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«Le paysage culturel marocain témoigne, depuis plusieurs années, d’un véritable renouveau»

Du 15 octobre prochain au 25 janvier 2015, le patrimoine marocain sera à l’honneur à l’Institut du monde arabe à Paris à l’occasion d’une exposition-évènement pluridisciplinaire. Arts plastiques, architecture, design, bande dessinée, cinéma, musique, danse, théâtre, littérature, métiers d'arts, art de vivre... les mille et une facettes de la culture marocaine y seront mises en lumière. Jack Lang, le président de l’Institut du monde arabe nous explique les tenants et les aboutissants de cet évènement grandiose et nous parle aussi de la mouvance culturelle, intellectuelle et artistique du Maroc depuis l’accession de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Trône.

«Le paysage culturel marocain témoigne, depuis plusieurs années, d’un véritable renouveau»
L'Institut du monde arabe (IMA).

Le Matin : À la fin du mois de juillet dernier, le Maroc a célébré quinze ans de règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. En tant qu’observateur international, que symbolise cette célébration pour vous ?
Jack Lang : Sa Majesté le Roi Mohammed VI s’est toujours attaché à défendre les valeurs d’ouverture, de modération, de tolérance et de dialogue.
Depuis quinze ans et à son initiative, le Maroc s’est métamorphosé tout en restant fidèle à ses traditions. Le Roi a donné un nouveau souffle à son pays. Tant de réformes ont été mises en œuvre qu’il est vraiment difficile de les citer toutes… Si je ne devais en mentionner qu’une seule, je retiendrais la mise en place de l’Instance Équité et Réconciliation, dont le travail remarquable a constitué un moment fondateur d’une nouvelle donne démocratique. En mars 2011, le Roi a également pris l’initiative d’une réforme constitutionnelle clairvoyante et courageuse.

Vous dites que le règne de S.M. le Roi MohammedVI est placé sous le signe de la modernité et de l’humanisme, tout en s’inscrivant dans les traditions millénaires de la culture marocaine. Quelle est votre appréciation de cette orientation ?
Avec l’accession au Trône de Mohammed VI, une nouvelle ère s’est ouverte, l’aspiration populaire à la liberté et à la justice sociale a été mieux entendue. La réforme du Code de la famille, qui s’accompagne de nombreuses avancées pour le statut des femmes, s’inscrit pleinement dans cette volonté d’engager le Royaume sur le chemin de la modernité même si des progrès doivent encore être accomplis. L’accélération des réformes qui a eu lieu avec l’adoption de la nouvelle Constitution, en 2011, a été la suite logique et naturelle du processus engagé depuis le début du règne de Sa Majesté Mohammed VI.
Ces changements, même encore incomplets, ont valeur d’exemple pour d’autres pays.
Pour ce qui est de l’humanisme, j’ai été frappé et profondément touché par le préambule de la Constitution, qui fait référence aux composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie de l’identité nationale marocaine, et à ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen. Il s’agit là d’un message de tolérance exceptionnel que nous entendons trop rarement de nos jours, que ce soit dans le monde arabe ou en Europe. Il montre que le Maroc est un pays ouvert et fier de son identité plurielle.

Quelle évolution avez-vous pu constater au Maroc, depuis l’intronisation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dans les différents domaines de l’art et de la culture ?
Le paysage culturel marocain témoigne depuis plusieurs années d’un véritable renouveau qui touche et concerne tous les différents secteurs de l’art et les diverses facettes de la culture marocaine. Ce sont ce foisonnement et cette efflorescence de la scène culturelle marocaine que j’ai à cœur de mettre en exergue, à l’automne prochain lors de la grande manifestation pluridisciplinaire qui sera organisée à l’Institut du monde arabe.

Comment avez-vous préparé cette importante manifestation ?
J’ai chargé du commissariat de cette très importante manifestation un homme qui est une figure majeure de l’art contemporain, Jean-Hubert Martin. Celui-ci a successivement été directeur de la Kunsthalle de Berne, du Musée national d’art moderne au Centre Pompidou, du château d’Oiron, du Musée national des arts d’Afrique et d’Océanie, du Museum Kunst Palast à Düsseldorf. Il a également assuré le commissariat de très prestigieuses expositions, parmi lesquelles «Les Magiciens de la terre» au Centre Pompidou (1989), «Une image peut en cacher une autre» au Grand Palais (2009) ou encore «Salvador Dali» au Centre Pompidou (2013), pour n’en citer que quelques-unes. Deux intellectuels marocains l’épaulent dans cette tâche ardue. Il s’agit du philosophe Moulim El Aroussi, universitaire, commissaire d’expositions et romancier, et Mohamed Métalsi, historien d’art et urbaniste de formation, qui est aussi l’un de mes plus proches collaborateurs à l’Institut du monde arabe où il dirige le département des Actions culturelles. Ce serait à eux, plus qu’à moi-même, qu’il faudrait demander comment ils s’y sont pris pour établir le programme de la manifestation. Ce que je peux vous dire, néanmoins, c’est que celle-ci sera le fruit d’un travail de très longue haleine. Depuis dix-huit mois que ce projet a été lancé, les commissaires ont accompli, sur le terrain, au Maroc, un très grand nombre de missions de sorte à connaître, identifier, apprécier tous les artistes du pays, dans tous les domaines possibles de la création.

Quelles sont les raisons qui ont motivé le choix de mettre le Maroc également à l’honneur de la saison 2014-2015 de musique et de danse à l’Institut du monde arabe ?
Comme je vous l’ai dit à l’instant, cette manifestation est, dans notre esprit, pluridisciplinaire. C’est-à-dire que tous les aspects, sans exception, de la culture et de l’art marocains doivent s’y retrouver et consonner les uns avec les autres.
Dès lors – et, surtout, pour qui connaît un tant soit peu le Maroc –, comment faire l’impasse sur la musique et la danse qui constituent certaines des plus riches et des plus denses parmi les disciplines artistiques du Maroc ?... Aux côtés des arts plastiques et visuels contemporains, la musique et la danse vont constituer l’un des volets les plus solides et les plus diversifiés de notre programmation marocaine. Du début du mois d’octobre 2014 jusqu’à la fin du mois de mars 2015, l’Institut du monde arabe organisera concert après concert, spectacle après spectacle pour permettre au public de prendre la mesure de la générosité et de la multiplicité très grandes qui sont celles de la scène culturelle marocaine, aujourd’hui. Au-delà de la musique et de la danse, l’IMA mettra également en place une programmation consacrée au cinéma. L’Institut prendra aussi en compte l’intense débat intellectuel que connaît le Maroc depuis plusieurs années dans tous les domaines de la pensée. Ainsi organiserons-nous, d’octobre 2014 à mars 2015, un grand nombre de débats et de rencontres qui vont constituer une belle opportunité pour présenter l’état de la réflexion, de la recherche et de l’échange générés par une culture plurielle et en mouvement.

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