers, contribuent tous par leur travail et leur implication collective à la naissance d’une startup scène au Maroc.
• Connecter les entrepreneurs : nous permettons aux entrepreneurs de se rencontrer et surtout d’apprendre et de partager leurs expériences, et ce, à travers des Open Coffee et des workshops qui traitent d’un sujet en particulier.
• Connecter les entrepreneurs à l’écosystème : nous facilitons également la rencontre entre ces entrepreneurs et des mentors, des investisseurs, des experts, des acteurs de l’entrepreneuriat en organisant deux grands événements annuels, le prochain aura lieu début mars.
• Donner de la visibilité : nous donnons de la visibilité aux entrepreneurs et à la scène startup marocaine au niveau local et international grâce à nos partenaires (CEED, Wamda) et aux médias.
Au-delà des événements SYL, les membres de la communauté sont encouragés à prendre des initiatives et mener des actions qui contribuent à améliorer l’écosystème. Nous espérons ainsi contribuer à la création de success-stories au Maroc qui prouveront que c’est possible et qui inspireront les générations futures.

Pensez-vous que les différents acteurs soient sur la bonne voie pour promouvoir la création d’entreprises ?
En 2013, pas mal d’acteurs qui encouragent l’entrepreneuriat sont apparus, des ONG marocaines et étrangères au Maroc, ainsi que la création d’événements autour de l’entrepreneuriat. Ceci est très encourageant, mais il y a encore beaucoup de travail à faire. Le financement des projets innovants tel qu’il existe aujourd’hui au Maroc, qu’il soit public ou privé, est inadéquat pour de telles structures et ne favorise en rien le succès de ces projets.
Dans un premier temps, il faudrait que les capital-risqueurs individuels ou «business angels» soient le moteur du financement des startups pour apporter leur expertise et conseils au-delà de l’aspect pécuniaire, et que l’industrie du capital-risque suive par la suite. Aussi, je pense que le gouvernement devrait davantage jouer son rôle de facilitateur et mettre en place les réglementations et incitations fiscales qui favoriseraient la survie des startups et encouragerait la prise de risque des investisseurs.

Qu’est-ce qui manque, selon vous, pour encourager les jeunes à adopter l’esprit d’entrepreneurs ?
Au Maroc, il manque des success-stories. Des entrepreneurs marocains qui lancent leur startup et réussissent au niveau international.
C’est ce genre d’actions qui pourrait à mon sens inspirer d’autres entrepreneurs et leur montrer que c’est possible.
Ces entrepreneurs qui ont réussi seraient alors les mentors de ceux qui se lancent et aideraient ces jeunes entrepreneurs à mieux réussir à leur tour et ainsi de suite. Ceci donnerait naissance à la fameuse «culture startup» pour que l’entrepreneuriat soit enseigné à l’école et à l’université comme voie envisageable pour les futurs diplômés.
Bien sûr, un cadre réglementaire favorable et une mobilisation du secteur privé pour le mentoring et le financement des startups sont indispensables.

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