Menu
Search
Mardi 23 Avril 2024
S'abonner
close
Mardi 23 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Salon international de l'agriculture de Meknès

«Il faut revoir à la hausse la prime à l’investissement»

Pour le président de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (Fiviar), la filière séduit les investisseurs privés. Seul bémol, selon lui, la prime à l’investissement qui est actuellement fixée à 10% et les difficultés d’application de l’agrégation.

«Il faut revoir à la hausse la prime  à l’investissement»
Selon Hammou Ouhelli, la mise en place des abattoirs privés reste conditionnée par l’évolution de la filière.bPH. DR

Le Matin éco : La Fiviar a signé un deuxième contrat programme avec l’État pour le développement de la filière à l’horizon 2020. Vos principales recommandations ont-elles été intégrées dans ce cadre contractuel ?
Hammou Ouhelli : Le succès qu’a connu le premier contrat programme (CP) 2009-2014 en amont de la filière n’a pas été accompagné par un développement adéquat de l’aval de la filière, notamment la valorisation et la commercialisation de la production. Pour remédier à cette situation, le nouveau contrat programme vise le renforcement du développement de l’aval de la filière à l’horizon 2020 à travers la valorisation et la commercialisation des animaux vifs et des viandes. À cet effet, l’aménagement et l’organisation des marchés à bestiaux ainsi que la mise à niveau et la modernisation des abattoirs sont parmi nos principales recommandations. Cependant, la mise en place des abattoirs privés reste conditionnée par l’évolution de la filière avec un accompagnement social (embauche par l’abattoir moderne, formation professionnelle). En plus clair, il faut que l’État ferme les tueries et abattoirs municipaux non agréés dans le rayon d’action de l’abattoir privé.

Les mesures du contrat programme ont-elles été harmonisées avec les objectifs du Plan Maroc vert ?
Absolument. Le PMV est la feuille de route de développement du secteur de l’amont à l’aval à travers l’amélioration de l’offre qualité prix de viande pour les consommateurs et la modernisation des circuits de commercialisation. Les grands axes de développement de la filière viandes rouges inscrits dans le nouveau CP découlent de la stratégie du PMV, à savoir le développement de l’amont et l’aval de la filière et l’amélioration des conditions cadres de la filière.

Quel état des lieux dressez-vous du secteur des viandes rouges au Maroc aujourd’hui ?
Le secteur des viandes rouges est un secteur en pleine croissance. Nous avons enregistré une production en viandes rouges de 490.000 tonnes, soit un dépassement de 9% des objectifs tracés en 2014 (450.000 tonnes). Quant à la consommation, elle est également en hausse, passant de 11,7 kg/habitant/an en 2009 à 14,2 en 2013. Il faut savoir aussi que la filière génère actuellement un chiffre d’affaires de 25 milliards de dirhams. Le secteur séduit les investisseurs privés. Actuellement, 7 projets intégrés et d’agrégation ont été identifiés pour un investissement global de 655 millions de dirhams dont un est déjà opérationnel, à savoir Bio Beef à Meknès. Par ailleurs, il y a un second projet d’abattoir à Béni Mellal dont les travaux d’aménagement sont réalisés à 95%. Pour les 5 autres projets, ils sont à différentes étapes d’avancement. Je dois noter que la mise en place de ces projets s’est heurtée à des difficultés liées essentiellement à la modestie de la prime à l’investissement qu’il va falloir réviser à la hausse (10% de l’investissement) et des difficultés d’application de l’agrégation. Je dois préciser par ailleurs que les efforts déployés par l’État pour la mise à niveau des abattoirs communaux à concéder au privé ont concerné l’agrément d’un abattoir intercommunal à Al Hoceima, le lancement de la construction d’un abattoir à Missour et l’équipement d’un abattoir à Laâyoune. En parallèle, d’autres mesures d’accompagnement ont été entreprises, par l’État à savoir la publication du décret n° 2-12-612 relatif au contrôle de la salubrité des viandes foraines et à la libre circulation des viandes provenant des abattoirs agréés. Il a également réglementé la libre circulation des viandes entre régions et la dynamisation du fonctionnement des marchés des viandes rouges. Sans oublier bien sûr la validation de deux cahiers de prescriptions spéciales, l’un sur les conditions sanitaires et hygiéniques des abattoirs de viandes rouges et l’autre sur leur gestion déléguée.

Quelles sont aujourd’hui les priorités de la Fiviar pour développer le secteur ?
Afin d’assurer la continuité du développement de la filière autour de l’amont et l’aval, notre fédération mettra l’accent sur notamment sur l’amélioration de la productivité du cheptel à travers la poursuite des programmes d’amélioration génétique pour la production des reproducteurs ovins et caprins de haute valeur génétique et les veaux de croisement industriel ainsi que la mise en œuvre du système national d’identification et de traçabilité du cheptel. À cela, il faut ajouter la promotion des investissements dans le secteur pour le développement des unités modernes d’élevage bovin, ovin et caprin. Sans oublier le développement de la commercialisation et la valorisation des animaux vifs et des viandes par l’aménagement des marchés à bestiaux, l’équipement des souks temporaires pour l’Aïd Al-Adha, la création de projets intégrés et d’agrégation d’unités de distribution modernes, de transformation et de valorisation. Nous travaillerons également sur l’amélioration des conditions-cadres de la filière via la mise à niveau de l’interprofession, la réalisation des actions de sensibilisation et de promotion, la formation des professionnels et l’élaboration des programmes de recherche et de développement.

Quelles sont les actions prévues par la Fiviar pour lutter contre l’informel et garantir l’hygiène et la qualité des produits ?
En plus des mesures entreprises par l’État pour le redressement de cette situation, la Fiviar interviendra pour la mise à niveau des ressources humaines à travers l’organisation des sessions de formation des professionnels dans les métiers des viandes au centre technique interprofessionnel, Zoopole de Aïn Jemaâ et l’organisation des visites aux foires et salons internationaux en rapport avec le secteur. Nous prévoyons également l’élaboration des guides de bonnes pratiques pour différents maillons de la filière avec en parallèle le lancement des campagnes médiatiques pour la promotion de la qualité des viandes rouges et l’organisation du Salon international des viandes rouges, MaroCarne, pour montrer les nouvelles technologies et innovations nationales et internationales dans l’industrie des viandes et d’abattage. D’autres opérations seront également initiées dont l’incitation à l’organisation professionnelle et le lancement d’études de recherches et développement sur des thèmes en relation avec le développement du secteur.

Lisez nos e-Papers